Chapitre 7

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Malo brûlait intérieurement, non pas réellement, mais la métaphore semblait réel.

Tout son être lui criait d’embrasser encore et encore Koa, tandis que son loup, lui, capricieux, douloureux et implacable, lui hurlait de ne faire qu’un avec lui. Sa langue, avide de compagnie, rentra en contact avec celle de l’éditeur, ce dernier soudainement pris au piège entre le corps brûlant de Malo et le mur en brique de la terrasse, soupira… un seul gémissement et le loup de Malo grogna de contentement.

Malheureusement pour Malo, son loup était dorénavant seul décisionnaire de son corps, toute réalité l’avait quitté, enfermé dans la cage de ses phéromones, il sucomba petit à petit à cette douloureuse vérité, celle qu’il avait redoutée, celle qu’il n'avait pas voulue entendre venant de sa meilleure amie : ses chaleurs étaient arrivées bien plus vite que prévu, aujourd'hui.

Une main glissant sur sa nuque et des millions de frissons prenaient position sur son corps, le froid extérieur n’avait aucune emprise sur lui, seul un besoin insoutenable d’être possédé résidait dans son esprit.

-Malo…

Sa voix grave, remplis de douceur et d'inquiétude le fit reculer, honteux, il grimaça à la douleur de la marque au creux de sa nuque, soupira face à son absence de contrôle et par-dessus tout, il esquiva coupablement le regard de Koa.

Ce dernier, loin d’être insensible s’approcha doucement, sa paume glissa comme un courant d’air frais sur la joue rougie et brûlante de Malo, une sensation de bien-être l'enivrait. L’écrivain souffla, ferma les yeux et se laissa aller contre cette douce main, l’odeur de Koa était quasiment insoutenable tellement son loup le torturait intérieurement. Une première fois, “encore une” se dit Malo, il donnait aveuglément sa confiance à Koa sans savoir que ce dernier était en constant duel avec son propre loup. Aucun mot ne pouvait décrire ce qu’il ressentait, Malo n’avait aucune intention de prévenir Koa, mais malgré ça, il restait à ses côtés, comme si l’un et l’autre communiquaient silencieusement. Et c'était le cas, leurs loups était entremêlés, jouant, dansant, s'amourachent et se câlinant tout en se rassurant, c’était d’une douceur infinie, ou seul le silence les entourait, la fougue de l’un apaisée par le contrôle de l’autre, et cette bulle renfermant une parfaite harmonie, était aussi fragile que le coeur des deux êtres vivants la constituant.

-Je ne veux pas bouger…

-Ouvre les yeux et regarde-moi s’il-te-plait. Le regard remplis de larme, Malo sanglotait intérieurement, il n’arrivait pas à contrôler ses pulsions, son envie de se jeter sur Koa prenait une fois de plus le dessus, mais il n’en dirait rien, il ne ferait rien, si ce n'est s'éloigner, refusant tout contact physique. Malo ?

-On est au travail… dans ton entreprise. C'était une vérité certe, néanmoins Malo utilisait cette excuse uniquement pour forcer Koa à ne pas l’approcher, quitte à le blesser, une fois de plus.

-C’est certain, ce qui vient de se passer n'était absolument pas professionnel.

Malo rencontra son regard, dur et intransigeant, il se pensa gagnant malgré la douleur que cela engendrait au fond de lui, il répliqua mais son souffle se coupa.

-Tu vois, toi-même tu…

-Je n’ai pas fini. Coupa la voix franche de Koa. Mais, en aucun cas je regrette, certes ce n'est pas professionnel, c’est un fait, mais j’en ai rien à faire.

-Mais…

-Rentrons au moins dans le bureau Malo, tu vas finir par choper une pneumonie.

-Ne t'inquiète pas pour moi…

-Si, bien sûr que si.

Se rapprochant avec lenteur, Malo vit toute l’empathie que Koa dégageait, ce dernier avançait doucement, lui laissant le loisir de refuser ce rapprochement s’il le souhaitait. “je devrais refuser” pensa Malo, mais la main fraîche de Koa glissa entre ses doigts, et avant qu’il n'ait le courage de le repousser il se fit entraîner à l'intérieur du bâtiment, reprenant ses esprits face à la chaleur du lieu. Malgré son corps brûlant, il sentit que les vingt degrés de plus lui faisait énormément de bien.

Cher AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant