Révélations

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Le soleil commençait à décliner, plongeant le club des Hell’s Sons dans une lumière dorée. Delilah était assise à l'extérieur, sur une vieille chaise en bois, observant le ciel sans vraiment le voir. Ses pensées étaient lourdes, encombrées par les événements récents, les visages des hommes qu’elle avait détruits, et ceux qu’il lui restait à abattre.

Elle entendit des pas derrière elle. Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que c’était El Diablo. Depuis son arrivée au club, ils n'avaient pas eu de moments réellement intimes, juste des échanges liés à ses plans de vengeance. Mais ce soir, quelque chose semblait différent. L’atmosphère était lourde, presque oppressante.

Il s’assit à côté d’elle en silence, son regard perdu dans la même direction. Pendant de longues minutes, aucun des deux ne parla, le crépitement lointain d’un barbecue se mêlant aux rires des autres membres du club.

« C’était l'endroit préféré de ta mère, ici, » commença El Diablo doucement, brisant le silence. « Elle adorait cet endroit au coucher du soleil. Elle disait toujours que c’était le seul moment où elle se sentait vraiment libre. »

Delilah, surprise par l’évocation de sa mère, tourna lentement la tête vers son père. Il parlait rarement d’elle, comme si chaque mot sur elle le brûlait de l’intérieur. Elle savait que l’histoire de sa mère était un sujet douloureux, mais elle n’avait jamais osé poser trop de questions. Jusqu'à maintenant.

« Elle te manque, hein ? » demanda-t-elle doucement, sa voix à peine un murmure.

El Diablo hocha la tête, le visage durci par les années et la douleur. « Chaque jour. » Il laissa échapper un soupir lourd. « Ce que je vais te dire, Delilah… ou plutôt Michaela… va tout changer. »

Delilah fronça les sourcils. **Michaela**. Ce nom réveillait quelque chose en elle, un écho lointain, comme une mélodie oubliée.

« Michaela, » répéta-t-elle, plus pour elle-même que pour lui. « Pourquoi tu m’appelles comme ça ? »

El Diablo resta silencieux un instant avant de reprendre, les mots lourds de révélations et de secrets enfouis depuis des années. « Parce que c’est ton vrai nom. Michaela Wang. Tu es née sous ce nom, avant que tout change, avant que John Morningstar… »

Le nom de **John Morningstar** fit l’effet d’un coup de poing à Delilah. « John ? Mon oncle ? » demanda-t-elle, incrédule. « Il… il m’a sauvé. Il m’a dit que tu avais tué ma mère. Il m’a appris que tu étais le monstre qui nous avait détruites, elle et moi ! »

El Diablo secoua la tête, un mélange de tristesse et de colère dans ses yeux. « Non, Delilah. Il t’a manipulée. Il t’a volé ta vérité. John n’est pas ton oncle. C’est un homme qui m’a trahi, qui a trahi ta mère. Il a utilisé la mort de ta mère pour te retourner contre moi. »

Delilah sentit le sol se dérober sous ses pieds. « Qu’est-ce que tu racontes ? » murmura-t-elle, sa voix tremblante. « Tu mens… »

El Diablo la fixa de ses yeux durs, mais pleins de chagrin. « Il t’a prise à l’orphelinat, après l’incendie. L’orphelinat où tu vivais en tant que Michaela. Il t’a fait croire que tu étais quelqu’un d’autre, que tu étais Delilah Pratt, une orpheline sans famille, une fille sans passé. Il t’a menti pour te manipuler, pour t'utiliser dans sa vendetta contre moi. »

Les souvenirs refoulés de **l’orphelinat** affluèrent dans l’esprit de Delilah. Des images floues de couloirs brûlés, de voix effrayées, de fumée. Elle se revoyait courir, effrayée, seule. Elle se souvenait aussi de la silhouette de John, celui qui l'avait sauvée... ou du moins, c'était ce qu'il lui avait fait croire.

« Pourquoi... pourquoi il aurait fait ça ? » balbutia-t-elle. « Pourquoi me mentir sur toi ? Sur ma mère ? »

El Diablo serra les poings, comme pour contenir la rage qu'il portait depuis des années. « John Morningstar et moi étions frères de sang, dans ce club. Mais il a toujours été jaloux. De ma place. De ma relation avec ta mère. Il l'aimait, lui aussi, mais elle n'a jamais partagé ses sentiments. Elle t’a eue avec moi. Quand il a compris qu'il ne pourrait jamais l'avoir, il a tout détruit. Il a utilisé l'incendie de l’orphelinat pour te voler, pour t’éloigner de moi. Il a pris mon monde. »

Delilah secoua la tête, incapable de croire ce qu’elle entendait. « Mais… il m’a toujours dit qu’il m’avait protégée… qu’il m’avait sauvée de toi, de tout ce que tu représentes. »

« Il t’a lavé le cerveau, » répondit El Diablo d’une voix rauque. « Il t’a formée pour être son arme. Il savait que tu viendrais à moi un jour, cherchant des réponses. Mais il voulait que tu me détruises de l’intérieur. »

Les larmes commencèrent à couler silencieusement sur le visage de Delilah. Tout ce qu’elle avait cru, tout ce qu’elle avait pensé être vrai, s’effondrait. John, celui qu’elle avait cru être son sauveur, n’était qu’un traître. El Diablo, son père, celui qu’elle avait appris à haïr, était en réalité la victime d’un homme bien plus maléfique.

« Ma mère… » murmura-t-elle, le cœur brisé. « Qu’est-ce qui lui est vraiment arrivé ? »

El Diablo ferma les yeux, pris dans le tourment de souvenirs douloureux. « Elle était enceinte de toi, presque à terme, quand John l'a kidnappée. Il l'a tuée pour m'atteindre, pour me briser. Mais je n’ai jamais su ce qu’il avait fait de toi, jusqu’à ce que tu reviennes à moi sous le nom de Delilah. Il m’a fait croire que tu étais morte avec elle. » Il marqua une pause, ses yeux se perdant dans le vide. « C’est lui qui a organisé cet enfer. L’orphelinat, ta fausse vie. Il t’a menti pour te faire croire que tu étais seule, que tu devais te venger. »

Delilah porta une main à sa bouche, tremblante de choc et d'émotion. « John… il a tué ma mère… et m’a menti toute ma vie ? » Sa voix était faible, presque inaudible.

El Diablo hocha la tête, les yeux emplis de larmes qu’il ne laissait jamais couler. « Oui, ma fille. Il t’a volé ta vie. Mais maintenant que tu sais la vérité… tu peux décider de ce que tu veux faire. »

Delilah se leva brusquement, la colère déferlant en elle comme un torrent incontrôlable. « Il m’a manipulée ! Il m’a utilisée ! Toute ma vie est un mensonge ! »

El Diablo se leva aussi, prenant sa fille dans ses bras. Pour la première fois depuis qu’elle était revenue dans sa vie, il la serra contre lui, laissant l’émotion le submerger. « Je suis désolé, Michaela. Si j'avais su, je t'aurais retrouvée. Je t'aurais protégée. Mais maintenant, tu n’es plus seule. Je suis là. Je t’aime. Et on va finir ce qu’il a commencé, ensemble. »

Delilah enfouit son visage dans l’épaule de son père, les larmes coulant sans fin. Tout ce qu’elle avait cru, tout ce pour quoi elle s’était battue, avait été basé sur des mensonges. Mais dans les bras de son père, elle sentait enfin une vérité qu’elle n’avait jamais connue : l’amour véritable d’une famille.

El DiabloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant