Bonus n°1 : Deux-Cents-dollars - chapitre 3

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Chapitre 3 : Un nouveau contact

- Lundi 19 septembre 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Après l'incident du couloir, Gail avait emmené Arabella aux toilettes pour laver ses mains et effacé le numéro. Elle l'ignorait mais la jeune femme avait eu le temps de mémoriser tous les chiffres. Le soir venu les deux amies regagnèrent leur dortoir, une jolie chambre du troisième étage munie de deux grandes fenêtres à carreaux donnant sur une coursive. Leurs lits à montant de bois étaient hauts et bien rembourrés, couverts de divers coussins qu'elles avaient ramenés de chez elles. La nuit était tombée, elles avaient tiré les lourds rideaux de broquart et allumé leurs petites lampes de chevets, d'anciens modèles en cuivre finement ouvragés, surmontés d'une boule en verre à l'intérieur de laquelle flottait une sphère lumineuse. Gail était très absorbée par un roman de Lynn Flewelling, si bien qu'elle n'avait pas remarqué l'étrange comportement d'Arabella qui se tournait et se retournait dans on lit.

Cette dernière était chamboulée. Un poids de plomb chaud comme un astre lui pesait sur les tripes, son attention était braquée sur l'écran de son portable et elle se tortillait sans trouver de position qui convienne. Torturée par sa conscience moralisante, elle n'avait de cesse de se répéter qu'envoyer un message à Sullivan était une mauvaise idée cependant, ses hormones survoltées en avaient décidé autrement. Chaque fois qu'elle commençait à écrire quelque chose, elle l'effaçait immédiatement.

« Salut c'est Arabella. »

Effacer.

« Coucou »

Effacer.

« Tu m'as passé ton numéro et j'ai pensé que »

Effacer.

— Qu'est-ce que t'as ?

La voix de Gail la ramena immédiatement dans l'instant présent et, par réflex, elle plaqua son portable contre sa poitrine de manière à cacher l'écran.

— Rien.

Gail haussa un sourcil inquisiteur. Arabella n'avait jamais su mentir et son air coupable fit naître une inquiétude.

— Qu'est-ce que tu caches ?

— Rien du tout.

— Fais voir ton téléphone.

— Non.

La plus grande des deux femmes usa de son mana, tendit une main et fit voler le téléphone d'Arabella jusque dans sa main.

— Non, Gail ! cria la demoiselle en sautant de son lit. Rends le moi !

C'était trop tard, son amie fixait l'écran ouvert d'une discussion vide, en haut de laquelle apparaissait le nom de Sullivan. Arabella se jeta sur elle et agrippa le téléphone, mais Gail tira dans l'autre sens et, rapidement, les deux jeunes femmes se chamaillèrent comme des enfants.

— Rends le moi !

— Non ! Mais- Ah ! Lâche !

— Tu n'es pas ma mère !

— Mais c'est pour ton bien !

Arabella se maudissait d'avoir bêtement écris le nom de Sullivan dans ses contacts, sans se douter une seule seconde que sa meilleure amie irait jusqu'à lui voler son portable pour vérifier ce qu'elle y faisait. Dans un élan de colère, elle tira un grand coup, Gail tomba de son lit en lâchant sa prise et s'écrasa sur le plancher. « PAF ! » Silence. Arabella demeura une seconde stupéfaite, avant de s'accroupir près d'elle.

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