☢︎ chapitre 2

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Alerté par les bruits alentour, Chan ne tarda pas à ouvrir un œil. Dans le faisceau d'une lampe-torche encore en état de marche qu'ils conservaient pours les situations d'urgence, il distingua les silhouettes de Changbin et Minho s'activant autour d'une masse étalée sur le sol. À en croire les ombres, ce devait être un humain. Chan se leva d'un bond, parfaitement réveillé et alerte, et s'approcha de ses camarades.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'une voix rauque.

Changbin manqua de sursauter tandis que Minho lui adressa un simple regard, comme si cette situation était la plus normale qui soit.

— Je cherche des signes de contamination, ce pauvre type s'est effondré en nous suppliant de l'aider.

La lampe que Changbin tenait était braquée sur le corps de l'inconscient ; des cheveux ternes et roux, des joues creuses, la peau sur les os. Minho s'accroupissait d'un côté puis de l'autre, écartant vêtements, bras et jambes à l'aide d'un long bâton. Il finit par le retourner sur le dos, inspecta son visage blême dans le faisceau de la lampe-torche et échangea un nouveau regard avec Chan.

— Il a l'air jeune, encore plus que nous, souffla Changbin.

— Et il n'y a rien de visible sur son corps, mais je vais pas le mettre à poil non plus, ajouta Minho. Faudrait pas qu'il nous contamine.

— On ne peut pas le laisser comme ça, répondit simplement Chan. Changbin, rallume le feu. Minho, aide-moi à le transporter.

Alors que Changbin obéissait, mettant la lampe dans les mains de Minho, ce dernier se tourna vers Chan, l'air abasourdi.

— Je viens de dire qu'il faudrait pas qu'il nous contamine et tu veux le toucher ? Tu m'as pas écouté ou quoi ?

— S'il est contaminé, les radiations peuvent déjà nous atteindre. Dans tous les cas, on ne sait pas comment ça se propage en dehors de l'eau et de la bouffe contaminées, alors, oui, je suis prêt à prendre le risque, comme ça a été le cas avec chaque membre du groupe. Il est sûrement aussi seul et dans le besoin qu'on l'était. Tu ne veux pas l'aider, OK, mais ne m'empêche pas de le faire.

— C'est pas ce que je dis, Chan. S'il est comme nous, bien sûr que je veux l'aider. Je veux juste pas qu'on prenne des risques inconsidérés.

— En survivant simplement on prend des risques inconsidérés.

Minho leva les bras, désemparé, avant de céder. Il glissa la lampe-torche entre ses dents et attrapa les jambes de l'inconscient tandis que Chan passait les bras sous ses aisselles. Ensemble, ils le transportèrent près du feu que Changbin était parvenu à rallumer. Au vu des braises, il ne tiendrait pas longtemps.

— Réveille Jisung et Felix, demanda Chan, qu'ils aillent chercher un peu de bois sec. Quand il se réveillera, il faudrait préparer de quoi le nourrir, s'il te plaît. Donne-lui ma prochaine ration s'il le faut.

Minho masqua à peine une grimace ; ça confirmait tout ce qu'il avait raconté à Changbin quelques minutes plus tôt.

Alors que Changbin obéissait de nouveau, sans poser la moindre question, Chan récupéra sa couverture pour l'étendre sur le corps du jeune homme. Il posa la main sur sa gorge, analysa son pouls et glissa un doigt sous son nez pour sentir son souffle. Les deux étaient faibles, mais rien ne laissait présager qu'il pouvait être en danger de mort.

Jisung et Felix, la lampe-torche à la main, s'enfoncèrent sans poser la moindre question ni prononcer le moindre mot dans les bois alentour. Vigilant, Changbin les garda un moment à l'œil ; avec le feu crépitant toujours, même faiblement, et leur lampe, ils ne devraient pas avoir de mal à retrouver leur chemin s'ils l'écoutaient et ne s'éloignaient pas trop. Il rejoignit alors Chan et Minho, assis autour du jeune homme inconscient.

Sous les cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant