Chapitre 7 : Les lumières de la ville
- Vendredi 23 septembre 2029 - proximité de Pittsburgh
Sullivan et Arabella discutaient dans l'herbe depuis une heure. Les lumières de la ville luisaient dans leurs prunelles braquées vers l'horizon et le vent tranquille de ce mois de septembre caressait leurs visages. Le fils Valdez avait presque oublié son odieux pari et, quand il vit sa compagne du soir frotter distraitement ses bras, il retira sa veste et la passa sur ses épaules. Arabella lui jeta un regard surpris.
— Merci. Mais tu vas avoir froid.
— Non ça va, t'inquiète. Garde-la.
Arabella était très touchée par le geste, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable qu'il se découvre pour elle.
— Ce n'est pas parce que tu es un homme que tu ne dois pas avoir froid, Sullivan.
Il lui adressa un regard blasé.
— Je n'ai pas froid parce que j'ai un pull à col roulé et toi une robe en toile de jute.
— C'est du tulle ! s'offusqua-t-elle et il gloussa franchement.
— OK, tu ne veux pas que j'ai froid ?
Il lui retira sa veste des épaules, la réenfila puis se décala vers elle. Il s'assit dans son dos et la ramena contre lui, puis referma les pans de sa veste autour d'elle tout en la prenant dans ses bras.
— On partage, ça te va ? minauda-t-il.
Arabella demeura silencieuse, blottie contre lui. Elle sentait sa chaleur dans son dos, l'étreinte de ses bras, son souffle qui caressait le sommet de sa tête. Et tout était nouveau pour elle. C'était trop beau pour être vrai et elle en vint à se demander si elle n'était pas en train de rêver. Pourvu que je ne me réveille pas, se dit-elle. Sullivan avait l'esprit si occupé qu'il n'avait pas fumé une seule cigarette de la soirée et, étonnamment, ça ne lui manquait pas. Il ne voulait pas non plus repousser Arabella avec une potentielle odeur de tabac et ce fut sur cette pensée qu'il réalisa qu'elle sentait bon. Son regard glissa sur sa chevelure, qu'il décala doucement sur le côté pour dévoiler sa nuque. Ses lèvres aimantées par sa peau y déposèrent un baiser et la jeune femme frissonna de tout son long. Sullivan glissa un doigt dans son col pour le tirer un peu et fit descendre ses baisers légèrement plus bas. Arabella écarquilla les yeux, surprise par les réactions de son corps, sa peau qui se hérissait et ses seins qui pointaient sous sa robe. Sullivan passa ses bras autour de sa taille et la pressa contre lui dans un geste instinctif qui n'était pas calculé, bécotant l'infime parcelle de peau qu'elle voulait bien dévoiler.
— Tu sens bon... J'ai l'impression d'avoir déjà senti ça quelque part.
— C'est la Burt's Bees Bady, répondit-elle rapidement. C'est... c'est de la crème pour bébé.
Sullivan rit dans son cou.
— Évidemment. Tu fais exprès de ne rien faire comme tout le monde, hein ?
— Je ne sais pas. Je ne me pose pas la question. (Elle soupira.) Mais je préfère être authentique et jugée bizarre, j'imagine, que de jouer le jeu de la banalité pour être acceptée par les autres. (Elle bougea un peu pour pouvoir se tourner vers lui.) Et puis je ne fais pas exprès, j'ai l'impression de ne jamais dire ce qu'il faut.
— Oh ça, j'avais vu, ricana-t-il.
Ils s'observèrent et Arabella sentit son attirance gonfler dans sa poitrine comme un ballon de baudruche. Elle connaissait son visage. Pourtant ce soir-là, à la lueur chaude de la ville illuminée, quelque chose dans l'expression de Sullivan lui sembla changé. Son sourire avait perdu cet aspect malicieux et calculé, son regard avait gagné en douceur. Il la fixait avec une intensité particulière. Elle était jolie, avec ses yeux sincères et ses cheveux chocolat dévalés par les lumières artificielles.
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Veritas
ParanormalUn recueil de bonus (one-shot et quelques nouvelles) consacré à l'Univers que j'ai créé et dans lequel se trouve la prestigieuse école de Magie "Véritas".