CHAPITRE 3

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Je pose Momo sur le coussin, l'embrasse et me lève. J'ai dit que je voulais me reconstruire. C’est le moment de le faire sérieusement. Qui dit mieux que de sortir ? Seule ? Dans le noir ? Génial pour une fille qui a perdu sa virginité sans consentement.

À mon rythme, même un lampadaire devient suspect.

Bref.

Je me lève, attrape ma veste en jean, fourre mon inhalateur dans ma poche et m'approche de ma porte. Ma main tremble sur la clenche. Je ne trouve pas le courage nécessaire pour continuer ma route. C'est trop difficile.

Non, je peux le faire. Au pire, j'ai mon téléphone. Je peux toujours appeler So' si jamais. J'ouvre cette putain de porte et commence à sortir.

Dans l'escalier, un bruit inattendu me fait sursauter. Des gens. Des garçons, même. Et une délicieuse odeur de pizza flotte dans l'air, me rappelant des moments simples et heureux.

Évidemment, il fallait que je tombe sur l’étalon du quartier dès ma première tentative de sortie en solo. Il aurait pu y avoir des petits vieux avec des caniches, mais non, ça aurait été trop facile.

Je descends lentement et tombe sur deux garçons. Le premier, qui tient les pizzas, est grand et musclé, son sourire lumineux contrastant avec ma nervosité. L'autre, plus mystérieux, cache ses yeux sous une frange.

— Salut, toi, lance le premier avec un sourire séducteur.

— Salut.

Il passe les pizzas au deuxième gars.

— Tu habites ici ?

Je hoche la tête, et il continue :

— Tu fais quelque chose demain ?

Oui, demain, je vais probablement pleurer sur ma vie en écoutant Adele en boucle. Mais merci pour l’intérêt.

— Oui, je sors avec mon copain.

C'est faux. J'ai absolument pas de copain et, justement, je n'en veux pas alors comme j'ai cette fâcheuse tendance à ne pas savoir dire non, je mens.

Il renifle, l’air faussement triste.

— Viens, Sacha. On y va.

Ils partent, et je reste là, hésitant à faire demi-tour. Non, je dois continuer. Un petit pas pour... les gens normaux, un grand pas pour moi.

Une fois hors de l'immeuble, je sors rapidement mon inhalateur, histoire de l'avoir en cas de problème, c'est à dire probablement d'ici cinq minutes maximum.

Allez, Lily, un pied devant l’autre. Tu es une femme forte, indépendante... qui préfère son canapé et Momo, mais bon, c’est un début.

Je marche prudemment, évitant les rues trop étroites. Mon téléphone vibre, me faisant sursauter. La tête de Sofia s'affiche sur mon écran. Mon héroïne !

— Allô ? dis-je, la voix à moitié tremblante.

— Allô !! T'es où, là ?

— Dehors.

Un silence écrasant s'installe. Même le silence semble plus bruyant.

— Genre. Toi, seule, dehors, dans la nuit ? Tu me prends pour une conne ?

Je souris, fière de ma bravoure. Je décroche et lui fais un appel vidéo.

Ma meilleure amie écarquille les yeux.

— Woua. Élisabeth Parker !!! Tu m'étonneras toujours... On fête ça demain midi.

Je hoche la tête, un sourire sur le visage.

Mon beau voisin, Roi des connards Où les histoires vivent. Découvrez maintenant