Chapter 48

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Adrien

Je me laisse une nouvelle fois retomber sur le canapé. Jenny m'a soigné, mais la douleur est toujours là.

Jenny entre dans le salon, un plateau avec trois tasses de thé fumant entre les mains. Je lève les yeux vers elle, et je me force à sourire malgré la douleur. Elle essaie si fort de nous aider et même si je me sens coupable de lui imposer tout ça, je reste reconnaissant. Sans elle, je ne sais même pas où je serais maintenant. Probablement dehors, dans le froid.

Suzanne saute du canapé et s'exclame le sourire aux lèvres :

- Enfin !

- On dit quoi ? Lui dis-je en prenant le plateau.

- Merci Jenny, dis Suzanne en souriant, malgré la douleur.

- Mais je t'en prie, répond-t-elle.

Je tends la main pour attraper une tasse, mais avant que je ne puisse la prendre, Suzanne se précipite, ses petits doigts agrippants une tasse brûlante. Je m'apprête à la retenir, mais elle la serre fermement entre ses mains. Ses joues commencent à rougir avec la chaleur qui s'échappe de la tasse, et pendant un instant, je crains qu'elle ne se brûle.

- Fais attention, c'est chaud ... dis-je doucement, en essayant de lui prendre la tasse.

Mais Suzanne secoue la tête, ses doigts restent fermement enroulés autour du thé brûlant. Elle ferme les yeux et respire profondément, son visage se détend légèrement et c'est là que je réalise pourquoi.

Chez nous, le sous-sol était toujours glacial. Chaque fois que mère nous y enfermait, Suzanne tremblait recroqueviller sur elle-même, pendant des heures, frigorifiée. Moi aussi, mais je faisais tout pour la réchauffer, même si ça ne suffisait jamais. Le froid imprégnait tout. Alors maintenant, cette chaleur ... elle la réconforte. Elle lui rappelle qu'elle est enfin sortie de cet enfer glacé.

Je retiens un soupire, laissant Suzanne savourer ce moment. Jenny nous observe avec un air interrogateur. Je lui jette un regard, un peu gêné de devoir expliquer ça.

- Chez nous, le froid était constant. Le sous-sol où nous étions enfermées... était toujours glacé. Ma voix est basse, hésitante. Elle n'a jamais vraiment eu l'habitude de quelque chose d'aussi... chaud.

Le bouche de Jenny forme un « o », choquée. Je vois bien qu'elle ne savait pas que c'était à ce point. Elle doit se dire qu'elle aurait dû poser plus de questions, mais je n'ai jamais vraiment voulu en parler avant. Je ne veux pas en rajouter, par peur qu'elle ne se noie une nouvelle fois dans la culpabilité.

Suzanne fronce les sourcils en serrant encore plus la tasse.

Je me penche vers elle, effleurant doucement ses cheveux :

- Ça va aller, murmuré-je, même si je ne suis pas sûr de mes mots.

Jenny nous tend une couverture, brisant doucement le silence.

- Prenez ça pour ce soir.

Sa voix est douce, pleine de bienveillance, mais je peux sentir l'inquiétude.

Je prends la couverture et la place autour des épaules de Suzanne. Elle se blottit contre moi, la tasse toujours en main. Je jette un coup d'œil vers Jenny.

Elle est là, dans la pièce, ses yeux fixés sur nous. Elle ne dit rien, mais il y'a quelque chose dans la façon dont elle se tient, son regard attentif, presque inquiet. Je sens une vague de gratitude monter en moi, mêlée à autre chose... une émotion que je n'ai pas encore vraiment cernée.

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