Les bras d'Erden m'entourèrent délicatement tandis que mon corps évacuait le trop plein de frayeur accumulées pendant les dernières heures. Ce qui était bien avec lui, c'était que je pouvais devenir le petit garçon que je n'avais jamais pu être. Je pouvais venir chercher réconfort et protection sans me voir rejeter de façon abrupte... Pour moi qui n'avait pas eu la chance de connaître ça plus jeune, c'était tout aussi grisant que terrifiant. Car, au fond de moi, j'avais l'impression de lui donner un pouvoir qui, a tout moment, pourrait me briser plus que n'importe quelle insulte.
— Chut... Ca va aller maintenant. Veux-tu qu'on aille se poser dans un jardin d'agrément ? Je te promets d'en trouver un sans bassin.
Je hochais la tête de manière misérable alors que mon corps s'engourdissait de plus en plus dans une gangue de froid. Face à mon côté amorphe, Erden passa sa main dans mes cheveux afin d'atteindre mon front. Sa main était incroyablement chaude et je tentais de m'y accrocher le plus possible. Aussi ne pus-je empêcher de gémir quand il la retira en sifflant.
— Par Variesta, Toïren, tu es glacé ! Viens par ici !
En un mouvement fluide, je me retrouvais perché dans les bras d'Erden alors que je perdais de plus en plus mes forces. Ma tête tomba mollement sur l'épaule d'Erden et je m'autorisais à juste profiter de cet instant à me faire dorloter. Une voix sèche mais reconnaissable entre mille fit s'arrêter mon porteur:
— Eh, toi ! Où penses-tu l'emmener ?
Je tournais difficilement la tête pour apercevoir Son Irritable Altesse s'avancer vers nous en tenue d'Adam. Comme à son habitude, il ne faisait preuve d'aucune pudeur mais, heureusement pour moi, les omirshas avaient l'air aussi choqués que moi. Plusieurs s'élancèrent donc à sa poursuite en lui tendant serviettes et peignoirs pour cacher sa royale virilité.
Il enfila un peignoir blanc léger de manière désinvolte et s'arrêta face à Erden en posant ses poings sur ses hanches.
— Réponds !
— Altesse, répondit Erden avec déférence. Ce jeune homme a besoin de soins un peu particulier. Je l'emmenais donc afin de les lui procurer.
— Ne peux-tu pas les lui administrer ici ? Si tu n'en es pas capable, laisses faire l'un de tes confrères. Je pense que vous êtes suffisamment nombreux dans cette pièce pour que vous puissiez le soigner ici-même !
— Avec tout le respect que j'ai pour mes frères, je crains qu'ils ne soient d'aucune utilité pour ce jeune homme. Je vous prie donc de bien vouloir m'excuser mais je vais me retirer afin de faire ce qui doit être fait.
Je paniquais en sentant Erden s'incliner poliment, craignant de m'exploser la tête sur le sol vu le peu de force qu'il me restait. Il n'attendit pas plus longtemps pour tourner le dos au Prince, mon état devant l'inquiéter pas mal. Mais Sa Capricieuse Altesse n'avait pas dit son dernier mot. Je sentis sa poigne ferme sur mon bras et je me sentis tanguer un instant jusqu'à ce qu'Erden se stoppe dans son élan.
— Cet idiot ne va nulle part. S'il a besoin de soins, tu les lui feras ici, sous ma surveillance. Me suis-je bien fait comprendre ?
— Vous n'avez malheureusement aucun droit sur les patients dans l'enceinte de ce temple, Votre Altesse. Je vous demanderai donc de bien vouloir le lâcher afin que je puisse faire mon travail.
Alors que Sa Mulesque Altesse allait répliquer, la voix d'Aaron résonna dans la pièce. Je le vis arriver en compagnie du Supérieur qui, après m'avoir décerné un regard mauvais, fit un sourire mielleux et faux à l'attention du Prince.
— Ne vous inquiétez pas, Votre Altesse. Erden est certes l'un de nos plus jeunes solgneurs, il n'en reste pas moins l'un des meilleurs. Il saura prendre soin de ce... jeune homme.
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Les enfants d'Omiiya
Fantasy"Vivre, ce n'est pas se résigner" Albert Camus. Les humains les martyrisent, les dieux sont indifférents à leurs souffrances. Penser différemment fait peur mais naître différent des autres est terrible car le jugement ne se porte plus sur une idée m...