Preston Ashford, jeune avocat, met de côté sa vie à New-York lorsque sa consoeur Mia lui confie l'affaire Joshua Young. À des milliers de kilomètres de chez lui, Preston se retrouve à défendre celui que les médias surnomment « The Mormon Butcher »...
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Le silence dans la pièce est assourdissant. Vraiment. À force de silence, je finis même pas entendre les battements de mon coeur et les bruits de mon corps. Le moindre froissement de vêtement me fait l'effet d'un coup de cuillère sur une casserole et je grimace. Je préfère entendre la respiration, presqu'inaudible mais parfois sifflante, de Joshua. L'orage est passé. Du moins, je le pense. L'odeur de vomi, qu'il a craché dans une corbeille en papier, s'estompe petit à petit et, depuis, il n'y a plus eu aucun geste, aucun mot ni aucun bruit. Rien. Je suppose que la tempête fait encore rage dans sa tête tout comme ses mots trottent encore dans la mienne.
Je ne sais pas si je regrette, ou pas, d'avoir amené cette photo. Je n'aurais jamais pu imaginer que cela puisse déclencher une quelconque réaction chez lui. Pour moi, ce n'était qu'une photo de lui et de son petit frère ; rien de plus et rien de moins que ce qu'il m'avait demandé. À croire qu'être enfermé ici l'a fait cogiter. Et je ne sais pas si, au final, c'est une bonne chose. La prise de conscience qui en a découlé lui a brisé le coeur un peu plus mais, au moins, c'est une nouvelle pièce d'un puzzle que je vais devoir, tôt ou tard, finir par assembler. Malgré moi, et alors même que ce n'était pas mon but, je suis parvenu à lui soutirer quelques informations.
Tandis que je suis assis sur une chaise à ses côtés, sa main chaude dans la mienne, je fixe le sol tout en essayant de me remémorer, dans l'ordre chronologique des événements, les éléments que j'ai à son sujet. Ses aveux concernant son crime. Ses premières révélations quant à son mobile. Ses premières confessions. Elles sont écrites quelque part, sur l'une des pages de mon carnet, mais me les remémorer me permet de m'ancrer une fois de plus dans ma mission : le faire sortir d'ici.
Certains de mes confrères pourraient être moins visionnaires ; certains se contenteraient d'une peine clémente pour leur client au vu de ses aveux. Mais ce n'est pas mon cas. Je crois en la justice et, surtout, je crois en le potentiel de son histoire. Au début, lorsque j'ai commencé mes études de droit, lorsque nous visionnons des procès et lisions des plaidoyers, je trouvais ridicule et malsaine cette manière qu'avaient certains avocats de raconter les faits, comme s'il ne s'agissait que d'un jeu. J'ai fini par comprendre que ça l'est. Lorsque viendra notre tour, à Josh et moi, nous serons seuls dans l'arène face au procureur. Nous nous battrons, ensemble, pour tenter de convaincre le juré de sa culpabilité ou de son innocence. Pour leur faire accepter la légitime défense ou, au contraire, le faire passer pour un monstre. Tous les moyens seront bons pour le faire acquitter. Et si cela doit passer par les détails les plus sordides et les plus douloureux de son passé, quitte à choquer ou faire pleurer quelques personnes dans l'assemblée, nous devrons en passer par-là. Malheureusement, pour l'instant, sa défense est un puzzle de mille pièces et je n'en compte à peine qu'une dizaine.
— Comment tu te sens ?
Je n'avais pas été si proche de lui depuis un moment. La dernière fois remonte à ce jour où, lorsque nous avons quitté les lieux avec Silas, il m'a serré dans ses bras après avoir glissé sa liste entre mes doigts. Je n'avais pas sû comment accepter sa proximité, surpris pas son étreinte, et ne suis toujours pas à l'aise, là, alors qu'il semble pourtant se calmer. J'ai pris sa main dans la mienne pour lui montrer mon soutien, qu'il sache que je suis là et que je ne compte pas le brusquer, mais je ne sais pas quoi faire de plus. Parler me semble bien inutile, malgré la question que je viens de lui poser, et je me sens ridicule. C'est dans des moments tels que celui-ci, où il craque, que je me rends compte qu'il est bien plus amoché que ce qu'il laisse paraître.