Le vendredi matin commence sous un ciel clair et bien que le soleil du printemps soit agréable, une boule de stress grandit dans mon ventre à mesure que la journée avance. Ce n'est pas un vendredi ordinaire. Je sais qu'après le déjeuner, j'aurai deux heures de cours avec Monsieur Valmont, qui est maintenant devenu notre professeur principal. Et après tout ce qui s'est passé cette semaine, je ne peux m'empêcher d'appréhender cet après-midi.
Je me tiens devant mon armoire, réfléchissant à quoi porter. Ce sentiment d'incertitude et d'anxiété plane sur moi. Il fait doux aujourd'hui, les températures sont confortables pour un jour de printemps, alors j'opte pour une tenue décontractée. Un legging en cuir noir et une chemise évasée noire me semblent être un choix simple mais efficace. Le noir contraste parfaitement avec mon humeur intérieure, comme si je pouvais masquer mes pensées sous cette tenue sombre. J'enfile mes baskets, lisse rapidement mes cheveux et je me regarde dans le miroir. Je suis prête, physiquement du moins. Mentalement, c'est une tout autre histoire.
Le reste de la matinée se passe sans encombre. Les cours habituels, les bavardages dans les couloirs, tout est comme n'importe quel autre jour. Mais au fond de moi, je sens que quelque chose cloche. Chaque fois que j'essaie de me concentrer sur ce que dit un professeur, mes pensées s'égarent vers l'après-midi, vers ces deux heures à venir.
Après le déjeuner, le moment que je redoutais arrive. Je traîne un peu plus que d'habitude avant de me rendre en salle de classe. Plusieurs options tournent dans ma tête : est-ce que je devrais juste ne pas y aller ? Trouver une excuse pour manquer le cours ? Mais quelque chose en moi me pousse malgré tout à y aller.
J'arrive dans la salle quelques minutes avant le début du cours. La pièce est déjà à moitié remplie d'étudiants bavardant et sortant leurs affaires. Je m'installe à ma place habituelle, au fond, espérant que l'anonymat de la dernière rangée m'apporte un semblant de réconfort. Mon cœur bat plus fort à chaque seconde qui passe, et je sens mes paumes devenir moites.
Puis, à 13h30 pile, Monsieur Valmont entre dans la salle, vêtu de son habituelle chemise impeccablement repassée et de son air serein. Rien dans son attitude ne laisse penser qu'il se souvient de ce qu'il s'est passé à la bibliothèque, comme si tout était parfaitement normal. Il balaie la classe du regard puis s'installe derrière son bureau. Je me raidis instantanément en sentant son regard passer brièvement sur moi mais il ne s'attarde pas. C'est presque frustrant, cette indifférence apparente, comme s'il jouait un jeu auquel je n'avais pas les règles.
Les premières minutes du cours se déroulent dans une ambiance étrange pour moi, mais tout semble parfaitement banal pour les autres. Il parle d'un ton posé, nous exposant les sujets de travail pour les prochaines semaines, distribuant des documents, corrigeant quelques devoirs. Je prends des notes machinalement en essayant de me concentrer sur ses paroles, mais je n'arrive pas à me défaire de la tension sous-jacente qui règne dans la salle...ou peut-être juste dans mon esprit.
À plusieurs reprises, je sens son regard se poser sur moi, mais jamais assez longtemps pour que cela semble déplacé. Chaque fois, mon estomac se serre un peu plus. Mon esprit ne cesse de rejouer les événements de la semaine, la sensation de sa main sur ma cuisse, ses paroles murmurées si près de moi. Comment peut-il agir comme si rien de tout cela n'avait jamais eu lieu ?
Les deux heures semblent s'étirer à l'infini. Je guette chaque minute, espérant que le temps s'accélère, mais paradoxalement, chaque seconde semble ralentir. À la fin du cours, Monsieur Valmont annonce les devoirs à rendre pour la semaine suivante et clôture la séance avec un sourire détaché.
- « Passez tous un bon week-end » dit-il en refermant son dossier. Il semble si calme, si maître de lui-même, que je me demande un instant si tout cela n'est pas dans ma tête. Peut-être que je me fais des idées.
Je range mes affaires rapidement, déterminée à sortir de la salle le plus vite possible. Mais au moment où je me lève, je sens son regard sur moi une dernière fois. Je relève les yeux, et pour un bref instant, nos regards se croisent. Il y a une lueur imperceptible dans ses yeux, une tension qui ne dure qu'une fraction de seconde, mais qui suffit à faire remonter toute la confusion et l'inquiétude que j'avais tenté d'enterrer.
Monsieur Valmont me fait signe de la main, m'invitant à m'approcher de lui. Hésitante, je prends une profonde inspiration et m'exécute, le cœur battant. J'ai besoin de savoir ce qu'il voulait. En arrivant devant lui, je sens mes mains moites trahir ma nervosité. Je tente de formuler mes pensées, mais les mots me manquent et je bégaie, incapable de prononcer une phrase cohérente. Juste au moment où j'allais ouvrir la bouche, il prend la parole avec un air sérieux.
- « Nina, tu sais bien que ce qu'il s'est passé ne doit plus jamais se reproduire. Tu en es consciente, n'est-ce pas ? Je suis ton professeur et tu es mon élève. Nous devons faire preuve de prudence à l'avenir. Agissons comme si de rien n'était. »
Ses mots résonnent dans ma tête, lourds de sens et de conséquences. Loin de me rassurer, ils ne font qu'amplifier mon malaise. Je sens une chaleur monter à mes joues, la honte me submerge. Honteuse et stressée, je hoche simplement la tête, un geste qui me semble à la fois lâche et nécessaire. Je comprends ce qu'il veut dire, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une étrange frustration. Je tourne les talons, m'efforçant de garder mon calme mais avant même de pouvoir avancer, la porte s'ouvre brusquement.
Mlle Bennet entre dans la salle, l'air enjoué avec un sourire aux lèvres.
- « Oups, je vous dérange peut-être ? Je repasserai » lance-t-elle d'un ton léger, comme si elle venait juste de croiser deux amis.
Monsieur Valmont, imperturbable, lève les yeux vers elle, et un sourire se dessine sur son visage.
- « Non entre, nous avons terminé. » Son ton est détendu, presque familier, et cela me fait serrer les poings.
Je commence à partir, mais je n'arrive pas à m'empêcher d'écouter leur conversation. Je suis à la porte, le cœur palpitant, lorsque j'entends Mlle Bennet se pencher vers lui et lui murmurer à l'oreille :
- « Je suis prête pour ce soir. On se retrouve vers 21h ? »
Un frisson me parcourt à ces mots. Je ne devrais pas être là, je ne devrais pas écouter. Pourtant, je reste figée, mon esprit tourbillonnant. Que signifie ces mots ? Quel genre de relation partagent ils ? Monsieur Valmont lui répond doucement, comme s'il n'y avait rien d'anormal dans cette discussion :
- « Oui, comme d'habitude. »
Je sens une vague de confusion et de jalousie m'envahir, tandis que je me retire lentement. L'écho de leur échange résonne en moi, une mélodie inquiétante qui se mêle à mes pensées. Je quitte la salle en hâte, la tête pleine de questions sans réponses. Mon cœur est lourd, et alors que je m'éloigne, je me demande comment tout cela va affecter ma relation avec Monsieur Valmont et la dynamique de ma vie.
VOUS LISEZ
Beyond the Rules : Relation Impossible
عاطفيةL'histoire commence avec Nina, une jeune femme de 18 ans qui réalise son rêve d'intégrer l'université de Stanford. Elle est impatiente de découvrir la liberté et les nouvelles opportunités que cette expérience lui offre. Cependant, dès son premier c...