Chapitre 3

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J'émergeai lentement du brouillard, mes pensées complètement embrumées... Avec difficulté, je tentais d'ouvrir les yeux malgré les martèlements douloureux de ma tête. Heureusement pour moi, je me trouvais dans la pénombre ce qui ne m'explosa pas violemment les yeux quand j'arrivais enfin à les ouvrir. Une toute petite lucarne tentait vainement d'éclairer la pièce minuscule dans laquelle je me trouvais, les rayons de lumière n'atteignant même pas ma couchette alors qu'elle se trouvait dans l'axe. Le balancement incessant que je ressentais dans tout le corps commença à m'interpeller, me paniquant de plus en plus. Pourquoi diable ma chambre tanguait-elle ? Et d'ailleurs, qu'était-il arrivé à ma fenêtre pour qu'elle fût aussi petite d'un coup !

— Bon sang, mais qu'est-ce qui ce passe ?! Où est-ce que je suis encore ?

Une ombre se mût sur ma gauche et, surpris, je poussai un cri digne d'un poussin en m'écartant violemment du danger. En y regardant de plus près, je vis un homme immense dont le visage ne m'était pas inconnu... C'est alors que les récents événements me revinrent en tête tel un boomerang : Ahidan, mon entrevue improbable avec le bailli du seigneur Tsepef, le voyage jusqu'à Iernut et enfin, notre fuite à travers la ville pour atteindre le navire du royaume de Tonymôr. Même si je ne l'avais que brièvement croisé lors de notre débâcle, l'impression qu'il m'avait laissé ne pouvait que me marquer : Erden, l'armoire à glace au regard de tueur. Avec horreur, je me rendis compte que ce que j'avais alors pris pour ses cheveux au premier abord était en réalité de multiples tatouages entrelacés sur un crâne entièrement chauve. Ma peur fut pourtant de courte durée car il se cogna la tête en se levant pour m'approcher. Un rire nerveux me prit. Ne pas rire... Ne pas rire. La cabine que j'occupais était basse sous plafond et ce ne devait pas être facile tous les jours de vivre avec cette taille.

— Mince... j'avais oublié que c'était si bas. Comment te sens-tu ? Je suis Erden, celui qui t'a soigné, m'expliqua-t-il.

Pour autant, je ne me concentrais pas sur ses propos, trop déconcerté par sa voix. Aigüe, claire et fluette, elle ne correspondait absolument pas au gabarit de l'homme. Le rire que j'avais jusqu'à présent réussi à contenir éclata finalement au grand jour. Erden me regarda, décontenancé avant de me sourire gentiment. Définitivement, son comportement et sa voix ne correspondaient absolument pas à son apparence !

— Je suis content que tu ne sois pas effrayé, m'avoua-t-il. D'habitude, les gens ne réagissent pas aussi bien en me voyant.

Je tentais de lui répondre mais je ne pus que hoqueter de rire. Patient, Erden attendit tranquillement que je fusse calmé pour m'ausculter.

— Comment va ton pied ? Et ta tête ? Tu ne t'es vraiment pas raté, tu es resté inconscient trois jours tout de même.

Cette nouvelle me coupa tout envie de rire et je me concentrai enfin sur lui.

— Trois jours ?!

— Trois jours, acquiesça-t-il. Je m'inquiétais de ne pas te voir te réveiller. Je t'ai appliqué un cataplasme d'arnica pour soulager la douleur et résorber l'hématome que tu as à la tête et je t'ai également fait boire une infusion de feuilles de camomille pour calmer les douleurs. Ton pied était juste légèrement foulé donc je pense que tu pourras marcher sans soucis vu le repos que tu t'es involontairement octroyé.

— Trois jours ! Mais il se passe beaucoup de choses en trois jours ! Et Ahidan ? Et Ulrich ? Qu'est-ce qui leur est arrivé ? Ahidan m'a lâché pour rejoindre Ulrich mais...

— Calme-toi, petit. Ils sont tous les deux en sécurité à bord. Quand tu as heurté le bastingage, nous venions de nous débarrasser de vos poursuivants avec Ulrich. Nous vous avons donc rejoint rapidement et j'ai pu m'occuper de toi. Ahidan était complètement paniqué à tes côtés... Ulrich a été obligé de l'emmener de force dans sa cabine.

Les enfants d'OmiiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant