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Un pas devant Minho, lui tenant fermement la main, Felix courait aussi vite qu'il le pouvait. Les bruits derrière eux s'approchaient dangereusement, ni l'un ni l'autre n'osait jeter le moindre coup d'œil en arrière. Leur course les approchait d'une forêt plus dense, dans laquelle leurs compagnons s'étaient déjà enfoncés et où ils pouvaient espérer semer leurs poursuivants. S'ils ne se prenaient pas les pieds dans des racines en premier...
Plusieurs fois, ils entendirent leurs poursuivants se crier des mots qui leur demeuraient inintelligibles. Le vent leur fouettait le visage, le sang battait à leurs tempes et dans leurs oreilles, leurs souffles saccadés étouffaient tout autre son... Ils étaient pourtant certains qu'ils parlaient coréen, et qu'ils se pressaient les uns les autres de leur mettre la main dessus.
Les pas se firent soudain moins nombreux, et Felix risqua un regard par-dessus son épaule. Deux femmes et un homme s'étaient arrêtés, chacun brandissant un lasso à boules. Il n'avait vu cette arme de jet que dans les films, et son sang ne fit qu'un tour ; il leur était crucial de rejoindre la forêt, là où la densité de la végétation les protègerait.
Mais c'était compter sans la rapidité de leurs poursuivants.
Un premier lasso s'enroula autour de ses cuisses ; en un éclair, Felix s'échoua par terre. Minho le suivit rapidement. Il roula dans l'herbe sèche, et Felix rampa aussitôt vers lui dans l'espoir de le défaire de ses liens, enroulés juste au-dessus de ses genoux. C'était peine perdue ; les membres de la secte les toisaient déjà de leur ombre.
Tous deux se débattirent autant que possible ; Felix parvint à faire un croche-pied à l'une des femmes et il lui donna un coup dans les genoux alors qu'elle titubait. Qu'elle chute dans un buisson ne déstabilisa pas le moins du monde ses compagnons, lesquels empoignèrent avec force Felix et Minho pour les immobiliser. Impuissants, ils ne purent lutter contre les deux individus qui s'approchaient d'eux, un tissu humide dans les mains qu'ils leur plaquèrent sur le nez et la bouche. En quelques secondes à peine, leurs forces les quittèrent et ils s'endormirent.
*
Minho fut le premier à ouvrir les yeux, un mal de tête lancinant l'empêchant de se redresser tandis que de longs sifflements brouillaient son ouïe. Il baignait dans le noir complet, ou peut-être que sa vue aussi lui faisait défaut. Tâtonnant autour de lui, il sentit le tissu de vêtements puis la chaleur d'un corps inerte. Avec un peu de chance, Felix était juste là, à ses côtés.
Une lumière jaunâtre s'alluma soudain, éclairant le mur de béton à sa gauche et le corps à sa droite, lequel se soulevait sous une respiration régulière. Minho força sur ses bras, ignorant la douleur lui vrillant le crâne, pour se redresser en position assise. La première chose qu'il prit le temps d'inspecter fut la personne à ses côtés : il reconnut les cheveux blonds de Felix, son visage aux traits androgynes et moucheté de taches de rousseur. Ils n'étaient pas séparés. Un lourd soupir de soulagement lui échappa à ce constat.
— Réveillé ? retentit une voix.
Minho releva trop vite la tête ; papillonnant des yeux, il vacilla et se raccrocha au bras de Felix. Il fallut quelques secondes pour que les murs arrêtent de tanguer, autour de lui, et son regard finit par tomber sur une femme, vêtue d'un long manteau noir, qui se tenait debout à quelques pas de lui, les mains croisées dans le dos. Des barreaux les séparaient.
— On est en prison ? marmonna Minho d'une voix éraillée.
— En cellule de transition, rectifia-t-elle.
Minho plissa les yeux et la dévisagea de la tête aux pieds ; ses cheveux bruns parsemés de gris étaient ramenés en une queue de cheval basse, bien que deux mèches encadrent son visage aux traits creusés, plus par la fatigue que par l'âge. Elle devait avoir une petite quarantaine d'années, pas plus.
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Sous les cendres
FanficLe monde a été victime de catastrophes à la chaîne, aussi bien naturelles que nucléaires. Les radiations ont entraîné des mutations chez les êtres humains, rares sont ceux à survivre sans être contaminés. Chan a pris la responsabilité de mener un gr...