CHRONIQUES DE LA LIVING POTION : Révolte des mondes.

Chapitre 8

                                              Un enfant têtu, mais qui deviendra sage.

Point de vue de Jordan

— Je déteste les animaux, je les trouve répugnants, et j'en ai assez de répondre à vos questions idiotes, dis-je, furieux, en posant mes pieds, encore couverts de boue, sur le petit canapé en cuir où je suis assis. Cette situation m'exaspère. Mes parents ont tout essayé pour résoudre ce qu'ils appellent "mon problème". Selon eux, je suis un enfant gâté qui a besoin de rééducation. Mais sont-ils obligés de me faire subir ces thérapies avec des psychologues ? Une chose est certaine : je ne les laisserai pas tranquilles.

À dix ans, je l'admets, j'en fais peut-être un peu trop, mais c'est simplement pour me faire entendre, pour qu'on me comprenne, ce qui, jusqu'à présent, n'est jamais arrivé. Mes parents préfèrent leur travail à leur propre fils. C'est ce que j'ai fini par comprendre.

Aujourd'hui encore, je subis une nouvelle séance avec ma psychologue. Elle est fichue, c'est moi qui vous le dis. Elle me demande ce qui me passionne le plus, et je lui réponds que c'est la guerre. Son regard s'emplit de surprise, tandis que je ris à gorge déployée.

— Ha haha !

La dame, assise en face de moi, frissonne et affiche une mine pathétique. Elle me regarde, désemparée, ne sachant plus quoi dire ou faire. Ah, comme j'aime cela ! J'aime quand les gens ont peur de moi. Elle s'approche de moi, les yeux embués de larmes, et pose une question que je trouve stupide. Comment ne devine-t-elle pas mon avenir ? Moi, qui rêve d'être un grand délinquant, à l'instar de Billy the Kid !

— Mon chou, calme-toi, me dit-elle en me tapotant la cuisse. Puis elle poursuit :

— Au fond, tu es un bon garçon, et tes parents t'aiment. D'accord ?

Je la regarde attentivement tandis qu'elle se rassied et prend un objet dont le nom m'échappe, malgré qu'elle me l'ait répété des milliers de fois. Tout ce que je sais, c'est que c'est un truc de psycho, blanc et pointu. Elle me regarde à nouveau et me demande :

— Que rêves-tu de devenir à l'avenir, mon petit Jordan ?

Je m'installe bien sur ma chaise, croisant les bras, et réponds avec une fierté non dissimulée :

— Eh bien, je rêve de devenir le plus grand psychopathe du monde. Je serai célèbre parce que j'assassinerai tout le monde. Vous serez ma première victime pour cette torture que vous m'infligez. N'ayez crainte, je vais juste vous étrangler avec un fil barbelé. Quant à mes parents, je réfléchis encore. Ensuite, je brûlerai les établissements, les ministères, je cambriolerai, puis je partirai à l'autre bout du monde pour séduire plusieurs filles. Oui, ce sera cool, non ?

Après ma réponse, je la vois se lever précipitamment, son sac à l'épaule. Elle me regarde, tremblante, avant de parler :

— Jordan, dis à tes parents que je démissionne. Je n'en peux plus, mon Dieu.

Sa réaction est triste, mais je m'en moque. Je n'aime pas les histoires qui se terminent bien. Un peu d'angoisse et de souffrance ajoutent toujours du piquant à mes journées.

— Ouais, c'est ça, rentrez chez vous, dis-je en souriant, en agitant mes deux mains.

Je la regarde descendre les marches et discuter brièvement avec le gardien avant de s'en aller.

— Avec plaisir, et surtout, ne revenez jamais, ajoutai-je calmement en la voyant quitter notre propriété. Une autre mission accomplie ! Dixième psychologue mise en déroute.

Je me lève de ma chaise et monte dans ma chambre à l'étage. Une fois à l'intérieur, je m'allonge sur mon lit, les écouteurs aux oreilles, écoutant le magnifique morceau de James Brown.