Chapitre 5 : Le Mur qui S'effondre

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Chapitre 5 : Le Mur qui S'effondre

Le matin s'était levé doucement sur le campus, comme une vague tranquille. La lumière dorée filtrait à travers les volets du dortoir, dessinant des rayures pâles sur les murs blancs et nues de ta petite chambre. L'air était frais, chargé de l'odeur des feuilles tombées, et un silence régnait dans les couloirs encore endormis du bâtiment. À l'extérieur, le campus, d’ordinaire agité, était calme, presque paisible. Quelques oiseaux chantaient au loin, brisant l’immobilité de cette nouvelle journée.

Tu ouvris les yeux lentement, la tête encore lourde de sommeil, et te retournas sur ton lit, étirant ton bras pour atteindre ton téléphone. Ton premier réflexe fut de jeter un coup d'œil à l'heure : 7h45. C'était plus tôt que d’habitude, mais quelque chose dans l'air frais du matin t'incitait à te lever sans tarder. La chambre était toujours baignée dans une lumière douce, presque réconfortante. Les draps que tu avais négligemment rejetés à moitié pendant la nuit s'enroulaient autour de toi comme un cocon, te protégeant du froid automnal qui s'infiltrait sous la porte.

Ton regard se tourna alors instinctivement vers l’autre lit, celui de Yeonjun. Il dormait encore, recroquevillé sous sa couverture, seul son bras dépassant, jeté négligemment hors du lit. Ses cheveux noirs étaient éparpillés sur l’oreiller, et son visage, partiellement caché sous les draps, semblait étrangement paisible. Cette tranquillité qui se dégageait de lui contrastait fortement avec la froideur qu’il affichait chaque jour.

Tu l'observas un instant, le souffle encore suspendu. Il y avait toujours eu quelque chose d’intimidant chez Yeonjun, quelque chose d’inaccessible. Depuis votre première rencontre, il s’était enfermé derrière une barrière de silence et d’indifférence, presque comme une forteresse. Il était réservé, mystérieux, et même après plusieurs mois de cohabitation dans ce petit espace partagé, il demeurait un mystère que tu n'avais pas encore résolu. Et pourtant, ces derniers jours, tu avais l’impression que quelque chose changeait. Il s’était montré plus vulnérable, plus ouvert. Hier soir encore, un lien s’était tissé entre vous. Lentement, certes, mais sûrement. Ce n'était pas rien.

Tu repensais à la nuit précédente, où il avait laissé échapper quelques morceaux de vérité, des fragments de sa vie qu’il ne confiait habituellement à personne. Cette scène revenait en boucle dans ton esprit : lui, assis au bord de son lit, les épaules légèrement affaissées, son regard perdu quelque part entre le sol et toi. Il avait parlé avec cette voix basse, presque hésitante, comme s’il ne savait pas s’il devait te laisser entrer ou non.

Tu te redressas doucement, essayant de ne pas faire de bruit. Il était encore trop tôt pour le réveiller. Yeonjun avait toujours ce rituel matinal bien à lui. Il se levait tôt, bien avant toi, parfois même avant que le soleil ne soit complètement levé. Il passait rapidement sous la douche, se changeait sans un mot, et disparaissait avant que tu n’aies le temps de prononcer un "bonjour". Mais aujourd'hui, tu étais la première à ouvrir les yeux.

Tu attrapas une tenue propre dans ton armoire et te glissas hors de la pièce, prenant soin de fermer la porte du dortoir aussi doucement que possible. Les couloirs étaient déserts. Seuls les échos de tes pas résonnaient légèrement sur le sol carrelé. En passant près de la salle commune, tu aperçus quelques étudiants déjà installés sur les canapés, leurs visages encore marqués par la fatigue de la nuit précédente. Mais tu n'avais pas le cœur à t'attarder.

Dans la salle de bain commune, l’eau chaude de la douche effaça les dernières traces de fatigue. Sous le jet d’eau brûlante, tes pensées revenaient inévitablement à Yeonjun. Il était devenu une sorte d’énigme pour toi, un puzzle que tu essayais de comprendre pièce par pièce. Ses silences, ses regards en coin, tout ce qu’il ne disait pas résonnait presque plus fort que ses rares paroles. Hier soir, dans ce moment de vulnérabilité, tu avais vu une autre facette de lui, plus fragile, plus humaine. Mais tu te demandais encore combien de temps il garderait cette façade.

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