Préambule (Preston)

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NEUF ANS PLUS TÔT

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NEUF ANS PLUS TÔT


— C'est dommage que tu doives partir.

Étendu nu sur les draps, je le regarde remonter la braguette de son jean. La lumière tamisée de la pièce à vivre de mon duplex fait danser des ombres sur sa peau et lui donne un teint chaud, doré, à des lieues de sa couleur naturellement pâle. Les constellations de grains de beauté, qui dévalent son dos, semblent tout à coup beaucoup plus mystérieuses dans cette presque obscurité. Elles sont comme lui.

Miles est un garçon mystérieux. Le genre de ceux que l'on remarque, ou pas, en fonction de ce qui nous attire, ou pas, chez l'être humain. En ce qui me concerne, et même si c'était il y a plus de huit mois, je me souviens de notre première rencontre comme si c'était hier. Et si je n'ai jamais cru au coup de foudre, ce que j'ai ressenti en le voyant derrière le comptoir du Coffee Shop du campus était ce qui, je crois, s'en rapprochait le plus.

— Je reviens après les vacances, c'est promis.

Une fois rhabillé, il me rejoint sur le lit et ne résiste pas à l'envie de se glisser entre mes cuisses. Je suis pris d'un frisson au contact rugueux de ses vêtements sur ma peau nue. Le baiser brulant qu'il dépose au creux de mon cou est si délicieux que je dois me mordre la lèvre un instant, histoire de ne pas laisser un énième gémissement trahir à quel point il me fait de l'effet.

— Tu vas me manquer.

Je sais que ce sera le cas, pour une seule est bonne raison : je suis devenu accro à Miles Hall. Et si j'ai eu du mal à me l'avouer, car tomber pour lui ne faisait clairement pas partie de mes plans, il m'est de plus en plus difficile de refouler cette vérité : je suis tombé amoureux de lui.

— Toi aussi tu vas me manquer.

Je lui souris, yeux dans les yeux avec lui. Une fois de plus, cette lueur que je décerne dans son regard me tord le ventre mais je ne cherche pas à la comprendre. Parce que c'est Miles. Et qu'être avec lui, c'est accepter son silence et ses secrets.

— Attends...

Je le rattrape par la nuque, avide de sentir une dernière fois ses lèvres chaudes sur les miennes. Le baiser, d'abord doux, devient enflammé. Mon corps répond à la proximité du sien et je suis à nouveau tout près de lui succomber.

J'aime ces moments. Ceux où il n'y a que nous, l'obscurité et le silence brisé par le bruit de nos baisers et de nos caresses. Je me sens en sécurité avec lui, loin de la pression des études et des attentes de ma famille. Loin de mes peurs, aussi. Miles est mon paradis sur terre, mon échappatoire, et je suis heureux que la vie l'ait mis sur mon chemin. Ce, même si cela n'a pas été facile à accepter.

— Je vais louper mon avion...

Il rit contre ma bouche et je respire son souffle, sens ses lèvres s'étirer en un sourire sur les miennes. Le coeur battant à tout rompre, je lui vole un dernier baiser avant de lui rendre sa liberté. Je me sens vulnérable, mais aussi terriblement unique et beau, lorsqu'il me dévore du regard en enfilant sa veste. La manière dont lui aussi se mord la lèvre m'indique que je lui fais tout autant d'effet. Et ça me satisfait.

— T'es magnifique, Preston.

— T'es pas mal non plus.

Il l'est. Dès l'instant où mes yeux se sont posés sur lui j'ai su que j'étais fichu. Car ces cheveux fins, ces yeux bleu azur encadrés de lunettes et cet air angélique m'ont fait l'effet d'une grande claque en plein visage, suffisamment forte pour imprégner son souvenir dans ma mémoire. Et si je n'ai, au début, pas compris pourquoi, j'ai très vite cessé de lutter et me suis écouté. Et je ne le regrette pas.

— Bye, souffle-t-il.

— À plus...

Il me souffle un baiser et un sourire illumine son visage. C'est à contrecoeur que je le regarde s'éloigner vers le vestibule, et un terrible sentiment de vide m'envahit le coeur lorsque la porte d'entrée finit par claquer.


* * *



AUJOURD'HUI

Ce jour-là, je m'en rappelle comme si c'était hier. Je me souviens de la façon que j'ai eue de blottir mon nez dans l'oreiller, avide de sentir son parfum qui me procurait la sensation qu'il était encore là. Je n'ai pas dormi de la nuit, déjà en manque de ce garçon que j'aimais éperdument. J'attendais le jour où il rentrerait plus que n'importe quel autre moment.

Sauf qu'il n'est jamais rentré.

Que je ne l'ai jamais revu.

Et ça a fait si mal, et il était si unique, que j'étais convaincu que plus jamais je ne tomberais amoureux. Et encore moins d'un homme.

Mais c'était sans compter sur l'arrivée inattendue de Joshua dans ma vie.


Mais c'était sans compter sur l'arrivée inattendue de Joshua dans ma vie

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