Chapitre 8

131 24 4
                                    

 Comme Wendy s'y attendait, Clara était sortie de ses gonds le soir où elle avait appris la nouvelle. La seule raison pour laquelle elle se retenait d'exprimer sa colère comme elle l'entendait et pester sur la déesse de la magie était la présence de Matthias à ses côtés. Son fils avait déjà bien assez de son oncle pour lui apprendre des jurons, il n'était pas nécessaire que sa mère s'y mette elle aussi. Et pourtant, ça n'était clairement pas l'envie qui lui manquait.

Après la visite de Khéros, si George était toujours contre l'idée que sa petite-fille remette ne serait-ce qu'un pied à Istram, la principale intéressée était, elle, à présent plus partagée. Même si elle ne connaissait pas les raisons précises du pourquoi elle était envoyée là-bas, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'avait dit le compagnon de la déesse.

Elle essayait de la guider dans la bonne direction comme elle l'avait fait en insistant pour qu'elle étudie auprès de Garada. Ces mois passés auprès de celui qui s'était révélé être un traître n'avaient pas été simples, mais avaient empêché Lutalica de tomber entre de mauvaises mains. Le referait-elle si on lui demandait ? Après un moment de réflexion à cette question qu'elle s'était posée elle-même, la réponse était oui. Elle irait à reculons, mais elle irait tout de même, pour le bien de la ville qu'elle aimait tant.

À ce compte-là, la demande de Siguir n'était pas si éloignée de ce scénario. Elle lui demandait d'accomplir quelque chose de difficile, mais pour faire le bien autour d'elle. Après quelques heures à y penser, le temps de ne plus avoir de réaction à chaud, Wendy ne pouvait que s'accorder sur un autre point important. Auprès de la famille royale de Trémiss, elle serait en sécurité. Non pas une esclave recherchée, mais bien une émissaire intouchable.

Malgré cette incertitude qui penchait de plus en plus vers une décision d'accepter la demande, la prétendante n'en dit rien à sa famille. Vu l'état de sa sœur et de son grand-père qui, lui non plus, ne décolérait pas, le moment était malvenu pour aller contre leur avis.

Pendant le repas du soir, elle les laissa donc extérioriser tout ce qu'ils avaient sur le cœur sans vraiment intervenir, puis partit travailler ses exercices de magie continentale dans sa chambre pour penser à autre chose. Concentrée sur ses formules et ses cercles magiques, elle ne remarqua même pas le moment où les cris avaient cessé pour laisser place à un silence reposant.

À travers la fenêtre, elle pouvait voir qu'il faisait déjà nuit noire. Les cris devaient avoir cessé parce que Matthias était couché, se dit-elle tout en s'étirant sur sa chaise. Wendy allait pour se replonger dans ses études lorsque quelqu'un frappa à sa porte. Le bruit réveilla Sixircun qui, sous sa forme animale, releva la tête et se mit à chercher d'où provenait ce son.

— C'est moi, je peux entrer ? Demanda Lig depuis le couloir.

— Oui, bien sûr.

L'autorisation reçue, Lig ouvrit la porte, puis entra dans la chambre avant de la refermer. Le dragon se rendit jusqu'à Wendy, jeta un rapide coup d'œil à ce qu'elle faisait sur son bureau, puis alla s'asseoir sur le bord du lit. Sixircun n'apprécia visiblement pas qu'il s'installe ici et se leva un instant, tout ça pour se recoucher un peu plus loin, proche de l'oreiller de son invocatrice.

— Matthias n'est pas trop perturbé par ce qui s'est passé ? Vu qu'il est très sensible, ça n'a pas dut être un moment très agréable pour lui et il n'a pas dû comprendre ce qui se passait.

— Clara et moi sommes restés auprès de lui un peu plus longtemps pendant l'heure du coucher pour bien lui expliquer la situation et qu'aucun de nous n'était la cible de cette colère qui est bien plus de l'inquiétude qui s'exprime.

Wendy tome 5 : Le sacre de l'empereurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant