Chapitre 12 - Quand le ciel s'obscurcit et que la lune s'embrase

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Vous savez, j'ai toujours ressenti une étrange terreur face aux portes. Quand j'étais petit, la porte de la chambre de mes parents devenait un mur infranchissable, un rempart derrière lequel se déroulait un monde incompréhensible et brutal. Mon père frappait souvent ma mère. Je ne savais rien des raisons, ni des mots violents qui traversaient cet air lourd et pesant. Mais, en mon cœur d'enfant, un dégoût profond avait germé, une haine immobile.

Ils se sont séparés des années plus tard, me laissant seul avec ma mère et ma petite sœur dans cette maison devenue un refuge un peu trop calme.

Pourquoi les portes, alors ? Parce que cette fameuse porte, celle qui restait toujours verrouillée lors de leurs disputes, m'a gravé un souvenir ineffaçable. Derrière, je n'entendais que des cris étouffés, le sourd fracas des coups. Je tentais de l'ouvrir, cette porte intraitable, mes petites mains se heurtant à son bois froid. Mais elle restait inébranlable. Et moi, impuissant, je me mettais à pleurer, jusqu'à ce que mon père en sorte enfin, traînant avec lui une odeur d'alcool, comme si la nuit avait déjà avalé ses souvenirs. Il ne revenait qu'aux premières lueurs du matin, ensommeillé, presque méconnaissable.

Aujourd'hui, devant cette porte fermée, mon cœur résonne du même battement saccadé. Je tends la main vers la poignée. Une peur familière s'éveille, rampante. Quand j'entre, l'étrange docteur me fixe, son regard allumé d'une folie flamboyante. Lequel est-ce ? Ils se ressemblent tellement que même leurs noms se confondent dans mon esprit.

« Assieds-toi, petit. On va jouer à un jeu... Un petit jeu rien que pour toi. Ça ne sera pas long. »

Il fait glisser un pendule, une chose brillante suspendue à une chaîne dorée, et peu à peu mes paupières s'alourdissent. L'univers vacille autour de moi.

« Regarde-le bien... Ce pendule est la clé de tout . Dans quelques instants, tu ne sauras même plus pourquoi tu es ici. Même ton propre nom se dissipera, comme un rêve. Tout ce qu'il te restera... c'est ma voix. Je suis ta seule vérité. »

Sans que je le veuille, mes lèvres murmurent doucement, comme sous l'effet d'un sortilège : « J'obéis aux ordres du comte... et à ses subordonnés s'il ne est pas là. Je serai très sage et j'adorerais le comte Dravik. Je ferai tout ce qu'ils me demanderont, toujours... »

« Parfait. Maintenant, rouvre les yeux. »

Je cligne des paupières. Étrange... Que s'est-il passé ? Tout est vague, brouillé. Le docteur me dit que je peux sortir de la salle. Mais... qu'est-ce qu'il m'a fait, ce vieux fou ?

En sortant, mes yeux croisent ceux de Chloé, curieux et anxieux, cherchant désespérément à percer le mystère de ce qui vient de se passer. Mais que pourrais-je lui dire ? Il ne me reste que du vide, une ombre blanche dans ma tête.

Un rire moqueur m'accueille. Anthony ricane, tandis que Sofy, elle, le tient par le bras avec espoir, comme si ses mains suffisaient pour ancrer un souvenir. Quelle ironie amère.

Nous avons besoins de fuir cet endroit. La voix du vieillard résonne toujours dans mon esprit : « Quand la lune revêtira sa robe rouge, quand le ciel s'enveloppera de nuages noirs, il sera temps de fuir. » Mais comment savoir quand ce moment viendra ? Il me faut découvrir les secrets de ce monde.

« Chloé, je vais tout te raconter... ce qui m'est arrivé au cours de ces trois derniers mois. Prête attention. »

« D'accord, je t'écoute. »

« Je vais commencer par le jour où tu as été emmenée par les soldats... »

Quelques minutes plus tard...

Life in Wonderland  Part I - The Castle of Count DravikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant