Bonus n°1 : Deux-Cents-dollars - chapitre 2

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Chapitre 2 : Désobéir

- Lundi 19 septembre 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

L'aîné des Valdez manigançait quelque chose et Arabella ne devait surtout pas tomber dans son piège. Elle se leva soudain en prenant son plateau.

— J'ai besoin de prendre l'air.

Gail allait se lever, mais son amie rajouta d'emblée : « seule ». Se dépêchant hors du réfectoire, la jeune femme trouva le réconfort dans l'air doux de cet après-midi de septembre, loin du vacarme qui résonnait toujours dans le restaurant de l'école.

— C'est ta chance, dit Tyler à Sullivan en voyant la jeune femme sortir. Elle est toute seule.

L'aîné des Valdez secoua doucement la tête, un sourire en coin sur les lèvres. Il se leva avec nonchalance pour aller débarrasser son plateau, bien décidé à remporter ce pari, mais au moment où il allait sortir, son petit frère l'aperçut.

— Oh ce n'est pas vrai ! Le bâtard !

Sullivan poussait le battant quand une main se referma sur son biceps.

— Tu fous quoi, là ? l'interpella Zachary.

— Bah, je sors. Il t'arrive quoi petit frère ?

Deux filles qui voulaient passer les bousculèrent pour se frayer un chemin dehors.

— Juste après Arabella ?

— Tu me lâches ? On bloque le passage, là.

— Frangin, je ne sais pas ce que tu fais avec elle mais sérieux fous-lui la paix, insista-t-il. Elle ne t'a rien fait.

Sullivan arqua un sourcil et dévoila un sourire sinistre.

— Je vais juste fumer une clope.

Sur ce, il se dégagea de la prise de son frère et lui tapota la joue. Zachary l'observa s'éloigner d'un œil suspicieux, jusqu'à ce que le battant claque et lui cache la vue. Il retourna s'asseoir à table en soupirant, espérant que Sullivan n'avait pas menti. Une fois dehors, son frère survola les alentours d'un œil acéré, cherchant la petite silhouette d'Arabella. Il la vit de très loin qui pressait le pas vers une porte dérobée et la prit immédiatement en chasse, se sentant l'âme d'un loup coursant un minuscule mulot. Sullivan rejoignit le préau à colonnades sous lequel se trouvait la porte, Arabella entra sans le voir et il se dépêcha de la suivre. Il déboula dans un petit couloir vide et sans fenêtre, donnant lui-même sur un autre couloir perpendiculaire qui longeait une coursive. Arabella se retourna et sentit son cœur lui tomber dans les chaussures.

Sullivan. Elle se raidit. Les mises en garde de ses amis s'accumulèrent dans son esprit survolté, déjà en lutte perpétuelle avec les injonctions de son corps. Le brun acheva sa résistance d'un sourire et elle froissa sa jupe entre ses poings fermés, fixant sur lui les yeux larges d'un lapin dans les phares d'une voiture.

— Ça va princesse ? demanda-t-il en allant directement vers elle.

Ses joues avaient viré au cramoisi et l'évidence de son attirance caressa l'égo déjà bien enflé de Sullivan. Elle était submergée de questions, noyée de sentiments contradictoires. Qu'est-ce qu'il voulait ? Pourquoi était-il là ? Est-ce qu'il l'avait suivie ? Pourquoi se moquait-il d'elle ? Que cherchait-il ? Qu'avait-il à y gagner ? Si bien qu'elle perdit patience et s'exclama :

— Pourquoi tu gagnes à te moquer et mesuivre ?

Sullivan la toisa en fronçant les sourcils.

— Tu fais un AVC ?

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