Chapitre 9 : Une nuit dans la steppe
- Samedi 24 septembre 2029 – quelque part en Mongolie
Comme son mana se régénérait lentement, Arabella avait décidé d'envoyer un message à ses parents pour leur assurer qu'elle était en sécurité, car ces derniers avaient déjà essayé de l'appeler trois fois en voyant qu'elle n'était pas rentrée au petit matin. Dans son message, elle leur avait également spécifié qu'après un léger « souci » avec un portail de translocation, elle ne se trouvait plus en Pennsylvanie et qu'il valait mieux ne pas lui répondre, pour éviter d'être lourdement facturé par leur opérateur, conseil que ses parents n'avaient pas suivi puisqu'ils l'avaient appelé dans la foulée.
— Et ton petit ami ? s'agaça sa mère une fois passé l'étape de la sidération. Il ne sait rien faire de ses dix doigts ?
— Non, c'est vrai qu'il ne sait rien faire. Et puis la Mongolie, c'est trop loin pour lui. Il dit qu'il n'a pas assez de mana.
— C'est vrai ça, en Mongolie... Je n'en reviens toujours pas. Ma fille est une grande mage. (Il marqua une pause.) Quand tu reviendras il faudra qu'on étudie la question, tu as besoin d'un enseignement à la hauteur de tes capacités. Tu es sûre que tu es en sécurité ? Ton père n'arrête pas de pleurer.
— Oui maman, je vous le promets.
— Quel idée d'avoir ouvert ce portail ! se lamenta Eve. Quelle idée... ! Qu'est-ce qui t'a pris ?
— Eh bien je...
J'étais dévastée, pensa-t-elle.
— Je voulais me prouver des choses.
— Mouais, moi je pense surtout que tu voulais impressionner ce garçon. Personne ne mérite que tu te mettes en danger, tu m'entends ? Ne refais plus jamais ça.
Une fois libérée des obligations parentales, Arabella se rendit près de la yourte principale, où Amin et son père découpait un mouton pour le repas du soir. La pauvre bête, inerte et dépenaillée, était rudement malmenée par les mains expérimentées du vieux mongol, qui éventrait la chair rouge pour déloger les tripes fumantes. La tête coupée de l'animal reposait juste à côté de lui et ses yeux vides semblaient fixer Arabella, qui déglutit et se détourna.
— Margaash kharikh bolomjtoi baikh yosgöi. Oroi khonokh bolomjtoi yü?
Elle leur demandait s'il était possible de rester pour la nuit.
— Tiim ee! Vanyad kheleerei, ter gurav düger gert baigaa.
Elle obtempéra d'un signe de tête et marcha en direction de la quatrième yourte. Le vieux Arslan venait de lui dire qu'elle et Sullivan pouvaient rester dormir, mais qu'elle devait se rendre dans la troisième yourte afin de prévenir Vanya, qui était en charge de la préparation du dîner. En tirant un pan de l'habitation, la jeune femme s'arrêta immédiatement. Tout son corps se figea, son expression s'écarquilla et le feu lui monta aux joues. Debout devant elle, Sullivan la dardait d'un regard surpris et interrogateur.
Complètement nu.
Elle avait beau s'ordonner de bouger, la chose qu'elle était capable de faire, c'était de rester figée. Et la seule chose qu'elle voyait, c'était ce pénis au repos qui semblait la saluer.
Arslan avait dit « Gurav düger gert » soit... la troisième yourte ! Quatrième c'était « Döröv düger ». Elle réalisa l'immensité de sa bêtise, bafouilla, recula, fit volteface et courut dehors. Quelle gêne ! Je ne pourrai plus jamais le regarder dans les yeux, se dit-elle en pressant le pas jusqu'à l'abri qu'on lui avait indiqué. Finalement, Vanya accepta de bon cœur de les accueillir pour la nuit et lui indiqua qu'on leur ferait installer des couches. Arabella aida à la préparation du repas et la soirée se déroula sans ambages, bien qu'elle soit complètement désarçonnée. Coincée en Mongolie avec Sullivan Valdez ! Hébergée par une famille d'éleveurs nomades ! Elle se sentait flotter loin de la réalité et s'attendait presque à être réveillée. Une chance que ce clan soit d'une remarquable hospitalité. À l'heure du repas, Arabella évita soigneusement Sullivan et resta confinée entre Vanya et Amin, avec qui elle discutait beaucoup, curieuse de leur culture et de leur mode de vie. Chaque fois qu'elle croisait le regard de Sullivan, elle le revoyait tout nu dans la yourte, avec son sexe qui prenait l'air. Ah, non ! Elle appuya ses mains sur ses yeux et maudit sa sensibilité.
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Veritas
ParanormalUn recueil de bonus (one-shot et quelques nouvelles) consacré à l'Univers que j'ai créé et dans lequel se trouve la prestigieuse école de Magie "Véritas".