Le vent sec giflait leurs visages, emportant une poussière mordante qui s'infiltrait jusque dans leurs poumons.
Ils avançaient depuis des jours, franchissant la terre stérile de Nérion où le silence semblait peser autant que la chaleur.
La fatigue pesait sur leurs épaules, et l'urgence se faisait sentir à chaque pas. Leurs provisions s'amenuisaient dangereusement : il leur restait à peine de quoi tenir deux semaines...en rationnant les vivres.
Les jours de lumière et de magie en Eryndor, marqués par les forêts vibrantes de vie, semblaient aujourd'hui bien lointains
Lyria marchait en tête, traînant un peu plus les pieds à chaque pas, le visage marqué par la fatigue et les privations.
Sa main, d'ordinaire ferme, tenait son épée d'un geste absent, plus pour le réconfort que pour la protection.
À ses côtés, les autres membres du groupe avançaient en silence, les visages creusés et les lèvres gercées. Tous savaient qu'ils devaient atteindre le village le plus proche rapidement, ou risquer de s'effondrer avant même d'avoir trouvé un abri.
À l'horizon, les contours des ruines de Nérion apparurent enfin.
Le paysage qui entourait l'entrée des ruines avait été tout aussi troublant.
Les rares arbres qui survivaient dans cet environnement stérile étaient tordus, leurs troncs squelettiques et décharnés pointant vers le ciel comme des doigts de pierre.
Les collines rocheuses formaient un labyrinthe naturel, presque aussi menaçant que les ruines elles-mêmes.
Elwen, l'apprentie guérisseuse, marchait juste derrière Lyria.
Ses longs cheveux blonds glissaient sur ses épaules, et son visage, d'ordinaire si serein, trahissait maintenant une fatigue évidente.
« Lyria, » murmura-t-elle doucement. « Sommes-nous sûrs que c'est la bonne voie ? Ne pourrait-on pas contourner ces ruines ? »
Lyria s'arrêta un instant, se tournant vers elle. S'ils faisaient le détour, il leur faudrait huit jours de plus pour contourner ce lieu, une durée qu'ils ne pouvaient se permettre de perdre.
Le choix était donc une évidence, malgré les dangers que cela pouvait représenter.
Ils avaient essayé de faire un portail magique pour se rapprocher du royaume des vampires mais, la magie elfique, affaiblie, s'était dissipée avant même que les runes gravées dans le sol ne s'activent complètement.
Même Galanor, qui avait autrefois ouvert des portails entre des mondes, ne pouvait plus en créer un assez grand pour les transporter tous.
Chaque fois qu'il avait tenté de puiser dans les énergies anciennes, il avait senti la résistance de la terre elle-même, comme si la magie refusait de répondre à son appel.
Aleor s'approcha de la princesse, son regard alternait entre Lyria et les ruines qui s'étendaient devant eux, un mélange d'appréhension et de frustration dans ses yeux bleus glacés.
« Lyria, nous devons nous décider. Faire un détour nous coûtera trop. »
Il fit un geste vers sa propre bourse, pratiquement vide.
« La traversée pourrait nous faire économiser ce que vous avez de vivres. Mais ces ruines ne sont pas sans dangers. Nérion... a une réputation. » indiqua Kaelen, les sourcils foncés.
Lyria acquiesça, consciente des risques, mais les regards fatigués de ses compagnons l'empêchaient de penser autrement.
Elle hésita, luttant entre son devoir de les protéger et leur besoin pressant d'avancer. Elle savait que la moindre erreur pouvait leur coûter la vie, et cette traversée risquait de les exposer à des périls qu'ils n'étaient peut-être plus assez forts pour affronter.
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L'Héritière et le Prince Noir
FantasyDans un monde où les elfes autrefois immortels voient leur magie s'éteindre, et où les machines humaines réduisent la nature en cendres, Lyria, la dernière héritière d'une noble lignée elfique, doit prendre une décision impensable. Trahie par les a...