Chapitre 17

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Je percevais la lumière à travers mes paupières fermées. Je venais de me réveiller et déjà la douleur me lançait. J'avais mal partout : la tête, la mâchoire, la nuque, les bras, le bassin, les jambes. Mon corps entier me faisait souffrir. Je peinais à ouvrir les yeux mais je finis par réussir. Mon regard brouillé passait la pièce en revue, où me trouvais-je ? En réunissant les dernières forces dont mon corps cassé disposait, je m'assis sur le sol froid. C'est seulement lorsque je tournai lourdement la tête et que j'aperçu l'escalier que tout me revint.

L'esprit encore embrouillé, je tentais de me lever. Mes jambes tenaient à peine sous mon poids et je dû me tenir aux murs. Une douleur aux côtes me fit me plier en deux, j'aperçue alors quelques gouttes de sang séchées sur le parquet. Dans quel état pouvais-je bien me trouver ? Je montais prudemment les marches afin de me rendre dans la salle de bain. Je découvris dans le miroir un visage exsangue et souillé de bleus et de tâches rouge. Je me déshabillais difficilement mais énergiquement car la peur me gagnait. Mon corps s'avérait recouvert de d'ecchymoses dont la couleur se tournait plus vers du violet et du vert que vers du bleu. De longues griffures roses et cramoisies envahissaient mes deux bras. Et des plaies ouvertes et sanguinolentes étaient apparus sur mes genoux.

Pourtant, ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus. Le souvenir de ces rires d'enfants torturait mon esprit ainsi que tous les symptômes étranges ressenti la veille. La maison habitait des fantômes, aucune autre explication possible. J'allais bel et bien devoir retourner chez la vieille folle dans le royaume des Perce-neiges. Je devais essayer tous les moyens pour comprendre ces phénomènes loufoques qui se jouaient dans ma maison. J'avais l'impression d'être dans un mauvais rêve sans fin.

Des coups sur la porte interrompirent mes pensées. Je me rhabillais aussi vite que le permettait mon corps abimé, avant d'aller ouvrir la porte. Je tombais nez à nez avec un garde. Son armure grinça quand il me remit une lettre.

-Lettre du roi des Perce-neiges. Il m'a demandé de vous la remettre en main propre.

-Euh, merci je suppose.

L'homme me dévisagea quelques secondes en silence.

-Avez-vous besoin de soin ? demanda-t-il

-Excusez-moi ?

-Vous ne semblez pas en très bonne santé. Voulez-vous que j'appelle des médecins ?

Son discours était mécanique comme s'il ne ressentait aucune émotion. Alors je refusai ça proposition et refermai la porte, la lettre à la main. Je l'observais. Elle possédait une couleur jaunie avec un seau rouge comme dans l'ancien temps. Je l'ouvris délicatement et retirai le contenu de l'enveloppe. L'écriture calligraphiée dansait presque devant mes yeux et je souriais déjà.


Ma très chère Philomène,

En vous regardant danser hier soir, j'ai remarqué que vous ne connaissiez pas les pas. La prochaine fête sera en l'honneur de ma saison et j'aimerais vous voir y danser réellement.

De plus, notre discussion m'a beaucoup plu et je voudrais en apprendre davantage sur votre personne. Acceptez-vous de me rejoindre ce soir, dans mon palais ?

En espérant vous voir prochainement,

Amos


« Ce soir ? » pensais-je « mais je suis incapable de danser, je peux à peine marcher ! » Cependant, je me voyais mal refuser l'invitation d'un roi. Comment-faire ? D'autant plus qu'avec le froid glacial de son royaume, j'en ressortirais pire encore.

Un ange passeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant