Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 5 : Sang Divin [Terminé]

Chapitre 26 - Ellaëdry [2/2]

Plusieurs jours défilèrent ainsi.
Sarrion ne pleurait plus la nuit, il se réveillait léger et trouvait des raisons de se lever chaque jour. Il retrouvait l'envie de vivre, grâce à Ellaëdry.
Elle lui semblait plus belle et plus lumineuse chaque jour. En plus d'être magnifique, elle était également intelligente, drôle et talentueuse. Elle pouvait aussi bien débattre de géo-politique ou de philosophie, que plaisanter légèrement, que jouer de la flûte, du luth ou de la lyre ou encore de créer des poèmes en quelques minutes.
A côté d'elle, Sarrion se sentait tellement fade et incapable, son seul mérite étant son sang bleu, pourtant, elle ne cessait de louer ces qualités qu'il ne voyait pas en lui, sa douceur, sa générosité, son empathie, son âme pure. Grâce à elle, il devenait davantage qu'un vampire triste.
Sa personnalité était aussi lumineuse et sublime qu'elle.
Après ces quelques jours, Sarrion ne ressentait plus le moindre doute, il savait qu'il l'aimait, avec encore plus de certitude. Il n'osait cependant pas le lui dire. Il craignait bien trop qu'elle ne lui réponde que, elle, en revanche, elle s'était fourvoyé durant cette soirée.
Il se contentait donc de profiter de chaque instant qu'ils partageaient l'un avec l'autre, protégés par les feuillages du saule.
Même si ils ne franchissaient pas d'étape dans leur relation, ils se rapprochaient inexorablement. Leurs mains restaient le plus souvent entrelacées et Ellaëdry se blottissait régulièrement contre Sarrion, qui avait découvert quelle sensation merveilleuse c'était que de la tenir dans ses bras.
Penser à elle l'aidait à endurer son existence au palais, même lorsqu'ils n'étaient pas ensemble, comme actuellement.
Avant, déjeuner avec son père et sa mère était l'une des pires épreuves qu'il lui fallait quotidiennement supporter mais, grâce au visage de la belle elfe qui flottait dans son esprit, ce mauvais moment à passer lui semblait moins pénible. Silencieux, il se contentait d'attendre que ce soit fini en écoutant distraitement la conversation de ses parents.
Apparemment, le cousin de l'époux de sa tante venait d'avoir un fils qu'il avait choisi de prénommer Aymerikk. Un membre de plus venait agrandir cette famille à la sombre réputation, un de trop.
Avec cette information, la discussion dévia rapidement sur les enfants et sur comment les élever. Silars ne tarda pas à être évoqué comme la déception et la honte de la famille. Sarrion serra les poings sous la table, les mâchoires contractées, mais il ne tint guère longtemps.
Manquant de renverser le lourd siège sur lequel il était assis, il se leva brusquement et s'enfuit de la salle à manger sans se retourner vers ses parents. Ces derniers ne cherchèrent pas à le retenir. De toute manière, lui aussi n'était qu'une déception, un enfant geignard bien trop sensible et faible.
Evitant autant de monde que possible, il gagna les jardins dans lesquels il s'enfonça jusqu'au saule, le seul endroit où il était bien en ce monde.
Avec surprise, il constata que Ellaëdry s'y trouvait déjà. Passait-elle toutes ses heures ici ? N'avait-elle aucun autre lieu où rester ? Peu importait à Sarrion, il était simplement heureux de la découvrir ici.
Installée dans l'herbe haute et un sac ouvert à côté d'elle, elle s'apprêtait à manger la collation qu'elle s'était préparé.
Percevant les bruissements des pas de Sarrion, elle redressa un regard surpris sur lui, ne s'attendant pas à le voir si tôt, comme elle savait qu'il aurait normalement dû être occupé par ses obligations de prince.

« Tu me rejoins déjà ? S'étonna l'elfe.

- Je ne pouvais pas rester avec mes parents. Je suis parti avant même le milieu du repas.

- As-tu faim ? J'ai sûrement assez de nourriture pour deux, proposa Ellaëdry avant de se souvenir du détail de la nature de Sarrion. Oh désolée, je n'y ai plus pensé. Tu peux néanmoins boire mon sang, si tu veux.

- Non ! Je...je déteste boire du sang d'Humcréa ou d'humain, encore plus directement...à la source. Je ne veux pas t'infliger ça, jamais.

- Je sais que tu ne me feras pas de mal. Et...il paraît qu'une morsure de vampire peut être très agréable.