Chapitre 10

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Alastor était désormais complètement rétabli de ses blessures. Après des jours passés à se comporter presque comme un humain, mangeant régulièrement, et s'appropriant le canapé du salon comme s'il en avait toujours été le propriétaire, il avait retrouvé sa force et sa présence imposante. Cela avait quelque chose de profondément étrange et fascinant à la fois. Il semblait prendre plaisir à cette routine humaine, s'installant dans le canapé avec ce sourire énigmatique, ses yeux rouges observant chaque détail de la pièce avec une satisfaction que je ne pouvais pleinement comprendre.

Depuis quelques jours, il avait repris ses allers-retours entre ma maison et l'Enfer. Chaque fois qu'il disparaissait, il revenait toujours avec cette même expression, un mélange curieux de satisfaction et de frustration, comme s'il se retrouvait coincé entre deux mondes. Pourtant, malgré ses absences, il passait de plus en plus de temps ici, dans ma maison, dans mon monde. Je me demandais parfois s'il avait vraiment besoin de retourner en Enfer aussi souvent qu'il le prétendait.

Ce matin, c'était mon premier jour de retour à l'école après tout ce chaos. Les cernes sous mes yeux témoignaient des longues nuits sans sommeil, passées à veiller sur lui, à surveiller ses blessures, à m'assurer qu'il se rétablissait bien. Mes devoirs scolaires avaient été laissés de côté, et je savais que j'allais devoir faire face à des conséquences aujourd'hui. Mais je n'avais pas le choix. J'avais pris du retard, et il fallait que je rattrape tout cela.

Alors que je m'apprêtais à quitter la maison, sac sur l'épaule, je remarquai Alastor allongé nonchalamment sur le canapé, comme à son habitude. Ses yeux rouges flamboyants me suivirent tandis qu'il me regardait m'affairer, un sourire paresseux se dessinant sur ses lèvres.

" Que faites-vous ? "demanda-t-il d'une voix traînante, son ton teinté de curiosité feinte, mais je savais qu'il n'aimait pas que je lui échappe.

Je m'arrêtai un instant, le regardant par-dessus mon épaule, agacée par son faux détachement.

" À votre avis ? répliquai-je d'un ton sec. Les vacances sont finies, je dois retourner au lycée.

Il haussa un sourcil, son sourire s'élargissant légèrement. Alastor n'était jamais satisfait de ce genre de réponses. Il trouvait toujours les obligations humaines « futiles », comme il aimait à le rappeler, et ne manquait jamais une occasion de me faire douter de leur importance.

" Vraiment, le lycée ? Ne trouvez-vous pas cela... ennuyeux ? "demanda-t-il, sa voix traînante et charmeuse." Vous pourriez rester ici. Avec moi. Je pourrais vous apprendre des choses bien plus... intéressantes."

Son ton était  enjôleur, mais je ne pouvais pas m'y laisser prendre. Il essayait toujours de me détourner de mes responsabilités, comme s'il voulait que je reste piégée dans cette étrange dynamique entre nous.

" Non," répondis-je avec un soupir, tout en serrant mon sac contre moi. "Je ne peux pas me permettre de tout abandonner."

Un éclat de frustration traversa brièvement ses yeux, mais il ne laissa rien paraître de plus. Il s'étira nonchalamment sur le canapé, comme si ma décision ne l'affectait pas.

" Si futile... "murmura-t-il dans un soupir dramatique, comme s'il parlait à lui-même.

Je le regardai un instant, cherchant à déchiffrer son expression. Il jouait toujours ce rôle, celui du démon détaché et supérieur, mais je pouvais sentir, sous la surface, une forme de mécontentement, peut-être même de solitude. Mais je ne pouvais pas m'attarder là-dessus. Pas maintenant.

" À plus tard, "dis-je doucement avant de sortir.

Je le laissai là, seul dans le salon, enveloppé par cette atmosphère étrange qui semblait toujours l'accompagner. Tandis que je fermais la porte derrière moi, une pensée me traversa l'esprit : combien de temps cette cohabitation insolite pourrait-elle durer avant que tout ne bascule, avant que quelque chose ne vienne perturber l'équilibre précaire que nous avions instauré ?

Mon Ami Secret ( oc x Alastor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant