Légendes d'Osko - Le Cycle des Jumeaux

Chapitre 13 (2/2)

— Que que... Qui êtes-vous ? Et qu'avez-vous fait ? Vous avez manipulé mon ami !

— Oh non, je ne l'ai pas manipulé, disons simplement... Influencé. »

C'était une voix fantomatique, inhumaine, qui résonnait dans l'esprit d'Orage. Le jeune Demi-Chat avait l'impression qu'elle jubilait, et c'était franchement inquiétant. Mais il voulait en savoir le plus possible, alors il continua la conversation.

« Vous dites... Que vous l'avez influencé ?

— Oui. J'ai fait circulé dans la pièce une Magie qui pousse les nerfs à bout. Ainsi, il a pu enfin exploser et dire la vérité.

— Et pourquoi vous me révélez tout votre plan comme ça ? Ce n'est pas un peu stupide, de la part d'une voix maléfique, de manigancer quelque chose pour que je me retrouve seul, puis vous entrez en contact avec moi pour juste m'avouer que vous avez conspiré ? »

Orage eut l'impression que la voix riait, car elle émit un gargouillement échoïque avant de se reprendre.

« C'est toi, qui est stupide. Tu ne te demandes pas un instant comment j'ai fait pour rentrer dans ton esprit ? Sérieusement, c'est la première chose que j'aurais fait si une "voix maléfique", comme tu dis, m'avait contacté. »

Le Demi-Chat gris fut soudain pris d'un élan de panique, et tenta de fermer son esprit. Ce fut sans effet, car la voix répéta un de ses gargouillements et reprit la parole.

« Ce n'est pas comme ça qu'on se débarrasse de Myrkur Galdra, petit. Tant pis pour toi, maintenant que tu m'as dans ton crâne, tu vas devoir me supporter jusqu'à trouver le moyen de m'éjecter. Et crois-moi, il n'est pas aussi simple que tu le penses.

— Ah ouais ? Et vous ne pourriez pas me le dire, un peu ? Comme votre plan, vous savez. Enfin... vous avez esquivé ma question sur votre stupidité, alors je ne vois pas pourquoi vous répondriez à celle-là. » Myrkur Galdra parut hésiter. Il finit par répondre.

« Je peux te donner un indice, c'est de réfléchir à ce qui s'est passé dans ta vie récemment. Si tu trouves comment te débarrasser de moi, juste avant de le faire, pense à ce que je pourrais t'apporter. » Sa présence parut alors s'effacer dans l'esprit d'Orage, et il cessa de parler, laissant le jeune Mage perplexe.

« Je n'y comprends rien, laissa-t-il échapper à haute voix. Un esprit bizarre manipule mes amis, il me dit comment il a fait, puis au lieu d'essayer de me manipuler il me donne un indice pour me débarrasser de lui. Et avant de partir, il me fait miroiter quelque chose, sauf que je ne sais pas qui il est ! Donc pourquoi j'accepterai une quelconque offre ? Tout ce que je sais, c'est qu'il s'appelle Myrkur Galdra. Hum... C'est quoi cette situation, sérieusement ? »

Au même moment, Edo fut de retour dans le restaurant, accompagné de Shimo. Ce dernier marmonna des excuses, penaud. « Désolé, Orage, je ne sais pas ce qui m'a pris. L'atmosphère était pesante, électrique, et j'ai pété un plomb, pour être vulgaire. On va... écoute, on va se contenter de suivre les cours normalement, hein ? Je suis désolé d'avoir eu une idée aussi délirante, je ne sais pas ce qui m'a pris !

— Ne t'inquiète pas, je te pardonne, le rassura Orage. Bon, et si on allait visiter quelques boutiques supplémentaires avant la fin de la journée ?

— Oui ! » s'exclama Edo, enjoué.

Alors qu'ils traversaient une grande avenue, ils passèrent devant un magasin de plumes pour écrire. Shimo étant passionné par la calligraphie, il s'y engouffra en un éclair. Orage poussa un soupir avant de prendre Edo à part à l'entrée du magasin.

« Dis moi, Edo, as-tu déjà entendu parler d'une entité s'appelant Myrkur Galdra ? » le questionna-t-il.

Son camarade fronça les sourcils. « Pas ce mot là, mais je connais les intonations de cette langue. C'est de la langue ancienne, tu sais, celle qui n'est plus parlée que par les Animinis.

— De la langue ancienne, répéta Orage, pensif. D'accord, merci pour ta réponse ! » Il ne laissa pas le temps à Edo de lui demander la raison de son questionnement et se rua dans le magasin à la suite de Shimo.

Il s'aperçut rapidement que le magasin n'était pas du tout fait pour lui. Il comportait de nombreuses plumes exotiques, roses, vertes, rayées ou encore possédant des capacités magiques comme écrire en gras ou en italique. Orage préférant largement les plumes d'oie blanches et classiques, il quitta le commerce et entreprit d'exercer sa Magie de Manipulation avec des petites pierres dehors.

Il en prenait une, la chargeait de Magie, puis lui faisait décrire des loopings au-dessus des passants amusés. Voyant que son entraînement attirait du public, il commença à accomplir de la Magie plus artistique, en dessinant des cercles de flammes dans les airs, par exemple. Un petit garçon d'environ huit ans lui donna un tract qu'il venait de trouver et dont il n'en comprenait pas un mot. Orage le prit, le plia en forme de grue et lui fit décrire des cercles autour du gamin, dont les yeux s'illuminèrent. Dès lors, de nombreux enfants se pressèrent autour de lui, une feuille de papier à la main.

Alors qu'il faisait voler un énième origami, le sablier qu'il avait acheté le matin même se mit subitement à vibrer. Orage tâcha de l'ignorer, se disant que c'était une réaction normale de la part d'un objet magique confronté à un fort taux d'énergie ambiant.

Mais le bourdonnement s'intensifia de plus en plus, alors il sortit l'ustensile. Dès qu'il le toucha, il se retrouva inondé d'énergie très puissante, tellement qu'il en trembla. Le Demi-Chat voulut essayer cette force étrange, qui ressemblait énormement à de la Magie mais qui n'en était pas. Il sentit alors qu'il pouvait accomplir des choses beaucoup plus impressionnantes que juste faire voler un origami.

Il prit un petit caillou, et le chargea de cette énergie. La pierre se mit à vibrer tout comme le sablier le faisait auparavant, et s'illumina d'une vive couleur violette. Orage prit un peu d'élan, et la balança droit vers les nuages. Elle explosa en plein vol, projetant une gerbe d'étincelles couleur améthyste. Cela provoqua des cris émerveillés parmi les passants.

Aussitôt après, le Demi-Chat gris ressentit une vive douleur à l'estomac, qui lui vrilla toute la poitrine. Titubant, il tenta de rejoindre le magasin où Shimo et Edo se trouvaient encore, mais n'y parvint pas et s'effondra sur le pavé, inconscient.