Chapitre 6 : Ethan

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Cette fille est une emmerdeuse de première. Elle a réussi à me mettre hors de moi alors que je ne la connais que depuis deux heures. C'est pour ça que je me tiens toujours éloignée de la gent féminine. Elles pensent pouvoir nous séduire avec un battement de cils ou en balançant leurs cheveux derrière une épaule dénudée. Manque de bol pour elle, elle est tombée sur le mauvais type.

Elle émet un ronflement et tressaute légèrement. Le plaid qu'elle avait placé sur elle avant de s'endormir glisse le long de ses bras. La température est basse, des frissons parsèment sa peau. Peau qui a l'air incroyablement douce. Ses longs cheveux brillent sous le faible éclairage de la cabine, de légères paillettes encadrent ses yeux.

Je détourne rapidement le regard et secoue la tête pour me remettre les idées en place. Qu'est-ce qui me prend ? Je ne m'arrête jamais à ce genre de détails. Je m'efforce de rester insensible, comme toujours. Mais là, cette fille, sans que je le veuille... Non. Je m'en fiche, c'est certain. J'ai simplement été déstabilisé par sa répartie. Je n'ai pas l'habitude qu'on me tienne tête comme elle l'a fait. Du moins, ce n'est pas arrivé depuis bien longtemps.

- Je t'ai tout donné Ethan, mon cœur, mon corps, mon âme ! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Lisa jette avec rage mes vêtements qui étaient, il y a quelques minutes encore, parfaitement pliés dans le dressing. Ses yeux sont gonflés d'avoir versé tant de larmes. Elle est en crise depuis presque une heure, et mon manque de réaction a fini par la faire exploser.

Quel est mon problème ? Elle cherche encore à le savoir, après une année de relation ? Je rigole malgré moi à ces interrogations, ce qui ne fait que décupler sa rage.

- Tu pourrais au moins faire semblant d'avoir de la peine pour moi !

Ses mots ricochent contre moi, comme une gifle lancée en vain. Son regard est chargé de rancune, mais je reste de marbre.

- C'est toi qui me largues Lisa, pas le contraire. Je n'ai rien demandé à personne.

Cette fois, elle jette de toutes ses forces la pile de jeux vidéos qui se trouvent sur ma table de nuit. Les boîtes s'écrasent violemment contre le mur derrière moi, après que j'ai réussi à les esquiver.

- Il n'y en a que pour ton travail et tes jeux ridicules. Tu éprouves plus de choses pour tes personnages animés que pour moi. Tu n'es qu'un insensible égoïste !

- Lisa, tu vas trop loin, je te conseille d'aller te calmer dans la salle de bain. On reprendra cette conversation une fois que tu auras retrouvé tes esprits.

Nouveau déchaînement de fureur. Elle s'approche à grands pas de mon meuble où se trouvent mes consoles de jeux, certaines sont plus vieilles qu'elle et valent une petite fortune. Je me lève d'un bond du lit et me poste devant elle avant qu'elle ne les envoie aussi contre un mur.

- Tout doux ma belle.

- Ne me parle pas comme à une enfant ou pire, comme à un chien !

Elle frappe mon torse avec ses mains tremblantes. J'aimerais la serrer dans mes bras et lui dire que tout ira bien. Que cette vilaine dispute ne sera qu'un mauvais pas dans notre relation. Mais elle a raison. Après douze longs mois ensemble, je n'éprouve rien pour elle. Pas le moindre sentiment. Pas la moindre émotion. Tout avec elle était mécanique, calculé, contrôlé. Même le sexe était automatisé. Je pensais réussir à changer avec elle, j'y ai même cru très fort les premiers mois. Mais le changement n'a jamais eu lieu, et je n'ai même pas une once de regret au moment où elle me quitte.

Soleil couchant, coquillages nacrés et amour fou.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant