Les heures précédant l'exécution furent particulièrement tendues, à la fois car le moment de déclencher l'opération de sauvetage approchait et que tous en ressentaient une appréhension teintée d'impatience, mais également à cause de l'étreinte sauvage partagée par Richa et Yennaël.
Tous deux s'étaient séparé sans un mot et ils s'étaient évité tout le lendemain, s'esquivant même du regard. Heureusement, ils avaient été occupés à finaliser leur plan et, trop concentrés dessus, ils avaient réussi à ne pas trop songer à cette nuit.
De toute manière, l'un comme l'autre se doutait parfaitement que tout cela ne signifiait rien. Leur séparation demeurait effective, tous deux continuaient à gérer leurs propres affaires qui les tenaient éloignés l'un de l'autre. Ils avaient simplement cédé à la passion qui les habitait dès qu'ils se retrouvaient à proximité l'un de l'autre.
Richa ignorait ce qu'elle éprouvait exactement suite à cela mais elle s'efforçait de ne pas y penser. Tout ce qu'elle savait était que sa colère semblait s'être apaisé au profit de son chagrin. Pour l'instant cependant, ces préoccupations étaient secondaires.
Sa concentration se focalisait entièrement sur ce qui l'entourait et le rôle qu'elle devait tenir dans la stratégie établie, qu'ils avaient répétée une dernière fois avant de quitter la maison close il y avait plusieurs minutes.
Le soir tombait lentement sur les Iles Blanches et, si le soleil avait déjà disparu derrière l'horizon, le ciel était encore clair.
Au nombre de douze, les bûchers dressés la veille se répartissaient sur la place au milieu de la foule, plus compacte de minute en minute.
Les spectateurs étaient fort nombreux et ne venaient certainement pas que des Iles Blanches mais de toutes les Terres, exceptées les Terres de Sang. Certains avaient même dû effectuer un voyage de quelques jours pour assister à cette exécution massive, qui avait été annoncée partout.
Noyée parmi tous ces curieux fébriles, Richa percevait la colère faire bouillir son sang dans ses veines mais, ayant certainement pris un peu de recul depuis la première fois qu'elle avait été confrontée à quelque chose de la sorte, elle ne leur en voulait pas personnellement à eux. Toutes ces personnes étaient embrigadées,conditionnées et aveuglées par les propos de la Flamme Blanche, ce qui paraissait normal après des décennies sous son joug. Sans compter qu'il était plus supportable pour eux de croire que l'organisation les protégeait et que les Humcréas n'étaient que des créatures sauvages dénuées de conscience plutôt que de faire face à l'horreur de tous ces massacres.
L'excitation et l'impatience flottaient au-dessus de la place et commençaient également à gagner Richa. La jeune fille était de plus en plus tendue, surtout alors que le début de leur opération se rapprochait de seconde en seconde.
Le poing serré autour de sa pierre pendant à son cou, elle rechercha les esprits de ses compagnons, situés à différents endroits de la place, et en profita également pour s'assurer qu'aucun ordre ou observation n'était transmis par télépathie.
Ils avaient convenu qu'ils communiqueraient par la pensée, surtout lorsqu'ils seraient plongés dans l'action. Pour que ça leur soit possible, Yennaël avait usé d'un sort qui les dotait tous temporairement de dons de télépathie. Malgré la puissance du sortilège, le jeune homme avait tout juste sourcillé.
Chacun se trouvait déjà à sa place et tous attendaient de lancer l'opération.
Une capuche rabattue sur ses traits, comme de nombreux autres membres de la foule, Richa se tenait à l'arrière de cette masse humaine, au fond de la place. A quelques mètres, Royg'ann se cachait également dans l'ombre d'une capuche. Okda, qui, lui, ne se camouflait pas car il n'en aurait été qu'encore plus repérable, et Yennaël se trouvaient chacun d'un côté des bûchers, non loin des quelques Hommes Blancs qui patientaient également autour des monticules de bois.
D'autres soldats en uniforme immaculé surveillaient l'endroit, postés tout autour de la place, pour s'assurer qu'il n'y aurait aucun débordement ou qu'aucun Humcréa ne pourrait s'approcher.
La voix de Liam surgit soudainement dans l'esprit de Richa, et de tous les autres membres du groupe, pour annoncer qu'il était en position avec Esadd.
La tension qu'éprouvait la jeune fille augmenta encore davantage à cette information.
Esadd et Liam étaient arrivés en position juste à temps car, seulement quelques minutes après la déclaration du jeune homme balafré, la double porte de la forteresse blanche s'ouvrit sans le moindre grincement pour livrer le passage au dirigeant de la Flamme Blanche, Withèr l'Immaculé, accompagné de son bras droit, Blanche la Pure.
En avisant la jeune femme aux cheveux incolores, Richa perçut l'angoisse s'insinuer dans sa poitrine et elle sentit particulièrement les cicatrices que le fouet avait laissées sur son dos.
Même si il semblait logique de voir Blanche à cette exécution, la jeune fille avait occulté cette éventualité, se mentant probablement à elle-même. Ça avait certainement été la même chose lorsqu'elle avait proposé à Okda de l'aider à secourir son frère. Elle savait qu'elle allait devoir se confronter à la Flamme Blanche mais elle ne s'y était guère attardé ni n'en avait ressenti de crainte. Elle avait seulement pensé au besoin de s'éloigner d'Aïonn et de cette situation oppressante pour se concentrer sur autre chose ainsi qu'à ce service qu'elle devait bien à Okda.
D'ailleurs, si elle n'avait pas songé à la terreur qu'elle avait pu éprouver face à la Flamme Blanche suite aux tortures qu'elle avait subies, peut-être était-ce car son traumatisme s'était estompé mais il ressurgissait soudainement à la vue de Blanche.
Une nouvelle fois, une voix résonna dans son esprit, pas celle de Liam mais celle de Royg'ann qui lui promettait que tout allait bien se passer et que, si il le faudrait, il s'engageait à la protéger comme cela lui incombait, car il était un général et elle la princesse.
Etrangement, Richa fut rassurée par ces paroles quelques peu stéréotypées et un léger sourire se traça sur son visage. Pour remercier Royg'ann, elle hocha le menton, même si elle se doutait qu'il ne pourrait pas le remarquer à travers la foule.
Se reprenant, la jeune fille puisa courage et détermination, se préparant à affronter la Flamme Blanche.
Ce qu'elle vit l'y aida grandement en alimentant sa colère et son désir de faire payer l'organisation.
A la suite de Withèr et Blanche,les condamnés sortirent à leur tour de la forteresse, escortés par plusieurs Hommes Blancs, attachés par des cordes qui les reliaient les uns aux autres. Celui qui avançait en premier était Wolramf, ou Arzh de son vrai nom. Sa lèvre fendue, son œil gonflé et les différents hématomes qui bleuissaient son visage, semblaient indiquer qu'il avait cherché à se débattre et en avait été puni.
En découvrant l'état de son petit frère, Okda perçut sa retenue coutumière lui échapper. Habituellement, il se maîtrisait parfaitement, chose rare pour les berserkers, mais la rage s'emparait de lui en constatant les traitements dont avait souffert Arzh durant son voyage jusqu'ici et sa détention. Ses os commencèrent à se déplacer sous son épiderme sans qu'il ne s'en aperçoive réellement.
Heureusement, la voix de ses compagnons dans son esprit l'aida à se reprendre et à repousser momentanément sa fureur. Il l'exploiterait le moment venu.
Une fois Okda calmé, Yennaël annonça mentalement qu'ils démarraient l'opération.
Obéissant immédiatement, Liam et Esadd quittèrent leur cachette, une réserve de matériel au rez-de-chaussée de la forteresse.
Pendant que les autres se mêlaient à la foule, tous deux s'étaient infiltré dans le bâtiment en se servant de toutes les connaissances qu'ils possédaient déjà dessus grâce à leurs repérages et opérations précédents. La grande majorité des Hommes Blancs se trouvant sur la place, ils n'avaient rencontré aucune difficulté pour gagner cette cachette dans laquelle ils avaient attendu le signal de Yennaël.
La concentration générale se focalisant sur l'extérieur et non sur l'intérieur de la forteresse, ils ne prenaient que peu de risques en évoluant dans les couloirs blancs mais ce fut néanmoins en demeurant particulièrement sur leurs gardes qu'ils gagnèrent la porte principale du bâtiment.
Esadd se chargeant de monter la garde, Liam plaça un sachet à sortilège tiré de son sac comme il le put dans la serrure de la porte.
Ce sachet, ainsi que les autres qu'ils transportaient, avaient été confectionnés par Yennaël dans la journée mais, contrairement à ceux de d'habitude, ils ne contenaient pas de sort de destruction mais de verrouillage qui allaient condamner les issues de la forteresse. Le but était d'empêcher les renforts d'intervenir. Liam aurait seulement à activer ces sorts.
Poursuivant leur tâche, ils se dirigèrent vers les autres portes du bâtiment pour les verrouiller. Heureusement, ils n'avaient pas à se charger des fenêtres, équipées de barreaux, ce qui leur facilitait les choses.
A l'extérieur, Richa et Royg'annn agissant en duo, passèrent également à l'action pendant que Liam et Esadd se chargeaient de la forteresse.
Avec la fébrilité et l'excitation, qui avaient encore gagné en intensité avec l'arrivée des condamnés en une tension étouffante,personne ne leur prêta attention alors qu'ils se dirigeaient chacun vers l'un des Hommes Blancs montant la garde à l'arrière de la foule, espacés de plusieurs mètres chacun.
Ces gardes aussi étaient focalisés sur la préparation de l'exécution et absorbés par le discours de Withèr. Aucun d'entre eux ne remarqua donc ces deux silhouettes encapuchonnées qui s'approchèrent d'eux par derrière en les contournant.
Dégainant l'une de ses dagues, dissimulées sous sa tunique, alors qu'elle atteignait la hauteur de l'Homme Blanc, elle enfonça sa lame en travers de sa gorge jusqu'à ce que la pointe ressorte.
Comprenant à peine ce qu'il lui arrivait, l'homme porta la main à sa blessure avant de s'écrouler dans un gargouillement, qui fut inaudible dans le brouhaha ambiant. Gisant au sol, l'homme s'agita en des soubresauts d'agonie alors que Richa le regardait sans émotion.
Cela faisait longtemps qu'elle ne ressentait plus de pitié pour les Hommes Blancs.
De son côté, Royg'ann avait également assassiné le soldat dont il s'était approché.
Sans perdre de temps, tous deux essuyèrent leur lame respective sur les vêtements de leur victime avant de se déplacer tout aussi discrètement vers les prochains gardes postés à plusieurs mètres.
Leur tâche à tous deux dans le plan était d'éliminer les Hommes Blancs postés en périphérie de la foule pour réduire le nombre de leurs adversaires potentiels et les empêcher d'intervenir.
Progressant lentement en frappant chaque garde précisément en passant à leur hauteur, ils avancèrent chacun d'un côté de la place sans que personne ne s'aperçoive de quoi que ce soit, tout le monde étant bien trop absorbé par le centre de la place.
Les Hommes Blancs détachèrent les Humcréas prisonniers pour les installer sur les bûchers où ils les ligotèrent, quatre par poteaux dressé au sommet des monticules de bois.
Arzh se débattit farouchement, tout comme d'autres, et Okda dut à nouveau lutter pour ne pas se ruer immédiatement au secours de son petit frère.
Ayant laissé plusieurs cadavres derrière elle, Richa atteignit le milieu du tour de la place, rejoignant Royg'ann, qui avait achevé sa besogne quelques secondes avant elle. Ils échangèrent un hochement du menton.
S'assurant que personne ne découvrait les corps et ne donnait l'alerte, ils se retournèrent mais c'était déjà trop tard.
Un Homme Blanc se tenait au-dessus d'un des cadavres. Relevant le regard, il croisa celui de Richa, qui le reconnut. Il s'agissait de l'homme aux traits asiatiques qui les avaient déjà aidés.
Comprenant ce qu'il se passait en avisant la jeune fille, le soldat se détourna sans réellement s'en préoccuper. Si quelqu'un pouvait stopper ce massacre, il ne comptait pas le freiner. Il ne voulait pas voir encore plus de suppliciés.
Rassurée, Richa alla pour annoncer par télépathie que ça n'avait été qu'une fausse alerte mais elle n'en eut pas le temps.
Un hurlement d'horreur jaillit par-dessus la fébrilité ambiante en même temps que les bûchers étaient enflammés.
Une spectatrice, pour une raison ou une autre, avait un instant quitté des yeux la mise à mort et avait découvert, gisant au sol derrière elle, le corps d'un Homme Blanc dont l'uniforme était imbibé de rouge.
Le juron que lâchèrent Richa et Royg'ann se confondit et, cette fois,la jeune fille communiqua par la pensée pour ordonner à Yennaël de lancer la diversion, ce qu'il aurait fait sans cette indication.
A côté des bûchers, qui venaient d'être allumés en provoquant la terreur des Humcréas dessus, le jeune homme entrecroisa les doigts en visant les flammes, qui montaient lentement vers les condamnés et effectua un sort.
Quittant les douze bûchers au-dessus desquels elles se réunirent en formant une imposante sphère incandescente, les flammes s'élevèrent, mues par la volonté de Yennaël.
D'abord stupéfaits, aucun de ceux assistant à la scène ne songea à réagir, figés.
Manipulant le feu, Yennaël le dota d'une forme bien spécifique.
Une énorme tête de balaur faite de flammes se tint au-dessus de la place et, gueule ouverte, il menaça la foule.
Le premier hurlement résonna avant de rapidement être noyé par tous les autres qui s'élevèrent et la foule se dispersa dans le plus grand désordre dans des cris de terreur, ses membres se bousculant ou se piétinant les uns les autres, ne pensant plus qu'à vider les lieux sans réfléchir à comment le faire. L'affolement les dirigeait.
Il devint difficile de comprendre ce qu'il se passait à cause de l'agitation et de la panique.
Dans l'affolement général, Withèr se fit évacuer de la place, escorté par quelques Hommes Blancs, vers la forteresse mais, en trouvant les portes solidement fermés, ils se dirigèrent dans l'une des rues pour trouver un refuge.
Maniant toujours les flammes, Yennaël fit se déplacer son effrayante création, qui tourna à toute vitesse au-dessus dans la place dans des rugissements, laissant des traînées de feu derrière elle.
Fascinée, Richa observa le balaur sans penser à réagir. Les pouvoirs de Yennaël étaient vraiment impressionnants.
Certains ne cédèrent pas à la panique et ce furent des Hommes Blancs.
Ceux à proximité des bûchers, à présent éteints, repérèrent rapidement le magicien à l'origine de cette apparition et donc de cette véritable débandade paniquée. Comptant bien intervenir et l'arrêter, ils se dirigèrent vers Yennaël. Ce dernier leur jeta un regard sans briser sa concentration.
Si il bougeait pour se défendre, l'effet de son sort cesserait et leur diversion aussi, ce qui desservirait leur plan. Sans pourtant hésiter sur ce qu'il devait faire, il resta concentré sur son sort.
L'un des Hommes Blancs arriva par derrière mais, avant qu'il ne l'atteigne, sa tête subit une violente torsion dans un sinistre craquement d'os et il s'écroula mollement.
Okda n'avait même pas eu besoin de forcer pour lui briser la nuque mais,n'allant pas attaquer à mains nues, il dégaina sa lourde épée pour protéger Yennaël, qui semait toujours la panique, que personne ne parvenait à juguler.
Sortis de la forteresse grâce à un accès qu'ils s'étaient gardé avant de le verrouiller comme les autres, Liam et Esadd vinrent le rejoindre, armes au clair, pour l'épauler.
Les laissant couvrir Yennaël, Okda put enfin se précipiter auprès de Arzh, qui s'agitait en tous sens, gravissant le bûcher. Dès qu'il fut libéré de ses liens, le jeune berserker se jeta au cou de son frère, qui l'étreignit en lui tapotant le dos pour le rassurer.
Arzh se reprit cependant rapidement et se détacha d'Okda avec un regard dur et déterminé en déclarant qu'ils avaient d'autres prisonniers à délivrer.
Sans perdre davantage de temps, les deux berserkers gagnèrent le sommet des autres bûchers pour libérer les autres condamnés.
Les Humcréas délivrés attaquèrent à leur tour les Hommes Blancs présents, qui se retrouvèrent rapidement dépassés par la situation. Sans compter qu'aucun renfort n'arrivait.
Certains des spectateurs venus assistés à l'exécution tentèrent de prêter main forte aux Hommes Blancs mais ils n'étaient pas des combattants et se débarrasser d'eux ne représentait guère de difficulté. Il suffit à Richa d'en projeter un contre le mur d'un des bâtiments environnants pour l'assommer.
Sans se faire réellement retenir pour tous ces adversaires s'improvisant guerriers, la jeune fille se dirigea vers les bûchers et ses compagnons mais quelqu'un s'interposa.
La lame teintée de blanc se pointa sur elle et, alors qu'elle n'avait eu aucune difficulté à affronter et tuer les Hommes Blancs qu'elle avait croisés sur cette place et que sa crainte de la Flamme Blanche ne l'avait plus entravée, la jeune fille se figea soudainement, ses paumes se recouvrirent d'une sueur glacée en rendant les manches de ses dagues glissants, et un tremblement secoua ses épaules.
Face à elle, Blanche la fixa sans manifester la moindre émotion, le visage toujours aussi inexpressif à cause de ses cicatrices.
La douleur explosa dans le dos de Richa. Elle la percevait suivre ses cicatrices en des traits brûlants et elle avait même l'impression de sentir le sang couler et coller contre le tissu de sa tunique,qu'il poissait. Elle avait le sentiment d'être à nouveau enfermée dans les entrailles d'un poste de la Flamme Blanche, impuissante et à la merci de Blanche. Son corps s'en retrouvait totalement paralysé.Ses membres refusaient de lui obéir et son esprit s'avérait également incapable de réagir.
Elle n'eut même pas le réflexe de chercher à esquiver lorsque la lame de Blanche fusa sur elle en visant sa poitrine. L'épée ne rencontra cependant que l'air.
Sonnée par sa chute et victime du retour de son traumatisme, il fallut plusieurs secondes à Richa pour comprendre que Royg'ann venait de se jeter sur elle, la fauchant, pour la sauver de ce coup.
Bondissant immédiatement sur ses pieds à une vitesse étonnante, le général fit face à Blanche, ses sabres dressés devant lui.
Sans attendre, il attaqua en enchaînant les coups à droite et à gauche à une telle vitesse que ses mouvements en étaient flous. Blanche ne parvenait pas à riposter. Elle pouvait à peine à parer ces coups, si puissants qu'ils en faisaient vibrer ses bras, en gardant sa lame devant. Sans compter que les mouvements de l'elfe étaient imprévisibles.
En seulement quelques secondes, la jeune femme se retrouva couvertes de plaies mais elle refusait d'abandonner et de céder, même si elle reculait.
Elle allait perdre face à un Humcréa. C'était inadmissible !
Gagnée par un regain d'énergie née de sa rage, Blanche parvint à repousser Royg'ann dans un cri de fureur. L'elfe s'en trouva un instant déstabilisé mais pas longtemps. Se reprenant presque instantanément, il alla pour porter une nouvelle attaque mais, avant qu'elle n'atteigne sa cible, Blanche fut soudainement tirée en arrière par plusieurs anciens spectateurs, qui comptaient l'entraîner à leur suite pour la sauver car les Humcréas semblaient bien avoir gagné.
Même si ils venaient probablement de lui sauver la vie, la jeune femme vociféra après ces personnes, les houspillant et leur ordonnant de la lâcher, refusant de fuir devant des Humcréas, sans parvenir à se faire obéir.
Avant qu'elle ne puisse réagir, un énorme ours bondit sur Richa pour la garder entre ses pattes avant, la protégeant. Identifiant Okda sous sa forme animale, la jeune fille ne paniqua pas. Au contraire, elle se sentit rassurée de le voir alors que Blanche disparaissait de sa vue.
La saisissant doucement dans sa gueule en veillant soigneusement à ne pas la blesser, Okda la jeta sur son dos pour se diriger en courant hors de la place.
Tous les prisonniers, dont Arzh, avaient été libérés, plus aucun Homme Blanc ne paraissait plus en état de les poursuivre ou de les retenir et la panique qui s'était emparé de la ville à la fuite de la foule leur servait de diversion. Il était temps pour eux de partir.
Couvrant leur fuite, Yennaël fit s'écraser la tête de balaur ardente au centre de la place où elle explosa dans des centaines d'étincelles incandescentes.
Après plusieurs mètres, se sentant à nouveau en pleine possession de ses moyens, Richa préféra descendre du dos d'Okda pour plutôt laisser sa place à une huldre blessée et également pour pouvoir protéger les autres fuyards, attaqués par des humains ordinaires voulant les stopper ou quelques Hommes Blancs isolés.
Traversant la ville dans les hurlements de terreur et d'affolement des citadins,ils se dirigèrent vers le port sur lequel ils débouchèrent après plusieurs minutes de course dans les ruelles blanches et où ils furent accueillis par les jappements de Laadsri'll qui les attendait.
Tous se précipitèrent sur les modestes embarcations des passeurs. Richa se retrouva dans une barque en compagnie de Yennaël, Liam, Royg'ann, Okda, à nouveau sous sa forme humaine et cachant sa nudité sous une couverture, Arzh, Yvernew et Laadsri'll.
Evitant les Terres Blanches, bien évidemment, ils se dirigèrent vers les Terres Intérieures, depuis lesquelles il leur serait plus simple de fuir en se cachant, raison pour laquelle ils s'étaient rendu sur les quais situés au sud de l'île.
Celle-ci était encore en proie à la panique et à la peur. Entre ça et la désorganisation totale dans laquelle ils avaient laissé la Flamme Blanche, ils avaient plusieurs heures de répit avant qu'on ne leur donne la chasse. Tenant néanmoins à s'en assurer, Richa usa de ses pouvoirs.
Une épaisse couche de nuages se massa derrière eux dans le ciel nocturne et il ne fallut que quelques minutes pour qu'éclate un violent orage, qui les épargna. Grâce à ces intempéries, on ne pourrait pas les poursuivre par voie maritime dans l'immédiat.
Se laissant retomber dans le fond de l'embarcation, Richa lança :« J'arrive pas à croire qu'on ait réussi...
- Merci d'être intervenu. Les remercia Arzh, très sérieusement.
- C'est normal. Lui répondit Okda en lui tapotant affectueusement le sommet du crâne, ce que le jeune berserker ne sembla que moyennement apprécier.
- On a plus qu'à rentrer maintenant. Déclara Royg'ann, visiblement satisfait.
- Je viendrai pas avec vous. Annonça Arzh.
- Pourquoi ? Demanda simplement Okda.
- Les catacombes de Forèliore sont peut-être tombées mais y a encore toutes les autres à gérer ! C'est encore des refuges pour plein d'Humcréas et faut bien s'en occuper ! J'ai pas pu faire grand chose... J'ai essayé de m'opposer et je me suis fait éclater la figure ! On était tous découragé, abattu, on s'était résigné à se faire exécuter mais on a juste eu besoin d'un peu d'espoir pour réussir à tenir tête à la Flamme Blanche, c'est tout ! On devrait pas se laisser dominer par la peur ! Faut le faire savoir à tous les autres ! C'est de ma responsabilité de le faire, parce que je suis le chef et que ça veut pas juste dire donner des ordres !
- Où tu iras ? S'enquit Okda.
- Ferdale, peut-être ou Plainiore. Mais le plus proche serait Interliore... Réfléchit Arzh.
- Tu feras attention. Conseilla Okda en guise d'acceptation.
- On fera attention. Assura Yvernew.
- Il faudra faire plus que ça, signala Yennaël. La Flamme Blanche a compris que nous nous cachions dans les catacombes des capitales. Pour le moment, ce sont juste celles de Forèliore qui ont chuté mais à quand les autres ? »
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Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 5 : Sang Divin [Terminé]
FantasyDe retour sur Terre, Richa y retrouve ses proches, qui exigent de connaitre la vérité sur sa disparition. La jeune fille doit alors faire face à un choix déchirant : rester sur Terre avec ses proches ou retourner dans l'Enclave, où les combats conti...