Bonus n°1 : Deux-Cents-dollars - chapitre 8

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Chapitre 8 : Voyage, voyage ! (Plus loin que la nuit et le jour)

- Samedi 24 septembre 2029 – quelque part en Mongolie

Malgré le soleil et le ciel dégagé, il faisait beaucoup plus froid qu'à Pittsburg et les deux jeunes gens se pelotonnèrent dans leurs vestes. Le paysage était désert à des kilomètres à la ronde mais, par chance, le petit duo avait été repêché par un natif à cheval qui les guidait jusqu'au campement de sa famille. L'odeur des pâturages, de la terre sèche et des montures saturait l'air libre. Arabella savait chevaucher, car elle avait fait de l'équitation pendant toute son enfance, mais pas Sullivan, qui s'agrippait à la crinière de l'animal en jurant entre ses dents.

— Je n'en reviens pas que tu nous aies envoyé en Mongolie, ronchonna-t-il.

— Personne ne t'a obligé à me suivre, lui rétorqua-t-elle. Et si tu étais compétent, tu nous aurais déjà ramené à Pittsburg. C'est toi, qui es en septième année, ici.

— Eh, je t'emmerde. Ouvrir un portail sur une distance aussi large, c'est quasiment du taf d'archimage. Je ne comprends même pas comment t'as pu faire ça. T'es la seule qui peut nous ramener, maintenant.

— Je n'ai plus de mana, avoua-t-elle honteusement. Il faut attendre.

— Putain.

Leur guide, un jeune mongol aux longs cheveux noirs, avançait en tête en se retournant par intermittence vers eux. Il leur avait expliqué que plusieurs chevaux s'étaient éloignés du troupeau et qu'il avait dû les ramener lui-même. Bientôt, la forme de plusieurs yourtes blanches apparut sur la ligne de l'horizon.

Bid irlee ! leur dit-il joyeusement. Miny ger bül tend baina, bi ta bükhnii nökhtsöl baidlyg tedend tailbarlanaa.

Bayarlalaa, lui répondit Arabella. Bid tövög udsandaa uuchlaarai.

— Zügeree !

Sullivan soupira d'agacement. Il n'en revenait pas qu'il soit parvenu à se mettre dans une aussi mauvaise posture, tout ça à cause de l'hyper émotivité d'Arabella. Et dire qu'il s'était jeté après elle ! Il le regrettait amèrement. Comme si ce n'était pas suffisant, elle et leur jeune guide n'arrêtaient jamais de bavasser et il ne comprenait rien.

— Évidemment tu parles mongol, grommela-t-il.

— C'est du khalkha.

— Tu m'expliques ce qu'il raconte ?

— Il dit que nous sommes arrivés et qu'il va expliquer notre situation à sa famille, répondit-elle. Ce ne sont pas des mages, je pense. Mais nous pourrons rester jusqu'à ce que j'ai récupéré suffisamment de mana pour rentrer.

Découvrir qu'elle avait une telle quantité de mana en elle avait été un choc pour Arabella, mais elle était trop accaparée par leur désastreuse situation pour s'y attarder. Dans le cas où elle ne parvenait pas à les ramener, ils appelleraient du secours. Mais ses parents n'avaient la puissance magique nécessaire pour créer un portail de translocation qui couvre une telle distance et Sullivan n'avait pas l'air très motivé pour contacter ses géniteurs, au point qu'il leur préférait un séjour dans la steppe.

La famille d'Amin, le jeune homme qui les avait trouvés, était constituée d'une vingtaine de personnes. Ils vivaient dans cinq yourtes en treillages couvertes de feutre blanc, maintenu par des cordages. Toutes sortes de bidons, sacs en toile, planches et pneus de rechange s'amoncelaient près des habitations circulaires. Un petit enclos regroupait les chèvres, tandis que les chevaux broutaient librement autour du campement, sous le plein soleil de midi. Après un accueil étonnamment chaleureux, les deux jeunes gens furent introduis dans une yourte, où il leur fut offert de partager un repas. L'espace retreint comprenait plusieurs pilonnes de soutien, un vieux poêle en acier, une étroite table parquée contre un mur et couverte d'une nappe décrépie, où l'on avait déposé le nécessaire de cuisine, des sacs et des vêtements suspendus au bois des treillages. La pièce était saturée d'odeurs animales et terreuses, presque âcres. Arabella leur expliqua ce qu'était un portail de translocation et comment elle et Sullivan s'étaient retrouvés là. C'était une chance qu'Amin soit tombé sur eux. Le clan du jeune homme était ravi de rencontrer de véritables mages, car ils n'en comptaient aucun dans leur famille, mais quand ils demandèrent à Arabella de leur montrer un sort, elle fut empêchée par son manque de mana.

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