Amour Complaisant t3

Une touche de terreur

Ils apparurent dans une grande pièce qui devait être un bureau. La lumière était tamisée et les murs étaient peints dans une couleur bleu sarcelle. Des étagères en châtaignier étaient remplies de livres aux couvertures en cuir, encadrant un bureau fait du même bois. De lourds cadres dorés mettaient en valeur des peintures de femme nues, de chérubins ailés et d’amants se retrouvant sous les arbres. En face se trouvait une immense baie vitrée qui ne les protégeait pas de la nuit glacée.

La décoration ne ressemblait en rien à Sakura, il n’y avait pas de tapis moelleux, de cristaux ou de perles et, l’espace d’un instant, Hinata pensa qu'ils n'étaient pas au bon endroit. Mais elle repéra bientôt la Haruno, assise sur une méridienne au milieu de la pièce.
Elle était vêtue d'une nuisette en soie bleue claire, et d'un peignoir en dentelle.

Elle était tournée vers une femme allongée à ses côtés sous une couverture.
Hinata ne la reconnut pas, mais elle crut déceler chez elle des ressemblances avec Sakura, la courbe de ses lèvres, ses sourcils arqués, la petite bosse sur son nez. Elle était pâle et couverte d’ecchymoses et de plaies. Reposant sur sa poitrine, ses mains étaient ensanglantées et ses ongles cassés.

Ce qui retourna vraiment l’estomac de Hinata. De ses cheveux boueux et emmêlés. Un petit chien dont la fourrure blanche était maculée de terre était blotti à ses côtés et tremblait de tout son corps.

Ce n’était pas du tout ce à quoi Hinata s’était attendue. Cette jeune femme s’était battue pour survivre et, si Hinata n’avait su percevoir la vie, elle aurait pensé que la femme était morte.

– Oh mes dieux, dit Hinata avant de couvrir sa bouche quand un goût amer remonta dans sa gorge.

Elle se précipita aux côtés des deux jeunes femmes et s’agenouilla, prenant la main de Sakura dans la sienne.

La rose regarda Hinata, elle avait les yeux et le visage rougis. Il était rare de la voir aussi bouleversée car Sakura avait tendance à réprimer ses sentiments – le seul qu’elle exprimait, éventuellement, était la colère. Et encore, si sa façade s’effritait trop, elle se refermait sur elle-même. Or, ce qui s’était passé avait détruit ses défenses. Qui que soit cette jeune femme, Sakura devait beaucoup tenir à elle.

– Que s’est-il passé ? demanda Sasuke, remplissant la pièce d’une tension sombre.

Sa voix avait quelque chose de lugubre et de violent et Hinata frissonna des pieds à la tête.

– Nous n’en sommes pas sûrs, répondit une voix qui fit sursauter Hinata.

Elle se rendit compte que Sasuke ne s’était pas adressé à Sakura ni à Juugo mais à un autre homme qui se tenait en retrait, près de la baie vitrée. Il semblait à l’aise, adossé au mur, les bras croisés. Il faisait presque la taille de Sasuke, mais il n’était habillé comme aucun des autres clans qu’elle avait pu rencontrer jusque-là. Il portait une tunique en lin beige et un pantalon qui lui arrivait aux mollets. Malgré la simplicité de sa tenue, ses cheveux noirs étaient parfaitement entretenus et tout soyeux.

Hinata devina de qui il s’agissait quand elle baissa les yeux sur la prothèse en or qui dépassait de son pantalon. C’était Rock Lee, le garçon du Feu, le mari absent de Sakura, d’après les rumeurs.

Pourtant s’il était absent, que faisait-il ici, maintenant ?

– Nous pensons qu’elle promenait Opale, sa chienne, poursuivit Rock , quand elle a été attaquée. Elle a eu tout juste assez de force pour se téléporter ici. Elle n’était pas consciente en arrivant et nous n’avons pas réussi à la réveiller.

– Qui que soit le coupable, il va souffrir, dit Juugo.

Il était étrange de voir ce garçon habituellement si joyeux d’une humeur aussi noire et sérieuse.