PROLOGUE

7 4 4
                                    

Trois ans auparavant...

Je me tenais dans le couloir de mon lycée, un lieu qui aurait dû être un refuge, mais qui s'était transformé en un véritable enfer. Les murs pleins de couleurs vives et de dessins d'adolescents, semblaient maintenant se refermer sur moi, me piéger dans une réalité que je n'arrivais plus à supporter.

Chaque jour, je faisais face à la même bande de filles qui avaient décidé de faire de ma vie un calvaire. Ce jour-là, alors que je marchais avec la tête baissée, je les entendis rire, ce rire aigre qui annonçait une nouvelle vague d’insultes.

-Regardez-la, c’est Lily, l’Italienne ! lança Élodie, la leader du groupe, ses yeux pétillants de malice. Tu devrais vraiment retourner chez toi, on ne veut pas de ta sauce tomate ici !

Les autres éclatèrent de rire, leurs visages illuminés par la cruauté. Je sentais mes joues s’enflammer de honte et de colère. Les mots se frayaient un chemin dans mon esprit, comme des poignards qui me transperçaient.

Je tentais de garder la tête haute, de faire comme si je ne les entendais pas, mais les insultes résonnaient dans ma tête comme un écho incessant.

-Pourquoi tu ne retournes pas chez toi, hein ? On a assez de problèmes ici sans toi ! ajouta Camille, une autre membre du groupe, ses bras croisés, affichant un sourire triomphant.

Je ne pouvais pas m'empêcher de les regarder, de voir la joie dans leurs yeux alors qu’elles me faisait soufrir. Je voulais répondre, leur dire que je n’étais pas ce qu’elles décrivaient, mais ma voix restait bloquée dans ma gorge, étouffée par la peur.

Il y avait un autre garçon qui passait, celui dont je rêvais en secret, Lucas, la star du lycée. Quand il était là, tout semblait plus facile, comme si sa simple présence pouvait faire disparaître mes peurs. Mais même lui n’était qu’un spectateur, insensible à la douleur que je subissais. Ce jour-là, alors qu’il passait à proximité, Élodie se tourna vers lui, un sourire malicieux sur les lèvres.

-Hé Lucas, regarde ! On a une nouvelle attraction, la belle Italienne, Lily ! T’es sûr que tu veux pas essayer, tu sais, pour voir si ça vaut le coup ?

Les rires redoublèrent, et je sentis mon cœur s'effondrer. Il n'entenda pas, musique à fond dans ses écouteurs. Je pouvais de ma place facilement entendre sa musique. Creep de radiohead.

Les filles continuèrent à s’en prendre à moi, me lançant des remarques sur mon apparence, mes vêtements, ma façon de parler.

-On dirait que tu as pris un avion pour venir ici, comme si ta culture importait vraiment à quelqu'un.

Une autre ajouta :
-Si t’étais moins différente, tu aurais des amis, tu sais. Mais avec cet accent, qui voudrait de toi ?

Je détestais ces moments où je me sentais si seule, si insignifiante. Je pensais que les choses changeraient en grandissant, que l’adolescence finirait par m’apporter la confiance que je cherchais désespérément. Mais chaque jour était une nouvelle bataille, un nouveau rappel de mes différences.

Et puis, un jour, tout changea. Alors que je faisais face à ce groupe, je me sentais prête à craquer. Les larmes aux yeux, je savais que j'avais besoin d'un sauveur, quelqu'un qui me sortirait de ce cauchemar. C’est à ce moment-là qu'il fit son apparition.

La porte du couloir s'ouvrit, et Lucas entra, rayonnant. Mes jambes se mirent à trembler. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'il m'aperçoive. Il était si charismatique, si sûr de lui. Mais tout changea rapidement.

-Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il, sa voix forte attirant l’attention. Les filles se turent, leurs rires se figeant sur leurs visages. Elles baissèrent le regard, comme si sa présence avait eu un effet magique sur leur cruauté.

Il s'approcha de moi, et tout ce que je pouvais entendre était le battement de mon cœur, à la fois plein d'espoir et d’angoisse.

-Pourquoi tu es seule ? me demanda-t-il doucement, une tendresse dans ses yeux qui me déstabilisa.

Mais alors qu’il me prit dans ses bras, tout changea à nouveau. L’étreinte qui devait être réconfortante devint un piège. Je ne comprenais pas, mais quelque chose n'allait pas. Il me déposa doucement, mais son regard, ce regard que j’avais tant désiré, se transforma en quelque chose d'obscur.

Tout se passa si vite. Alors que je pensais qu’il me protégerait, il m'entraîna dans une réalité que je n’aurais jamais imaginée. Mes cris restèrent coincés dans ma gorge alors qu'il me déshabillait. Je me débattais, mais sa force était écrasante. Tout ce que j’avais espéré, tous mes rêves, s'effondrèrent dans cette obscurité.

Je réalisai que ce moment, celui que j'avais attendu si longtemps, était devenu mon pire cauchemar. Dans un instant, tout fut brisé. La joie de vivre que je croyais trouver s'était transformée en une douleur insupportable, un vide que je ne pourrais jamais combler. Je compris que la confiance, cette chose si précieuse, pouvait se transformer en un poison. Et, à partir de ce jour, je resterais marquée à jamais.

Dans le couloir de ce lycée, je perdis une partie de moi-même. Je ne serais plus jamais la même. L'Italienne, la victime, celle qui avait cru au sauveur. Ce jour-là, j'appris que derrière les sourires se cachaient souvent des monstres, et que même les plus beaux rêves pouvaient se transformer en cauchemars.

Mon beau voisin, Roi des connards Où les histoires vivent. Découvrez maintenant