Un ange passe

Chapitre 31

Mes yeux s'ouvrirent sans que ma tête ne se réveille vraiment. Je pouvais sentir la présence d'Amos à mes côtés. La douleur me lançait toujours mais les hurlements dans ma tête avaient cessé.

—Philomène ? Tu te sens mieux ?

Je ne savais pas combien de temps j'avais perdu connaissance, mais la mine fatiguée du roi me donnait un indice.

—Oui, murmurais-je

—C'est la première fois que tu ressens ça ?

—Non, la troisième.

Son visage fermé m'interloquait.

—Tu sais pourquoi je ressens ça ? m'exclamais-je en me redressant subitement.

—Philo...Fais attention, tu ne devrais pas te relever si violemment, ronchonna-t-il.

—Répond-moi Amos, le suppliais-je

Il regarda ailleurs en soupirant puis planta son regard dans le mien.

—Tu as ingéré du poison.

Je restai interdite en attendant la suite. Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler mais certaines manquaient encore.

—Tu me dis que c'est la troisième fois et je pense que ce n'était pas volontaire... As-tu des idées concernant la personne qui aurait pu te faire ça ?

—Et bien, commençais-je timidement, j'ai reçu une lettre de menace il y a quelques jours. Cela disait "Je t'ai déjà averti alors sors de sa vie ou une autre périra". J'avoue que je soupçonne Octavia.

—Octavia ? Pourquoi cela ?

—Parce que le mot se trouvait sur le lit dans lequel je devais dormir cette nuit-là. Elle était la seule à y avoir accès.

Il réfléchit un moment. Ses yeux noirs bougeaient à mesure qu'il analysait ses pensées. Il était beau comme cela et je ne pouvais me le cacher. Je me sentais calme avec lui, en sécurité. Je savais qu'il serait toujours là pour moi, du moins, je l'espérais.

—Peut-être que c'est Octavia mais de qui voudrait-elle t'éloigner ?

—Je ne sais pas...

—J'ai ma petite idée mais je préfère ne pas t'en parler pour le moment. Je te le dirai quand j'aurai des preuves.

—J'imagine que je ne peux qu'accepter.

Il hocha la tête puis se leva. Il me tendit une main que j'acceptai volontiers et m'appuyai dessus pour me relever. Il attrapa ma taille pour me stabiliser ce qui me fit rougir mais par chance, il ne me fit aucune remarque dessus.

—J'ai une proposition à te faire, déclara-t-il soudainement

—Oui ?

—Si la personne qui te veut du mal est réellement celle à laquelle je pense, elle ne s'arrêtera pas. Je ne peux pas te laisser seule face au danger mais je ne peux te forcer à rien. Alors je me dois de te demander. Est-ce que tu voudrais venir habiter dans mon château quelque temps ?

Cette proposition me laissai bouche-bée. Que répondre lorsqu'un roi nous proposait de vivre dans son château ? Personne ne nous apprenait ça. Pouvais-je refuser ? Qui s'opposerait à un roi ? Mais, avais-je vraiment envie de refuser ? Cette idée de vivre avec lui, même pour une courte durée, me réchauffait le cœur. Sans même parler de lui, la vie de princesse me faisait rêver et je ne pouvais le nier. Même si je n'étais pas traité comme une noble, je vivrais dans un château, et cette simple pensée me poussa à accepter.

—Tu peux prendre du temps pour...

—Je suis d'accord, le coupais-je

Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit, de toute évidence il ne s'attendait pas à une réponse aussi soudaine. Il se reprit aussitôt et sourit.