01 - Présage

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2076, Imandry

La petite ville, fondée en 2049, dort encore sous l’ombre tranquille du lac artificiel Fany, qui scintille à quelques kilomètres de là. Le jour se lève à peine lorsque Anthony se poste devant le portail de Zo, le cœur battant d’excitation et d’impatience. Il jette un coup d’œil à sa montre : 6h20 précises. D’un geste décidé, il appuie sur la sonnette, le tintement cristallin résonnant dans le calme matinal.

Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvre sur la mère de Zo, légèrement échevelée mais souriante.

— Bonjour, Anthony ! Tu viens chercher Zo ? lance-t-elle, l’air un peu paniquée. Oh là là, ce pauvre garçon est encore au lit. Mais… attends… on est déjà l’heure de partir pour l’école ?

Anthony hoche la tête, légèrement inquiet.

— Oui, et si on ne se dépêche pas, on va être en retard.

Les yeux de la mère s’élargissent, remplis d’un mélange d’incrédulité et de consternation.

— Oh non ! murmure-t-elle en montant précipitamment les escaliers. Zo ! Réveille-toi, mon chéri ! Il est l’heure !

À l’étage, un grognement endormi se fait entendre, suivi de murmures. Puis, un bruit de pas précipités descend les escaliers. Zo apparaît, les yeux encore mi-clos, mais bien décidé à se préparer en vitesse.

— Salut, Anthony ! souffle-t-il d’une voix ensommeillée. Donne-moi une seconde, je m’habille vite fait !

Avant même qu’Anthony n’ait le temps de répondre, Zo s’élance vers la salle de bains comme s’il tentait de distancer le temps lui-même. Sa mère, dans un geste attentionné, pose devant Anthony une assiette de beignets Mofo Gasy, tout juste préparés, accompagnée d’une tasse de thé fumant. Le parfum apaisant envahit la pièce, offrant un moment de répit avant l’effervescence de la journée.

Peu après, Zo revient en uniforme, parfaitement apprêté : pantalon noir, chemise blanche, et nœud bien ajusté

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Peu après, Zo revient en uniforme, parfaitement apprêté : pantalon noir, chemise blanche, et nœud bien ajusté. Il attrape son cartable, souriant à son ami.

— Merci pour le petit-déjeuner, Madame ! s’exclame Anthony, les yeux pétillants.

Les deux amis quittent la maison, leurs pas rapides résonnant sous le ciel matinal, emplis de l’excitation des découvertes à venir.

Sur le chemin, le regard de Zo s’illumine.

— Anthony ! Tu ne vas jamais croire ce que j’ai trouvé sur New Tube hier soir !

Anthony, intrigué, lève un sourcil.

— Ah oui ? Qu’est-ce que tu as découvert ?

— En 2034, les Américains ont envoyé des gens vers une planète située à vingt années-lumière de la Terre. Ils les ont cryogénisés, et ils devraient arriver dans cent ans, pile. Tu te rends compte ?

Anthony éclate de rire.

— Et ça t’étonne ? Ils ont déjà envoyé un vaisseau hyper-rapide il y a deux ans.

— Oui, mais… la Terre a perdu contact avec ce vaisseau la semaine dernière. Personne ne sait ce qui leur arrivera d’ici les soixante prochaines années !

— Dans soixante ans, on sera probablement déjà morts, ou au mieux des vieillards.

— Mais pense à ça : ils auront toujours l’âge qu’ils avaient en quittant la Terre. Ils n’auront pas vieilli d’un jour !

Anthony rit encore plus fort.

— Dans ce cas, quand je serai adulte, je me ferai cryogéniser jusqu’en 2200 ! Je veux voir le futur de mes propres yeux.

— Et si personne ne te réveille, ou que le monde a déjà pris fin ? Tu te retrouveras tout seul.

— On verra bien ! Mais regarde, voilà Sofy et Chloe !

Les deux filles les rejoignent, les saluant joyeusement.

— Salut, les garçons ! lance Chloe. On est presque en retard, dépêchez-vous !

6h47. Les portes de l’école se referment juste derrière eux avec un grincement sinistre. Le gardien, un homme à l’air sévère, les observe d’un œil perçant.

— Donnez-moi vos cartes d’étudiant, annonce-t-il d’une voix grave. Vous ferez le nettoyage de la cour après le rassemblement.

Chloe soupire, mais son sourire trahit un léger soulagement.

— Ouf ! On a eu chaud.

Ils se hâtent vers la cour, se mêlant aux autres élèves qui attendent déjà en silence le début de la cérémonie. Les voix s’unissent pour chanter l’hymne national, puis celui de l’école, créant un moment solennel et vibrant.

Tout semblait normal, mais soudain, des nuages épais et sombres s’accumulent au-dessus de la cour. Une lueur rougeâtre éclaire le ciel, puis un éclair rouge jaillit, déchirant l’atmosphère avec un bruit fracassant. Les élèves lèvent les yeux, captivés par cette vision étrange et effrayante. Une forme se dessine dans les nuages, effrayante et improbable : un gigantesque crâne suspendu dans le ciel.

Les murmures s’arrêtent, remplacés par un silence glacé. Chacun ressent, sans vraiment le comprendre, que ce présage est le signe d’un danger insidieux… un mystère qui ne demande qu’à être découvert.

À suivre...

Life in Wonderland  Part I - The Castle of Count DravikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant