Chapitre 24 - Un Mur Invisible

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De retour à Stanford, la routine reprend rapidement son cours. Les couloirs de l'école sont à nouveau remplis de rires et de chuchotements et les salles de classe vibrent de l'énergie habituelle des élèves. Même si New York semble être un souvenir lointain, je sens encore l'excitation de mon voyage résonner en moi mais je fais de mon mieux pour cacher ce que j'ai ressenti avec Monsieur Valmont. 

Je retrouve Kat dans le hall après les cours. Elle a les yeux pétillants d'enthousiasme, comme toujours et je sais qu'elle n'attend que de me dire sur tout ce qu'elle a fait pendant mon absence. 

- « Nina ! J'ai tellement hâte d'entendre ton voyage sur New York ! » s'exclame-t-elle, un grand sourire sur le visage.

Je lui rends son sourire mais je me sens étrangement nerveuse. La dernière chose que je veux, c'est qu'elle soupçonne quoi que ce soit entre Monsieur Valmont et moi. Alors je m'efforce de rester légère et de ne pas mentionner les détails les plus personnels.

- « C'était incroyable, Kat ! La ville est tellement vivante avec ses lumières et ses bruits. On a visité Times Square et je n'ai jamais rien vu de tel ! » dis-je, mon enthousiasme grandissant à mesure que je partage mes souvenirs.

- « Oh là là ! Je rêve d'y aller ! Et quoi d'autre ? Tu as fait des choses de folles ? » demande-t-elle, se penchant un peu plus près, impatiente d'entendre des anecdotes croustillantes.

Je lui raconte nos balades dans Central Park, les musées que nous avons visités et les moments de camaraderie avec mes camarades. Je mentionne les petits détails amusants comme un groupe de touristes perdus qui nous a demandé des directions et comment nous avons failli rater un spectacle de rue en nous laissant distraire par la foule.

- « Et tu as goûté à la pizza new-yorkaise ? » demande Kat, l'air excité.

- « Oui et elle était délicieuse ! On s'est même fait des selfies avec le vendeur, il était trop marrant ! » Je prends un instant pour apprécier la douceur de ces souvenirs, mais je ne peux m'empêcher de sentir un vide lorsque je réalise que je ne peux pas lui parler de la complexité de mes sentiments pour Monsieur Valmont. C'est un secret que je dois garder, même si cela me pèse.

Kat remarque peut-être mon hésitation.

- « Et tu n'as pas de petits flirts avec des garçons là-bas ? » me taquine-t-elle, avec un regard complice. Je ris, un peu trop fort, pour masquer la vague de chaleur qui me monte aux joues.

- « Non, pas vraiment. J'étais trop occupée à explorer la ville ! » Je dévie la conversation.

Nous continuons à discuter des potins de l'école et des derniers événements, mais malgré la légèreté de nos échanges, je sens toujours cette ombre dans ma poitrine. Les souvenirs de Monsieur Valmont et de notre moment partagé à New York me hantent. La façon dont il m'a regardée, la chaleur de son étreinte... Tout cela est si frais dans ma mémoire, mais je sais que je dois rester concentrée sur ma vie ici, à Stanford.

Le reste de la semaine passe en un clin d'œil. Les cours reprennent leur rythme habituel, et bien que je me réjouisse de retrouver mes amis et la vie de campus, il me semble que quelque chose a changé en moi.

Alors que je m'assois dans la cafétéria avec Kat, je me fais la promesse d'aller de l'avant et de garder mes sentiments pour moi, au moins pour l'instant.

Cela fait maintenant deux semaines que nous sommes de retour à Stanford et je n'ai pas eu une seule interaction avec Monsieur Valmont. Pas un regard, pas un sourire, rien. C'est comme s'il avait tiré un trait sur ce qui s'était passé à New York, sur nous. Chaque jour qui passe, je ressens un vide grandissant et l'inquiétude s'installe lentement en moi. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Ai-je mal interprété ses gestes ?

Aujourd'hui, à la fin du cours, je sens mon cœur battre la chamade dans ma poitrine. Je regarde autour de moi, mes camarades commencent à sortir de la salle, mais je reste là, figée un moment. Je rassemble mon courage j'inspire profondément et je décide qu'il est temps d'agir.

Je me dirige vers son bureau, l'esprit en ébullition. Les mots tournent en boucle dans ma tête, mais je n'arrive pas à me concentrer. Que vais-je lui dire ? Comment vais-je aborder ce silence pesant ?

Lorsque j'arrive devant son bureau, je vois qu'il est en train de ranger quelques livres. Je prends une grande inspiration, mon estomac se noue, mais je ne recule pas.

- « Monsieur Valmont ? » dis-je d'une voix un peu tremblante.

Il lève les yeux et pendant un instant je perçois une lueur de surprise dans son regard. Puis, il reprend son expression neutre.

- « Nina. Bonjour. Que puis-je faire pour toi ? »

Son ton est formel, presque distant. Cela me blesse, mais je n'abandonne pas. Je me force à sourire bien que je me sente vulnérable.

- « Je voulais juste savoir comment vous alliez... enfin. . .depuis notre retour. » Je me sens un peu idiote, comme si je m'excusais d'être là.

Il prend un moment avant de répondre et je peux presque voir les pensées défiler derrière ses yeux.

- « Je vais bien, merci. Les cours reprennent leur cours habituel. »

C'est tout ? Je sens que quelque chose ne va pas mais je n'ose pas le pousser. Au fond de moi, j'attends qu'il me dise autre chose, quelque chose qui briserait ce mur entre nous.

- « Et... et vous, comment ça se passe pour vous ? » Je me force à poser la question, espérant qu'il va s'ouvrir un peu.

Il baisse les yeux sur ses livres, et je perds un peu l'espoir.

- « Je suis occupé avec le programme, les examens à préparer. » Sa réponse est polie, mais elle manque de chaleur.

- « Je comprends. Mais, vous savez j'ai beaucoup apprécié notre voyage à New York. C'était... spécial. » Je n'arrive pas à contenir mes sentiments, et je vois une ombre passer sur son visage.

Il relève les yeux et pour un instant, je vois une lueur de ce qu'il était pendant notre voyage, mais elle disparaît aussi vite.

- « Oui, c'était un bon voyage. Mais il est important de garder une certaine distance maintenant que nous sommes de retour à Stanford. »

Ces mots me frappent comme un coup de poing. J'essaie de cacher ma déception, mais je ne peux pas m'empêcher de sentir mes joues s'enflammer.

- « Je comprend mais... je pensais que nous avions créé une connexion. »

- « C'est justement ce qui me préoccupe Nina, c'est compliqué. J'ai déjà fait des erreurs dans le passé et je ne peux pas me permettre d'en faire d'autres. »

Je sens un mélange de frustration et de tristesse. Je veux lui dire qu'il me manque, que j'ai besoin de lui dans ma vie, mais la peur de ce qu'il pourrait dire me retient. Au lieu de cela, je me contente de hocher la tête.

Je me retourne et sors de la salle, le cœur lourd. Je sais que j'ai essayé, mais je ne peux m'empêcher de me demander si cette distance est définitive.

En marchant dans le couloir, je me sens perdue, un mélange de détermination et de désespoir. La connexion que nous avons vécue à New York semble maintenant si lointaine. Est-ce que tout cela n'était qu'un rêve ?

Je prends une profonde inspiration, décidée à ne pas laisser cette situation me consumer. Mais alors que je continue mon chemin, je sais que je ne peux pas ignorer mes sentiments pour lui. Quelque chose en moi refuse de laisser tomber cette connexion, et je suis déterminée à comprendre ce qui se cache derrière cette distance.

Beyond the Rules : Relation ImpossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant