Juste un seul

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Elise.

Nous avons veillé toute la nuit.
Quand nous sommes rentrés hier soir, Jack m'a aidé à faire ma valise pour deux semaines et après nous avons discuté de tout et de rien.
La, nous sommes à l'aéroport, je ne veux pas partir sans lui, mais ai-je vraiment le choix ?
Jack me serre dans une étreinte affectueuse et mes yeux s'humidifient. Je passe mes bras autour de son dos et mon cœur se serre en pensant que pendant deux semaines, je ne le verrai pas.
Quand notre étreinte se termine, je passe la main dans sa nuque, me met sur la pointe des pieds et l'embrasse, il me retourne le baiser et nous nous séparons.

-Tu vas me manquer, avouai-je émue.
-Toi aussi, annonce t'il.

Si je veux être à l'heure, je dois passer les contrôles maintenant. Alors je m'éloigne de lui à reculons puis finis par tourner la tête.
Mon cœur me fait mal.
Je passe le portillon et lui fais de grands signes d'au revoir avec mes bras, il me les renvoies et je m'avance jusqu'à ne plus pouvoir le voir.
Je passe les contrôles de façon absente, je me rapproche du moment où je vais être confrontée à la réalité. Voir mon père, dans son cercueil.
Je vais devoir choisir les fleurs,
Les vêtements,
La musique,
Le cercueil,
Tout.
Et je ne suis prête à rien.

***

En ce qui m'a semblé être un claquement de doigt, me voici dans l'aéroport où ma mère m'attend avec une pancarte, elle affiche un sourire sur son visage, mais la peine et le deuil y sont inscrits sur tout son visage. Dans ses traits, ses yeux vides, ses lèvres gercées, sa peau livide, ses cernes violacées, jusqu'a ses cheveux emmêlés. Elle qui prenait si soin de son apparence...
Je la salue d'une étreinte rapide qu'elle me renvoie faiblement, puis elle fond en larmes. Je la rassure comme je peux et ne craque pas une fois. Nous rentrons à la maison dans une ambiance morose et triste, sans joie, sans vie.

-Tu m'as manqué, me dit ma mère d'une voix rauque. Comme si elle n'avait pas parlé depuis que je l'avais eue au téléphone.
-Toi aussi.

Nous entrons dans la maison et des cartons sont entassés dans le couloir.
Les affaires de papa...
L'inscription « Will » est inscrite sur chacun des cartons, par la main de ma mère.
William Black, mon papa...
Je ne reverrai plus jamais son sourire éclatant à chaque plaisanterie, ni ses yeux similaires aux miens dans leurs couleurs qui se plissent quand il rit, contrairement aux miens et à ceux de ma mère.
Ma respiration s'accélère et se hache, j'annonce à ma mère que je vais dans ma chambre et je monte rapidement les escaliers, les joues gorgées de larmes.
Je verrouille la porte et appelle Jack.
Une sonnerie, puis deux, puis trois, puis sa messagerie.
Non... s'il te plaît... j'ai besoin de toi... réponds moi.
Je le rappelle, mais je tombe toujours sur sa messagerie, alors je lui laisse un message.

-J-Jack... r-réponds moi S-s'il te plaît...

Je raccroche et me laisse tomber contre le mur.
J'ai pensé à appeler Jenna, mais je ne veux pas la déranger avec mes problèmes, elle ne comprendrait pas que je ne lui ait rien dit jusque là. Et elle me regarderait différemment. Je ne veux pas passer pour la personne qui se plaint à longueur de journée.
Je rappelle une dernière fois Jack, mais c'est toujours sa messagerie qui m'accueille.

-R-rappelle moi dès que tu peux... d-d'accord ? Dis-je entre deux sanglots.

Je raccroche et ma crise d'angoisse s'amplifie, je me sens perdre pied et j'ai l'impression de suffoquer.
Pas réel...
C'est pas réel...
On ne peut pas mourrir d'une crise d'angoisse...
Malgré mes tentatives pour me rassurer, de nombreuses larmes inondent mes joues et ma respiration est erratique.
Je vais mourrir...
Je passe mes mains tremblantes devant mes yeux et finit par me boucher les oreilles, mes genoux repliés sur mon ventre.
J'attrape à nouveau mon téléphone et recompose le numéro de Jack.
Tu es mon dernier espoir...
Mais encore une fois, ça sonne dans le vide.

Heaven In HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant