Soleil couchant, coquillages nacrés et amour fou.

Chapitre 7 : Eva

Le verrou fermé derrière moi, je contemple le reflet dans le grand miroir qui me fait face. Mon visage est rouge écarlate, mon maquillage a coulé et mes cheveux en bataille donnent l'impression de m'être échappée d'une tempête. Mon cœur bat à toute vitesse, j'ai dû mal à en contrôler les pulsions.

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

J'ai toujours eu de la répartie, j'adore lancer des piques à tout bout de champ. Mais ce petit jeu se limite à mon cercle d'amis, ou à ma famille, et non pas à de parfaits inconnus. Non, avec les inconnus, je suis plus réservée, plus mesurée. Alors pourquoi avec lui, cet étranger au sourire provocateur, ai-je l'impression de perdre totalement pied ?

Ce n'est pas seulement de la colère. Non, c'est autre chose, quelque chose de plus... dangereux. Un frisson parcourt mon dos lorsque je repense à ses yeux d'un bleu pénétrant. Ce petit jeu entre nous me plait, et ce plaisir me fait sentir coupable, comme si j'outrepassais une limite invisible. Pourquoi cela me plaît-il autant ?

La manière dont il réussit à me faire perdre la raison me donne le tournis. Mon esprit divague malgré moi, et Théo surgit devant moi.

— Ne te déplace pas pour mon match ce soir, il fait froid et il va durer une éternité. Reste au chaud, profites-en pour faire une soirée cocooning comme tu les aimes.

Théo m'embrasse d'un de ses baisers que je déteste : froid et impersonnel. Il ne prend même pas le temps de me regarder, attrape son équipement de foot, prêt à sortir à la hâte de sa chambre.

À chaque match, c'est la même histoire. Il trouve une excuse pour me tenir éloignée et fait le mort jusqu'au lendemain 14 heures. Il prétexte une fin de match éreintante. Pourtant, ça ne l'empêche pas de fêter chaque victoire avec son équipe jusqu'à 5 heures du matin.

— Je n'ai pas encore eu l'occasion de te voir jouer, mon chéri.

Ma voix se fait plus douce, presque séductrice, alors que j'essaie de capter son regard. Il finit par lever les yeux, mais ce n'est pas le regard que j'espérais. Ses yeux noisette me transpercent d'une froideur qui me glace le sang.

— Tu vas détourner l'attention de mes joueurs, beauté fatale, lance-t-il en appuyant chaque mot, un sourire acide aux lèvres. Garde ton charme pour faire grimper mes stats sur les réseaux. Tu ne voudrais pas être à l'origine d'une défaite, hein ?

Chaque syllabe s'imprime en moi, comme une brûlure. Un instant, j'ai envie de rétorquer, de dire quelque chose, mais les mots me manquent. Je déteste la manière dont il me rabaisse, dont il réussit à me clouer le bec. Il me donne l'impression d'être un trophée plus qu'une petite amie.

Son regard est déjà ailleurs, prêt à partir, me laissant là, plantée, avec une étrange sensation de vide. Ce n'est pas la première fois qu'il se dérobe ainsi, mais ce soir, quelque chose est différent, je sais au plus profond de moi qu'il me cache quelque chose.

Des coups résonnent à la porte des toilettes. À trop me perdre dans mes souvenirs, j'en ai oublié pourquoi j'étais enfermée ici.

— Une seconde, je sors.

En ouvrant la tête, je tombe nez à nez avec Lucie qui vient s'assurer que tout va bien pour moi.

— Nélia t'a surprise en plein duel avec Monsieur Sexy. C'est le surnom qu'elle lui a donné.

Elle penche la tête en direction de nos sièges.

— Je crois qu'il lui plaît bien, ajoute-t-elle en riant.