J'avais comme la désagréable impression de flotter hors de mon corps, comme si ce dernier se mouvait de par sa propre volonté. Les couloirs que j'empruntaient me disaient quelque chose sans que je les reconnaisse pour autant. A une intersection, j'hésitais un bon moment, tiraillé par la douleur à la base de mon crâne ou une sensation de bien-être infini. Finalement, mon corps se décida à emprunter le chemin de la douleur comme si cette dernière n'était qu'une vieille amie de longue date. Je marchais encore un long moment dans cet état avant de finalement perdre cette sensation. Cette dernière disparu... comme par magie.
***
J'étais bien au chaud sous ma couette, seul endroit qui m'assurait une sécurité toute relative mais tellement bienvenue, lorsqu'une grosse voix vint exploser à mes oreilles. J'entrouvris alors un œil fatigué et tombais sur un homme roux et barbu de très petite taille qui se mit à jurer comme un charretier.
— Qu'est-ce que c'est que cette... ?! Mais qu'est-ce qu'il fout là, celui-là !
Je m'éveillais alors complètement et tentais de me lever rapidement. J'échouais malheureusement, glissant sur la montagne de pièces d'or sur laquelle je dormais. Ces dernières chutèrent dans un brouhaha terrible alors que je les regardais, démuni.
— Qu'est-ce que je fais là, demandais-je. Et on est où ?
— Moi aussi j'aimerai savoir ce que tu fous dans la salle des coffres, gamin.
— Hein, demandais-je bêtement.
La voix était aussi glaciale et mordante que la neige qui tombait l'hiver sur les montagnes de Torgavesti. Si l'envie de faire le malin m'avait effleuré l'esprit, cela se serait vite arrêté face à l'attitude de l'homme devant moi. Enfin... vu sa taille, j'avais du mal à définir s'il était un enfant avec beaucoup de pilosité ou un homme adulte vraiment petit. Avec une rapidité dont je ne me serais pas douté, il attrapa ma main et me força à le suivre hors de la pièce. Là, il me poussa sans ménagement dans les bras d'un garde qui se trouvait là.
— Vous m'expliquez pourquoi je suis obligé de faire votre boulot ?! Votre mission est simple, non ? Ne laisser entrer personne dans la salle des coffres à moins que celle-ci ait une autorisation écrite. Comment ce gamin est entré ?
Sa voix claqua et je fus surpris que quelqu'un d'aussi petit puisse avoir autant de puissance dans la voix. Les deux gardes qui étaient là n'en menaient pas large et je devais avouer que je ne pouvais pas vraiment me moquer d'eux vu que je leur ressemblais.
— Vous avez perdu votre langue ou quoi ! Emmenez-moi ce clodo dans une geôle et plus vite que ça !
Alors que les gardes allaient m'embarquer, je me décidais enfin à sortir de ma torpeur. Je me dégageais donc et montrais la tresse ornée de bijoux que m'avait offert Ahidan.
— Je ne suis pas quelqu'un de suspect ! Je suis sous la tutelle d'Ahidan. Emmenez-moi à lui et il vous confirmera que je dis vrai !
— C'est ça... Et qui nous dit que tu n'as pas volé cet ornement, me questionna le petit homme avec suspicion.
— Ahidan vous le dira. Et si vous avez peur de le déranger, vous pouvez toujours demander au Capitaine Ulrich ou à Alahna.
— Et bien, vu que tu es si sûr de toi, on va s'empresser de confirmer tes dires ! En route ! Oh, et c'est Sire Ahidan pour toi !
Il avait beau être le plus petit parmis nous, il ne faisait aucun doute qu'il nous était supérieur d'un point de vue hiérarchique car les deux soldats se mirent au garde à vous avant de me pousser à sa suite. Je m'exécutais donc en grimaçant. Ils n'étaient pas forcément au courant de ma blessure mais je me serais bien passé de leur main appuyant dessus... Je croisais les doigts pour que la suture n'ait pas sauté et que Clayton dût me recoudre. Vraiment, je passais mon tour ! Une fois mais pas deux !
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Les enfants d'Omiiya
Fantasy"Vivre, ce n'est pas se résigner" Albert Camus. Les humains les martyrisent, les dieux sont indifférents à leurs souffrances. Penser différemment fait peur mais naître différent des autres est terrible car le jugement ne se porte plus sur une idée m...