✨️The God of Trust ✨️

~☆Chapitre 9:Noé

Je me retrouve maintenant dehors, l'air frais de la nuit glissant sur mon visage. Sans hésiter, je me mets à courir, à courir aussi vite que mes jambes peuvent me porter, comme si la vitesse pouvait effacer cette réalité, cette vie que j'essaie de fuir depuis bien trop longtemps.

Le monde autour de moi devient flou, tandis que je plonge dans l’obscurité des bois, seuls témoins de mon escapade silencieuse.

Je suis seul, perdu dans cette forêt sombre et humide, où l’ombre des arbres se confond avec la nuit. Sans lampe de poche, chaque pas devient un défi. Mes yeux s'habituent lentement à la pénombre, mais le chemin reste incertain, sinueux. Je continue d’avancer, choisissant des directions au hasard, comme si ces sentiers inconnus pouvaient me conduire loin de tout ce que je veux laisser derrière.

La lune, haute dans le ciel, éclaire faiblement mon visage et mes vêtements, me rendant presque invisible dans ce paysage nocturne.

Après quelques minutes, je m’arrête pour reprendre mon souffle. Je me laisse tomber sur le sol, le dos contre un arbre.
Mes mains tremblent un peu lorsque je cherche dans mon sac à dos la barre de céréales que j’ai gardée du goûter, dernière trace d’une journée qui me semble maintenant lointaine.

Je mâche lentement, mon esprit se perdant dans le silence apaisant de la forêt, loin du tumulte de la journée. Peu à peu, sans même m'en rendre compte, mes paupières se font lourdes, et je m’assoupis, le dos contre le tronc rugueux de l’arbre, comme si ce moment de répit pouvait m’offrir un peu de paix.

☆

Je me réveille en sursaut, troublé par un bruit qui résonne dans l'air nocturne. Des voix se rapprochent, perçant le silence de la forêt. J'entends quelqu'un crier mon nom, et mon cœur se serre. Ils sont venus me chercher. En silence, je me faufile derrière un arbre pour les observer, retenant mon souffle, espérant rester invisible.

Parmi eux, une silhouette attire mon attention. C'est une vieille dame, bien familière, probablement dans la soixantaine. Elle porte une chemise verte rayée de brun, un pantalon jaune fluo qui détonne dans l’obscurité, et des chaussons de nuit à motifs dépareillés. C’est ma surveillante.

À ses côtés, des gendarmes balaient les alentours de leurs lampes, éclairant les arbres et le sol avec des faisceaux qui semblent plus froids que la nuit elle-même.

Un gendarme s'approche d'elle et lui pose une question à voix basse, mais j’entends distinctement les mots.

— Comment s'appelle le jeune homme que nous cherchons ?

Mon cœur se met à battre plus fort. Peut-être, peut-être qu’elle se souvient enfin de moi, peut-être qu’elle se souvient de qui je suis vraiment, de ce que je représente.

Elle semble réfléchir un instant, avant de répondre d’une voix incertaine.

— Laissez-moi… laissez-moi réfléchir… C’est No… Noah, il s'appelle Noah.

À cet instant, tout mon espoir s’effondre. Elle ne se souvient même pas de mon prénom. Après tout ce temps, après toutes ces années passées sous son regard indifférent, elle n’a même pas retenu mon nom. Une vague de tristesse me submerge, et les larmes montent à mes yeux. Mon cœur se serre, blessé par l'oubli et l'indifférence.

Sans attendre davantage, je tourne le dos à leur recherche et me remets à courir, mes pas s’enfonçant dans l’épaisseur de la forêt, loin de ces cinq années de souffrance. Je laisse derrière moi cette vie de solitude et de désespoir, cette existence où même mon nom semble sans importance pour ceux qui m’entourent.

Il est temps pour moi de rentrer, de retrouver un endroit que je puisse appeler "ma maison". Mais le chemin est flou dans mon esprit. Je ne connais plus l’adresse, pas même le visage de ceux que j’ai laissés derrière moi,sauf ma mère et "mon beau-père". Pourtant, une conviction étrange me pousse en avant : je dois y aller, je dois retrouver ce lieu que j’ai un jour appelé "chez moi".

Peut-être qu’en y arrivant, je redécouvrirai des souvenirs enfouis, des morceaux de bonheur. Peut-être même qu’une personne m'attend là-bas, une personne qui, contrairement à tous ceux que je laisse dans l’obscurité de cette forêt, se souvient encore de moi. Une personne qui m’a aimé et qui m'attend depuis bien longtemps.