Chrysalide - Take Flight

Chapitre 2 - À Travers les Larmes

Une semaine que je les évite tous. Leyla, Tom, même les profs... Personne ne sait, personne ne comprend pourquoi je fuis, mais c'est plus fort que moi. C'est toujours comme ça. Fuir avant que les choses deviennent trop réelles. Et là, alors que je fais ma valise, je me demande pourquoi je fais encore ça. Mon cœur se serre. La dernière valise. Celle qui va me prendre loin de tout, loin de ce chaos.

Mon père est en bas, je l'entends tout casser dans son bureau. Comme si briser des trucs allait arranger quoique ce soit. J'essaye de ne pas y penser. Mon regard se pose sur mes murs, couverts de dessins qui datent pour certains de plusieurs années. Tous ces moments, toute cette vie sur papier... Une larme coule le long de ma joue, serrant ma gorge dans un nœud que je n'arrive pas à défaire.
Puis, ça toque à ma porte. Je m'essuie rapidement les yeux avant de dire un mot. La porte s'ouvre et c'est Tom. Bien sûr, c'est lui. Il entre sans attendre.

— Qu'est-ce que tu fais là  ? je demande, la gorge encore nouée.

— Tu m'as esquivé toute la semaine, mais je vais pas te laisser partir comme ça, Nessa, il répond avec ce ton calme et rassurant qui me fait toujours fondre.

— Comment tu sais  ? je demande, surprise.

— Nos parents sont amis, idiote.

Je baisse les yeux. Ça me touche qu'il soit là, mais je ne sais même pas comment gérer cette conversation, et puis simplement cette situation.

— Alors, tu m'en veux pas de ne pas te l'avoir dit ?

Il secoue la tête.

— Non, je te connais. Tu avais besoin de temps, c'est tout.

Il s'assoit sur le lit et je m'installe à côté de lui. Je prends mon vieux doudou dans les mains, celui que j'ai gardé depuis que je suis petite, et je le fixe un instant.

— J'arrive pas à croire qu'on part vraiment, je souffle.

Il me regarde et sourit légèrement, essayant de trouver du positif là où je ne vois que du vide.

— Vois le bon côté, dit-il. Tu ne seras qu'à cinq heures de route, toujours dans le même pays.

Je hoche la tête, mais ça ne me réconforte pas.

— Je voulais rester avec mon père, tu sais, je murmure.

Il passe son bras autour de mes épaules et me serre doucement contre lui.

— Je sais.

Les mots sortent sans que je les contrôle.

— Et nous, alors  ? Qu'est-ce qu'on devient  ?

Il tourne son visage vers le mien, et dans ses yeux, je vois la même tristesse que la mienne, mais aussi une certaine certitude.

— Peu importe l'endroit, je t'aimerai toujours, Nessa.

Et c'est à ce moment-là que je craque. Mes larmes coulent sans que je puisse les retenir, et je les laisse sortir, tout ce que j'ai gardé en moi cette semaine et les précédentes.

— Je vais être toute seule, Tom, je dis en sanglotant.

Il prend ma main et la serre fort.

— Tu as toujours été seule, Ness.

Je le fixe, blessée par ses mots.

— Ne dis pas ça, tu es là toi, je réponds, presque désespérée.

Il me regarde avec douceur, mais aussi avec cette franchise désarmante.

— Je l'ai toujours été, oui, mais toi... au fond, tu as toujours été seule. Et tu le sais.