Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 5 : Sang Divin [Terminé]

Chapitre 13 - Fin de la Chasse

/!\ Trigger warning : Suicide !!!!! Si vous êtes mal-à-l'aise avec son évocation, je vous invite à vous préserver et à lire autre chose ! /!\
Mais aussi, sachez que personne n'est seul, que y a toujours quelqu'un vers qui vous tournez et que ce n'est pas une honte ou une gêne de demander de l'aide quand on en a besoin, bien au contraire !

Dans un soupir, Richa se retourna vers Elio, Vinciane et Albane à sa suite. Ils faisaient trop de bruits en se déplaçant.
N'ayant pu convaincre Aciari de renoncer à la laisser l'accompagner et ayant elle-même des comptes personnels à régler avec les Chasseurs locaux, la jeune fille avait décidé de l'escorter à son insu pour s'assurer qu'elle irait bien et les autres avaient insisté pour se joindre à elle. Du moins, Vinciane avait insisté, Elio l'avait suivie pour veiller sur elle, Albane n'avait rien dit mais se sentait évidemment concernée. Quant à Yennaël, il avait seulement vu l'occasion de s'occuper l'esprit pour cesser de ruminer sa contrariété d'être bloqué sur Terre mais, encore éprouvé parses blessures, il peinait à l'arrière du groupe.
Sachant que l'inspecteur allait prendre un véhicule, ils s'étaient pressé de gagner les bois à pieds et, pour éviter de la croiser et qu'elle ne les chasse, ils n'avaient pas emprunté le chemin forestier plus praticable qui conduisait à l'ancien couvent. A la place, ils avaient entrepris de contourner le bâtiment pour l'atteindre par l'arrière.
Le problème était que, pour ce faire, ils devaient se déplacer entre les arbres sans suivre le moindre tracée de passage, ce qui s'avérait difficile.
Si Richa se trouvait parfaitement dans son élément et que Yennaël manifestait une certaine aisance grâce à son habitude à évoluer dans ce genre d'environnements malgré son état, ce n'était nullement le cas des trois autres. Albane se débrouillait le mieux mais, comme Elio et Vinciane, elle s'entravait souvent dans la végétation. Ils se prenaient dans des broussailles ou des ronces,trébuchaient sur des racines ou des pierres, heurtaient des branches basses qu'ils ne parvenaient pas à esquiver, brisaient des brindilles sous leurs semelles et juraient à voix basse lorsque ça arrivait.
Richa savait qu'ils fournissaient de grands efforts pour évoluer aussi silencieusement que possible dans ces bois mais ils restaient trop bruyants. On risquait de les entendre venir à plusieurs mètres. Pour l'approche discrète, c'était raté mais il y avait fort peu de risques pour que les Chasseurs aient l'ouï aussi sensible que celle de demi-elfe de Richa. C'était tout ce que cette dernière pouvait faire pour régler le problème : espérer qu'ils ne se feraient pas repérer.
En tête du groupe, la jeune fille fit subitement stopper les autres à sa suite en tendant son bras en travers du passage. Avant que l'un ou l'autre ne lui demande ce qu'il se passait, elle se tourna vers eux en posant un doigt sur ses lèvres pour leur intimer le silence.Prendre la parole aurait menacé leur discrétion déjà bien mise à mal.
Leur expliquant néanmoins silencieusement, elle leur indiqua un point à travers les branchages. Se penchant, ils distinguèrent le toit d'ardoises de l'ancien couvent.
Ils étaient arrivés.
Même si elle doutait de l'efficacité de son conseil, Richa glissa aux autres d'être aussi silencieux que possible et de l'imiter.
Son infiltration dans le bâtiment, qui remontait déjà à plus de trois ans pour elle, lui ayant déjà permis d'étudier et connaître le système de sécurité, elle savait parfaitement comment l'éviter et que faire.
Enjoignant les autres à la suivre d'un geste, elle s'élança dans ce qu'elle se souvenait être l'angle mort de la caméra et se plaqua contre le couvent, accroupi sous une fenêtre pour demeurer invisible depuis l'intérieur.
Les autres la rejoignirent en quelques secondes et s'alignèrent contre le mur à sa suite sans difficulté, même si leurs mouvements étaient moins fluides que les siens.
Non sans une certaine inquiétude, elle remarqua que Yennaël était légèrement essoufflé mais il semblait déterminé et ne fit aucun commentaire sur son état et elle garda ce détail pour elle.
Toujours courbée, la jeune fille se déplaça pour contourner l'édifice, les autres sur ses talons.
Se dissimulant derrière l'angle avant de la façade, elle glissa son regard de l'autre côté. Un juron manqua de lui échapper lorsqu'elle constata qu'ils étaient arrivés à peine à temps.
L'inspecteur Aciari se tenait déjà devant la porte face à trois hommes qui dressaient comme un barrage entre la jeune femme et le couvent. Richa identifia celui qui venait en tête. Il s'agissait d'un des Chasseurs qui s'étaient fait passer pour des policiers.
Se détournant un court instant, elle décrivit aux autres ce qu'elle voyait avant de revenir observer la scène mais, avant qu'elle ne puisse se concentrer sur la conversation, l'inspectrice entra dans l'ancien couvent à la suite des trois hommes qui l'y invitaient.
La jeune fille étouffa un nouveau juron. Ça ne lui semblait pas être une bonne chose. Un mauvais pressentiment l'étreignit en l'oppressant. Les Chasseurs détestaient qu'on tente d'entraver leurs affaires et n'hésitaient pas à se débarrasser de ceux qui cherchaient à le faire.
Comme pour confirmer l'intuition de Richa, plusieurs coups de feu résonnèrent presque immédiatement depuis l'intérieur du couvent.
Tous sursautèrent. Richa se tendit, alerte, Yennaël se tint prêt à convoquer ses pouvoirs, Vinciane se mit à trembler, Elio regarda en tous sens, paniquant légèrement, et Albane pinça les lèvres.
Inutile de se concerter pour deviner que Aciari rencontrait des problèmes et qu'ils devaient agir.
Par réflexe, Richa alla pour s'élancer immédiatement, entraînant les autres à sa suite, même si ses amis terriens n'étaient guère assurés, Vinciane encore moins que les autres, mais une invective qui s'éleva dans leur dos les stoppa.
Tous cinq se retournèrent plus ou moins vivement pour faire face aux bouches de sept pistolets braqués sur eux par autant de Chasseurs.
Surprise, croyant avoir déjoué la sécurité de l'ancien couvent, Richa entrouvrit la bouche mais ce fut finalement un juron qu'elle grogna en prenant conscience de son erreur.
Comme une parfaite idiote, elle n'avait pas songé au fait que, depuis son passage, la sécurité avait été renforcée et qu'il n'y avait plus que les caméras qu'elle connaissait qui surveillaient le périmètre.
Dans tous les cas, ils avaient été repérés et il était à présent trop tard pour s'adresser des reproches et s'insulter mentalement. Il fallait à présent réagir.
Un rapide regard pour analyser la situation permit à Richa de remarquer que les Chasseurs paraissaient se focaliser plus particulièrement sur elle. Après tout, ils devaient savoir qu'elle était l'Humcréa qui avait échappé à Mikhail, ce qui l'arrangeait.
Pour les forcer à se concentrer entièrement sur elle pour permettre aux autres de s'esquiver, elle s'élança vers les sept hommes en poussant Elio sur le côté, plus brutalement qu'elle ne l'aurait souhaité.
Par réflexe et comme elle l'escomptait, ils la visèrent de leurs armes mais un seul eut le temps de tirer. La balle passa non loin de Richa,qui en perçut le déplacement, avant d'aller se ficher dans le mur du couvent à côté d'elle.
Ne se laissant pas déstabiliser par cette attaque, elle frappa le Chasseur le plus proche au sternum, lui coupant la respiration, et elle enchaîna avec un coup sous le menton, le sonnant et le faisant tituber de quelques pas en arrière. Lui arracher son pistolet ne représenta aucune difficulté.
Le tenant par le canon, elle se servit de la crosse pour frapper un autre Chasseur qui s'apprêtait à la viser de nouveau. Le coup qu'il reçut au front l'étourdit suffisamment pour le mettre hors d'état de nuire pour quelques instants.
Sans ralentir, elle repoussa un autre Chasseur d'un coup d'épaule dans la poitrine de façon à avoir l'amplitude nécessaire pour lui décocher un coup de pied mais son nom prononcé par la voix étranglée de Vinciane derrière elle la stoppa.
Tenant les trois Chasseurs qu'elle avait déjà neutralisés en respect grâce à l'arme qu'elle avait récupérée, la jeune fille se retourna vers le reste du groupe.
Elle découvrit chacun de ses compagnons menacés par chacun des quatre autres Chasseurs, dont elle n'avait plus prêté attention aux déplacements, concentrée sur les trois qu'elle affrontait, comme bien trop souvent.
Vinciane avait les yeux écarquillés et semblait totalement tétanisée,figée et incapable de réagir. Elio aurait voulu se débattre pour les protéger, elle et Albane, mais le canon du pistolet non loin de sa tempe le dissuadait de tenter quoi que ce fût. De toute manière, Albane n'aurait pas forcément eu besoin de l'aide de son frère.
Ayant reçu un entraînement de la part des mêmes Chasseurs qui les menaçaient actuellement, elle eut le réflexe de se défendre comme elle l'avait récemment appris.
Elle enfonça son coude dans l'abdomen de l'homme qui l'immobilisait pour lui couper le souffle et le déséquilibrer puis elle enchaîna avec une prise de judo en le faisant rouler sur son épaule pour le jeter à terre.
La surprise passée, le Chasseur se reprit cependant trop rapidement pour qu'Albane poursuive sur sa lancée.
Bondissant sur ses pieds, il fit face à la jeune fille. Ne jouissant plus de sa réactivité, elle ne put rivaliser avec un Chasseur entraîné alors que sa propre formation ne durait que depuis quelques semaines et elle se retrouva maîtrisée en plusieurs secondes, comme les autres.
De son côté, Yennaël ne parvint pas à se battre. Les séquelles de ce qu'il avait subi sur l'île de Mirévoyk ne le lui permettaient.Le coup de poing qu'il décocha avec force à la mâchoire du Chasseur le plus proche manqua de le faire s'écrouler et il ne put lutter.
Abandonnant donc l'affrontement physique, le jeune homme alla pour user de sa magie, entrecroisant les doigts, mais il suspendit son action. Pour commencer car il n'était pas certain d'avoir encore retrouvé l'énergie nécessaire à la réalisation de son sortilège mais,surtout, car Richa lui conseilla de ne rien en faire en secouant la tête de gauche à droite.
D'ailleurs, la jeune fille ne cherchait plus à résister et se laissa neutraliser sans s'opposer.
Se rendre ainsi lui coûtait et faisait hurler son égo mais elle préférait s'y résoudre pour la sécurité des autres.
Albane, Elio et Vinciane n'étaient plus en mesure de se défendre et des armes les menaçaient. Pour la forcer à capituler, les Chasseurs auraient très bien pu s'en prendre à eux et elle refusait qu'ils deviennent des dommages collatéraux par sa faute. Pour leur sécurité, elle préférait abandonner ses velléités combatives.
L'occasion de renverser la situation et d'échapper aux Chasseurs se présenterait probablement plus tard ou bien Richa la créerait.
Le comprenant, même si il n'éprouvait pas le même attachement que Richa pour les trois Terriens, et par respect pour l'aide qu'ils leur avaient gracieusement fournie, Yennaël renonça également à résister.
Se rendant à son tour, il laissa ses bras retomber le long de son corps.
Les tenant fermement, les Chasseurs, dont les trois que Richa avait maîtrisés qui s'étaient repris, les conduisirent à l'intérieur de l'ancien couvent.
Dans le vestibule, Richa repéra des impacts de balles visiblement récents dans les murs, seules traces qui subsistaient du passage de l'inspecteur Aciari car la jeune femme n'était plus en vue. Elle remarqua également quelques traces de l'incendie qu'elle avait provoqué. Tous les dégâts n'avaient pas encore été réparés.Après tout, pour eux, cet incident ne remontait qu'à quelques semaines.
Comme Richa et Albane s'en doutaient, ils furent amenés aux sous-sols par la lourde porte située sous les escaliers.
Vinciane fut prise de tremblements alors qu'ils remontaient le couloir cimenté et que les souvenirs de son enlèvement envahissaient son esprit.
Les répartissant dans deux cellules contiguës, les Chasseurs les enfermèrent puis le son de leurs pas s'éloigna.
Sans attendre, Richa se rua sur la porte mais elle la trouva solidement verrouillée. Un désagréable sentiment de déjà-vu la saisit. C'était la deuxième fois qu'elle se retrouvait retenue dans ces sous-sols et c'était deux fois de trop.
Ne se résignant pas, elle frappa la porte du plat de sa semelle à répétition dans l'espoir de la faire céder, en vain.