Chapitre 10 (1/2)

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Flamme se sentait couler. Le trou de lumière était de plus en plus loin, et elle allait bientôt manquer d'air. Ses vêtements étaient lourds et trempés, ce qui la faisait couler encore plus vite. Soudain, la lumière fut bloquée par un obstacle. Flamme se rendit compte que quelqu'un avait plongé pour aller la chercher. Elle sentit qu'on agrippait sa chemise, et se laissa faire.

Tout doucement, son sauveur la remonta, puis la tira en dehors du lac artificiel. Pour ne pas se faire punir, Flamme fit mine d'être évanouie. D'un coup, la personne lui appuya sur la cage thoracique, ce qui lui fit vomir de l'eau. La jeune Demi-Chatte rousse se força à garder les yeux fermés.

« Elle est vivante ? » s'enquit une voix angoissée. C'était Feuille.

« Oui, elle va vite se remettre. J'ai juste peur qu'elle attrape un coup de froid. Nous allons l'amener au dispensaire. » Flamme se crispa lorsqu'elle entendit la seconde voix.

C'était sa sœur, Neige Staïko. Cette dernière souleva l'apprentie Guerrière et l'installa sur son dos. Elle commença à marcher. Flamme, bercée par le mouvement régulier des pas de sa sœur, s'endormit.

***

Lorsqu'elle se réveilla, quelques heures après, Neige était toujours là. Elle la fixait avec une mine furieuse. « Je peux savoir ce que tu essayais de faire ? demanda-t-elle, essayant apparemment de garder son calme.

— Eh bien, euh... Je voulais prendre un raccourci en marchant sur la glace, hésita Flamme.

— Je t'emmène directement chez le directeur, déclara sa sœur en lui prenant le bras. Il faut éradiquer le mal à sa source.

— Comment ça, éradiquer le mal à sa source ? s'indigna la fugitive en essayant de s'échapper de l'emprise de Neige.

— Je veux t'empêcher de recommencer, dit tout simplement la Guerrière. Allez, viens ! »

« Bonjour, Monsieur le Proviseur, salua Neige. Désolée de vous déranger, mais je vous amène une élève de Première Année fort indisciplinée. »

Le proviseur était un homme gras. Il portait un costume bleu avec une chemise blanche, décoré par plusieurs insignes, et ses cheveux gris étaient tirés vers l'arrière. Ses yeux marrons étaient soulignés par des petites lunettes rondes, qui glissaient souvent sur son nez.

Il les remonta d'ailleurs en demandant à Neige :

« Nom et Prénom de l'élève ? dit-il en consultant ses dossiers.

— Staïko Flamme, Monsieur, répondit la Guerrière.

— Ah oui, je vois... C'est une nouvelle élève, non ? C'est donc son premier jour, aujourd'hui. Si elle a commis une faute digne de m'en informer, c'est que nous avons affaire à une petite rusée, en déduit le directeur, avec un sourire qui sonnait faux.

— Monsieur, laissez-moi me permettre d'ajouter un mot, intervint Flamme. Je souhaitais juste prendre un raccourci, rien de bien méchant !

— Mademoiselle Staïko, fit l'homme, en continuant de sourire faussement. Qui vous a permis de l'ouvrir ?

— Excusez-moi, Monsieur, je ne vous couperai plus la parole », assura la Demi-Chatte rousse en fixant ses pieds. Elle était impressionnée par l'aura intimidante de ce vieux tas de gras.

« Alors, voyons voir... réfléchit le proviseur. Liste des fautes : désobéissance aux règles, dégradation de la glace naturelle, dégradation de son uniforme, non-respect envers ses supérieurs, utilisation des soins du dispensaire pour une faute... Pour une première journée, c'est fort, Mademoiselle Staïko. Voilà qui vous vaudra une heure de retenue, que vous accomplirez lundi quatorze janvier, dans une semaine. Vous pouvez disposer. Ah, Mademoiselle Neige, restez dans mon bureau. Je dois vous parler. Quant à vous Flamme, je vous conseille d'attendre sagement votre sœur dans le couloir, afin qu'elle vous accompagne à votre chambre dans les plus brefs délais. »

Flamme sortit, dépitée. Ce n'était pas du tout ce qu'elle imaginait ! Dans ses prévisions, tout le monde était amusé par sa blague, comme à Félinarios. Mais là, c'était l'inverse ; elle s'était fait prendre, elle avait une punition, elle avait subi des remontrances. Même Neige n'était pas aussi sévère, avant ! D'habitude, elle la sermonnait juste un peu, et Flamme s'en fichait, ça ne faisait rien. Aujourd'hui, elle l'avait dénoncée à la plus haute instance de l'Académie. Flamme se sentit minable.

Furieuse, elle marcha d'un pas rapide dans le couloir. Elle voulait retrouver sa chambre et aller prendre le dîner avec Feuille et Neko. Soudain, elle percuta quelqu'un. La personne se retira vite-fait de son chemin. En la regardant plus attentivement, elle s'aperçut que c'était Ouragan.

« Salut ! Que fais-tu là ? »

Le jeune Demi-Chat blanc et gris parut tout gêné.

« Eh bien... bafouilla-t-il. Je te cherchais, et une Demi-Chatte tigrée m'a dit que tu te trouvais près des bureaux de l'administration. »

Pourquoi me cherchait-il ? se demanda Flamme. « D'ailleurs, Ouragan, fit-elle. Tu ne saurais pas où se trouvent les chambres ? J'ai peur de me perdre. »

Il parut enchanté qu'elle lui fasse cette requête. « Bien sûr ! s'exclama-t-il. Regarde, c'est par là. »

Il partit d'un pas rapide, si rapide que Flamme peina à le suivre. Les couloirs s'enchaînaient, sans fin, jusqu'à ce qu'ils arrivent dans une galerie décorée en bleu ciel.

« Ma chambre est là, indiqua Ouragan. Je te laisse. À plus tard ?

— À plus », répondit Flamme d'un air distrait.

La Demi-Chatte continua dans le couloir jusqu'à trouver la chambre 11. Elle poussa la porte d'un geste brusque. Elle avait été distante avec Ouragan car elle était dépitée, mais maintenant elle s'en voulait de l'avoir envoyé balader. Que voulait-il lui dire, au départ ?

« Qu'est ce qu'il y a ? s'inquiéta Feuille en voyant le visage triste de Flamme, qui entra rapidement dans la chambre. »

La jeune Demi-Chatte se remit à sourire malicieusement.

« Rien, répondit Flamme. J'ai juste fait le meilleur coup de rentrée au monde, hé hé !

— Ah bon ? Alors pourquoi t'avais l'air prête à pleurer ? la questionna Neko.

— Je simulais, déclara la fautive. Si j'avais l'air contente de moi, ma sœur m'aurait fait récurer ses chaussures jusqu'à la fin des temps ! Du coup, j'ai pris un air triste, du genre "Aaaah je suis nulle, j'ai pas réfléchi" ! »

Les deux autres apprenties se mirent à rire. Sous son air espiègle, Flamme était retournée. Elle faisait toujours tout pour amuser la galerie, mais là, ce n'était plus un jeu. Elle avait son avenir entre les mains.

« Et si on allait à la salle de bains ? proposa Neko. Avant que celle-ci ne ferme.

— Avec plaisir ! » s'exclama Flamme, qui voulait se changer les idées. 

Légendes d'Osko - Le Cycle des JumeauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant