CHRONIQUES DE LA LIVING POTION : Révolte des mondes.

Chapitre 1

Techno Monde, 27 juillet 3092 dans le futur.

Sept ans plus tôt...

Point de vue de John

— Vous n'avez pas le choix, John. Soit vous vous sacrifiez, soit vous nous livrez l'un de vos enfants, déclare sévèrement le Directeur général, ses yeux virant au rouge. Je peux lire toute la haine qu'il éprouve pour l'humain que je suis.

En ce mardi matin de l'année 3092, l'ARM (Association pour la Recherche Miraculeuse) cherche à créer une potion capable d'asseoir le pouvoir de la race cyborg sur Techno Monde. Mais moi, John, leur meilleur espion, suis désormais suspecté et accusé de trahison. Toute la troupe a décidé de se débarrasser de moi. D'abord parce que je suis un humain, et ensuite parce que j'ai eu accès à la plupart de leurs données. Bien que je sois l'un des cerveaux du groupe, voire le meilleur, je risque d'être éliminé. Cela ne me fait ni chaud ni froid, car je m'y attendais depuis longtemps. Les différences entre nos races sont trop grandes pour permettre un accord durable, c'est certain.

Mais pour moi, le véritable problème ne réside pas seulement dans cette différence ou ma trahison. Il se trouve aussi dans un contrat signé par mes ancêtres, qui a asservi ma lignée à cette société secrète pour les cent prochaines années. Je me sens doublement trahi et espère briser ce pacte, scellé par mes aïeux. J'ai décidé de jouer un double jeu pour anéantir les plans de cette société secrète en partageant la plupart de leurs données avec des confidents introuvables. Depuis ce matin, ils me torturent pour que je les dénonce. La douleur est atroce, mais je ne me laisserai pas intimider. Je ne parlerai que s'ils libèrent ma famille de leur joug, comme tout père digne de ce nom l'aurait fait.

Je serre les poings et les dents en entendant le son strident de la machine de torture se remettre en marche. Quand l'un d'eux appuie sur le bouton, j'essaie de me libérer de la chaîne qui me retient, en vain. Une décharge électrique parcourt mon corps, me faisant hurler de douleur. Je suis soumis à une vibration brutale, tandis que l'odeur du sang me monte à la gorge. Incapable de me défendre, je suis lié, mes gadgets confisqués. Je penche la tête en arrière, et un liquide visqueux rouge s'écoule de mes narines. En une seconde, je repense à toutes les missions que j'ai accomplies pour cette horrible société : du sang versé, des âmes incarcérées... et tout cela à cause de moi. Une larme coule de mes yeux, et je regrette un peu. Je pense à ma femme, à mes enfants, à ma vie. J'aimerais revenir en arrière, mais c'est impossible. Je n'ai pas le choix. S'il me faut me sacrifier maintenant pour la race humaine et pour les autres, je le ferai. Ma seule consolation est que ce plan de potion malsaine n'aboutira pas. Du moins, je l'espère, car si une telle chose se produisait en ces temps sombres, cela signifierait la destruction du monde, c'est certain. Lorsque la décharge s'arrête, j'ouvre la bouche pour respirer. Je reviens à moi, épuisé, mais je refuse de céder. Ma respiration est haletante lorsque je parviens enfin à lui répondre. C'est la même question depuis ce matin.

— Je refuse. Il est hors de question que mes enfants portent mon fardeau. Cela n'a jamais été stipulé dans notre contrat !

— Oui, mais cela a changé. Notre société est désormais à but expérimental, et nous avons besoin de votre corps pour nos recherches.

— Pardon ?!

— Monsieur John, vous avez été l'un de nos partenaires les plus fidèles. Notre collaboration ne devrait pas se terminer ainsi... Relâchez-le ! ordonne-t-il.

Je suis surpris par ce revirement. Sans doute une tentative de me mettre en confiance, mais cela ne fonctionnera pas. Je connais bien cette stratégie, et on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Les subordonnés qui me retiennent enlèvent le casque de ma tête sous les ordres du DG et me libèrent les bras et les pieds. Je tente de me lever, mais mes jambes fléchissent, et je tombe à genoux. Pourtant, cela ne m'empêche pas de m'exprimer.