Dans les griffes de la jungle

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La cabine de pilotage était plongée dans le chaos : des voyants rouges et orange clignotaient dans tous les sens, des bips stridents résonnaient, remplissant l'espace d'une cacophonie angoissante. Le temps pressait. Il lui restait à peine plus d'une heure pour atteindre le site, mais maintenant, c'était sa propre survie qui s'imposait comme une priorité.

Un filet de sang chaud continuait de couler, chaque seconde lui rappelant que s'il ne stoppait pas l'hémorragie, tout serait fini bien avant. Le corps de Rose, étendu au sol, inerte et pâle, attirait par intermittence son regard, mais il l'ignora, serrant les dents pour se concentrer. Elle ne se relèverait pas, pas après ce qu'il avait vu. Pour lui, elle n'était plus qu'une silhouette immobile dans ce théâtre de survie. Il focalisa son esprit sur la seule chose qui comptait. Sa mission.

Il rassembla ses dernières forces, fouillant dans la cabine pour trouver un objet métallique. Son esprit militaire lui soufflait des méthodes brutes, improvisées, mais suffisamment efficaces pour l'empêcher de se vider de son sang. Le bip continu des alarmes en arrière-plan alimentait son urgence, lui rappelant que chaque seconde comptait.

Ses doigts se refermèrent sur une barre métallique d'un des équipements d'urgence. Il sortit son briquet de sa poche, l'allumant pour chauffer le métal jusqu'à ce qu'il devienne d'un rouge incandescent. Le temps semblait se contracter, chaque bip, chaque voyant lui rappelant la course contre la montre qu'il avait engagée. Il n'avait plus le choix.

Le métal rougeoyant à la main, il inspira profondément, serrant les dents, et appuya le métal brûlant contre la plaie. La douleur jaillit comme une explosion dans tout son corps, irradiante et implacable, brûlant chaque nerf, chaque fibre, comme un feu insensé. Son visage se crispa, les muscles de sa mâchoire tendus à en craquer, alors qu'il s'obligeait à maintenir la pression, chaque seconde un combat contre l'instinct de tout lâcher. Une odeur âcre et désespérante de chair brûlée envahit la cabine, se mêlant aux signaux d'alarme.

Il ne bougeait pas, rivé sur cette tâche insensée, fixant sa propre main tremblante appuyant le métal contre sa chair pour arrêter le saignement. Sa vision se brouillait, mais il savait qu'il ne pouvait pas faiblir. Encore une seconde. Encore une.

Il retira enfin l'objet, ses doigts tachés de sang, et laissa échapper un souffle rauque, sa poitrine se soulevant avec une lenteur douloureuse. La douleur continuait de résonner en lui, éclatante, mais il savait que l'essentiel était fait : l'hémorragie s'était arrêtée.

Se redressant péniblement, il jeta un coup d'œil aux voyants clignotants et aux bips incessants qui remplissaient la cabine de leur chaos frénétique. Il pouvait encore agir, encore tenter de guider l'avion vers un point d'impact qui laisserait une chance de survie. Ignorant la douleur lancinante qui lui traversait le corps, il agrippa les commandes, mobilisant chaque fragment de son entraînement pour tenter de contrôler la descente.

L'appareil avait perdu énormément d'altitude, et la jungle du Cambodge s'étendait à perte de vue en dessous d'eux, menaçante et pourtant étrangement salvatrice. Les frondaisons approchaient rapidement, chaque seconde une lutte désespérée pour freiner l'inévitable.

Ses mains crispées sur les commandes, il sentit la carlingue vibrer, le métal gémir sous la pression. Il tenta un dernier ajustement, insufflant tout ce qu'il lui restait de force pour amortir l'impact. L'avion heurta alors la cime des arbres, la végétation épaisse brisant la descente dans une série de chocs sourds et de fracas de branches déchiquetées, ralentissant l'appareil au prix de leur destruction. Puis le monde autour de lui devint noir, sa conscience le quittant dans un dernier souffle de lutte acharnée.

Love takes time [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant