Chapitre 9 - Entre ciel et terre

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Je me tiens là, figé, à regarder cette ombre dans l'eau. Mon esprit refuse de comprendre, mais mon cœur bat si fort qu'il semble prêt à éclater. Je m'avance, trébuchant dans le sable, mes jambes refusant presque de m'obéir. À chaque pas, j'ai l'impression de m'enfoncer un peu plus dans un cauchemar, un abîme dont je ne pourrais jamais ressortir.

L'eau glacée mord mes chevilles, mais je ne ressens rien. Devant moi, son corps flotte, inerte, son corps sans vie entre mes mains, aussi fragile qu'une chrysalide abandonnée. Son visage est tourné vers le ciel, ses paupières fermées comme si elle dormait. Mais sa peau... elle est si pâle, presque bleutée sous la lumière crue de la lune. Un fantôme entre mes mains.
Je la tire doucement hors de l'eau, mes bras tremblent comme jamais, mon souffle se brise. Je la serre contre moi, sans aucune chaleur pour me répondre. Ses lèvres sont bleues, son corps si froid... je pourrais jurer qu'une part de moi se glace aussi, se brise en silence.

— Nessa, murmuré-je, la voix étranglée. Réveille-toi...

Mes doigts effleurent son visage, ses joues froides et figées, et un cri me brûle la gorge, un cri qui refuse de sortir. Mes larmes roulent, glissent sur mes joues, se perdent sur sa peau. Elle est belle, magnifique, même dans cette immobilité qui me tue.
Je la secoue doucement, désespéré, mon front collé au sien, mes mains l'enserrant avec une tendresse désespérée. C'est un rêve, un cauchemar, ça ne peut pas être réel. Elle ne peut pas me laisser, pas maintenant.

— Tu n'as pas le droit... Tu n'as pas le droit de m'abandonner, pas comme ça.

Ma voix s'effondre dans la nuit, et l'océan seul me répond, indifférent. Je la serre plus fort, comme pour la protéger de ce froid qui l'a prise, de cette nuit qui l'a volée. Mon cœur hurle, se déchire, et le monde autour de moi disparaît. Il ne reste qu'elle, sa beauté cruelle, son corps sans vie entre mes mains.
Je pose mon front contre sa poitrine, espérant sentir le moindre battement, la moindre étincelle. Mais il n'y a rien, rien qu'un silence assourdissant. Une part de moi s'effondre à cet instant, et je réalise que je ne suis plus entier.

— Nessa... s'il te plaît... je t'en supplie, reviens-moi.

Ma voix s'éteint en un murmure brisé, et dans cette nuit glaciale, avec elle entre mes bras, je comprends ce que signifie vraiment perdre. Elle emporte avec elle une partie de mon âme, et sans elle, je ne suis qu'une coquille vide, un homme brisé.
Je la sors de l'eau, trébuchant sur le sable avec son corps glacé entre mes bras. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser, et la seule chose que j'arrive à me dire, c'est qu'il faut que je la sauve. Il le faut. Elle ne peut pas partir comme ça.

Je me mets à courir, à demi plié sous le poids de Nessa. Mes bras me brûlent, mais je m'en fous. Elle est là, immobile, sans un souffle, et chaque seconde qui passe me fait paniquer un peu plus. Arrivé sur la plage, je me baisse, la pose doucement sur le sable, mes mains tremblant tellement que j'ai du mal à sortir mon téléphone de ma poche.
Je le prends, mais mes doigts glissent, et l'appareil tombe dans le sable.

— Merde... non, non, non...

Je ramasse le téléphone, tâchant de garder mon calme, mais mes mains n'arrêtent pas de trembler. Je tape le numéro du SAMU, et la sonnerie résonne comme un bruit sourd, étouffé. Au bout de quelques secondes, une voix me répond.

— SAMU, j'écoute.

Je balbutie, les mots se coincent dans ma gorge.

— Il... il y a... je... c'est ma ..., elle... elle respire plus... Elle est... elle est gelée, et je... je sais pas quoi faire ! Elle va... elle va...

— Monsieur, calmez-vous, où vous trouvez-vous ?

— Elle va crever, putain ! Elle va crever ! Elle est toute froide, elle est... elle est presque bleue ! Faites quelque chose !

Chrysalide - Take FlightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant