☢︎ chapitre 5

5 3 0
                                    

— • ☢︎ • —

Les rayons du soleil de l'après-midi étaient encore doux, au mois de mai. Une délicate chaleur se diffusait sous la peau de Minho, agréable et vivifiante, mais pas autant que le brasier qui s'éveillait dans tout son corps lorsqu'il se retrouvait seul avec Chan. Depuis un mois, le ponton de bois sur l'étang était devenu leur point de rendez-vous. La zone était déserte et abandonnée, jamais personne ne viendrait les déranger là. Ils étaient même à l'abri de tout regard, entourés de hautes herbes, une barrière naturelle avec le reste du monde.

Cette fois encore, Minho était arrivé le premier. Il patientait sans s'inquiéter, le visage tourné vers le soleil et les yeux fermés. Une légère brise le caressait avec tendresse depuis qu'il s'était assis sur le ponton, comme pour lui rappeler le toucher de Chan, pour le faire languir et rendre leurs retrouvailles plus riches encore en émotions. Jamais il n'avait cru que Chan accepterait ces rendez-vous de plus en plus fréquents ; ils étaient amis depuis toujours, certes, mais jamais il n'avait pensé que Chan le considérait comme son ami le plus proche, jamais il n'avait pensé qu'il lui portait autant d'affection. Ses propres sentiments lui avaient mis des œillères, lesquelles disparaissaient peu à peu, au fil du temps qu'ils passaient ensemble au-dessus de l'eau calme de l'étang.

Des bruits de pas brisèrent enfin le calme des lieux, et Minho reconnut dans l'instant la démarche de Chan. Ce dernier apparut bientôt au bout du ponton, parmi les hautes herbes. Ils échangèrent un simple sourire avant qu'il ne le rejoigne, s'asseyant les jambes dans le vide. Le niveau de l'eau était assez bas, depuis quelque temps, pour que ses chaussures effleurent à peine la surface. Timidement, Minho effleura le dos de sa main du bout des doigts. Chan demeura impassible, mais ses doigts se nouèrent à ceux de Minho. Le cœur en folie, ce dernier se concentra sur les berges de l'étang, avide de dissimuler ses joues qu'il devinait déjà bien trop rouges pour ce simple contact. Avec Chan, un rien le rendait fou.

— Ta semaine s'est bien passée ? demanda Chan de sa voix calme.

Minho s'éclaircit la gorge le plus discrètement possible avant de simplement hocher la tête ; Chan semblait toujours impassible, en parfaite maîtrise de ses émotions, à tel point que Minho doutait parfois qu'il ressente quoi que ce soit. Mais les années lui avaient appris à déchiffrer son ami, à lire dans ses yeux, à comprendre ses micro-expressions. Là, la commissure de ses lèvres était légèrement soulevée ; il n'y avait pas de doute, il était heureux de le retrouver, de lui tenir la main.

— J'ai passé mon temps à aider ma mère à son cabinet, j'ai failli rater quelques cours d'ailleurs, raconta Minho. Heureusement que je peux me connecter n'importe où.

— Comment va le renard que je lui ai apporté ?

— Il se remet doucement, elle espère pouvoir le ramener dans la forêt d'ici une semaine, sourit Minho. Tu l'as trouvé à temps.

Chan lui rendit un léger sourire avant de reporter son attention sur l'eau miroitante. La mère de Minho, vétérinaire dans leur village, passait bien plus de temps à soigner des animaux sauvages que des animaux domestiques ou les bêtes des fermiers du coin, et surtout ces derniers temps. Combien de fois Chan lui avait apporté des animaux qu'il avait trouvé blessés pendant ses rondes en forêt ?

Ils n'étaient pas sans savoir que certaines régions du pays souffraient d'inondations, de sécheresse et d'incendies sans précédents depuis quelques semaines, et ces événements trouvaient un écho autour de chez eux, dans les blessures des animaux sauvages ou dans la sécheresse qui s'installait progressivement. Les gardes-forestiers veillaient au grain, avides d'éviter le moindre incendie et d'étouffer la moindre étincelle.

Sous les cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant