Bonus n°1 : Deux-Cents-dollars - chapitre 5

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Chapitre 5 : Rencard

Tyler, Michael et Sullivan s'étaient réunis dans le dortoir pour se détendre et boire du coniectari jusqu'à l'extinction des feux, mais l'ainé des Valdez n'était absolument pas concentré. Il avait sévèrement merdé, plus tôt, avec Arabella et ne voulait pas en parler à ses amis parce qu'ils ne comprendraient pas. Il ne faisait que regarder son téléphone, commençait à écrire quelque chose, puis l'effaçait. C'était la première fois qu'il ne savait pas comment parler à une fille, ou plutôt, qu'il n'osait pas. Mais il fallait dire qu'Arabella était la personne la plus incompréhensible qu'il n'avait jamais rencontrée.

— Bon mec, t'es avec nous ? lança soudain Tyler en s'avachissant sur son lit. Ou t'es encore à discuter avec ta meuf ?

— Je ne discute pas, objecta-t-il en montrant son portable en guise de preuve.

— Bah qu'est-ce que t'as ? D'habitude on t'entend jusque au rez-de-chaussée.

Il haussa les épaules et but une gorgée de coniectari.

— Rien, je vous écoute.

Les conversations reprirent assez rapidement et Sullivan fit l'effort d'y participer, bien que son attention n'y soit pas. Comment regagner la confiance d'Arabella ? Il était certain que sa remarque avait cassé quelque chose.

Sullivan 21h – « T'es dans ton dortoir princesse ? »

La réponse ne vint pas et son égo trémula à l'idée d'être une fois de plus mis à mal par le rejet d'une fille farfelue. De son côté, Arabella était triste. Allongée dans son lit, elle tricotait une écharpe, ses longs cheveux chocolat cascadaient sur le haut de son pyjama à col chemise. Gail avait remarqué son air maussade et s'inquiéta davantage lorsqu'elle entendit le portable de son amie vibrer, que celle-ci y jeta un œil mais le reposa sur sa table de nuit.

— Tu ne réponds pas ?

— Si, si. Je vais répondre.

Ce qu'avait dit Sullivan avait remué quelque chose dans le cœur d'Arabella. Une vérité qu'elle gardait enfouie. La jeune femme avait la conscience tranquille, elle n'avait que trop rarement fauté et elle n'avait jamais fait preuve de méchanceté. Malgré tout, elle ressentait de la honte. Il y avait une vérité sur elle-même que le tatoué avait fait ressortir : elle était lâche.

— Arabella, tout va bien ? Tu sais que tu peux me parler...

— Oui, répondit-elle en lui offrant un pauvre sourire, je sais. J'ai juste un coup de mou, ce n'est rien.

Sullivan jeta un œil à son portable pour la troisième fois, jaugeant le « vu » laissé par Arabella d'un œil désabusé.

Sullivan 21h15 – « Je suis désolé pour ce que je t'ai dit. »

Arabella 21h16 – « Je ne suis pas fâchée.»

Le soulagement poussa un soupir hors de sa poitrine et Sullivan s'avachit contre son oreiller. Enfin ! C'était beaucoup plus compliqué que prévu. Même s'il avait dérapé, il ne s'était pas attendu à ce qu'Arabella se risque à le perdre en établissant des limites. En général, son beau visage suffisait à tout lui faire pardonner. Surtout si la fille en question n'était pas tellement jolie.

Sullivan 21h17 – « Pourquoi tu ne répondais pas ? »

Arabella 21h17 – « Parce que je suis triste. »

Il haussa les sourcils. L'honnêteté d'Arabella le prenait toujours de cours et l'idée qu'elle soit triste le dérangea.

— Tu parles avec ta meuf ? gloussa Tyler en lui jetant un œil. Quand est-ce que tu passes à la vitesse supérieure ?

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