Tous nos secrets

Chapter 50

Jenny

La nuit est tombée sur Upper West Side, étendant son manteau d'ombre sur la ville qui ne dort jamais. L'horloge affiche 20h12. Dans moins d'une heure, j'ai rendez-vous avec Monsieur Welchild et pourtant, chaque fibre de mon être me hurle de ne pas y aller.

Je suis assise sur le bord de mon lit fixant un sweat-shirt gris foncé posé à côté de moi.

J'hésite...

Une partie de moi aimerait enfiler la robe que j'ai porté au repas de famille, comme si soigner mon apparence pouvait me rendre plus crédible face à cet homme qui m'intimide déjà. Mais l'autre partie, celle qui se sent en danger, sait qui vaut mieux rester discrète.

Je finis pas opter pour un jean noir et un pull en laine, sobre mais correct. Rien qui attire l'attention, rien qui laisse penser que je vais à un dîner important.

Dans le miroir de mon armoire, je vois mon reflet : mes traits son tendus, mes yeux légèrements cernés et mes joues sont légèrement creuses... j'ai maigris depuis l'accident d'Héli...

Je fronce les sourcils en me rasseyant sur mon lit. J'ai trop réfléchi ces dernières heures, trop analysé chaque détail, chaque incohérence. Monsieur Welchild est censé être en garde à vue, alors comment peut-il dîner tranquillement avec moi ? Pourquoi se rendez-vous si tardif ? Pourquoi veut-il me voir pour la libération de Michel Welchild ?

Je passe une main dans mes cheveux, respirant profondément.

- Ne pas paniquer... Ne pas montrer que j'ai peur, me soufflé-je à moi-même.

Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne d'un coup et aperçois Adrien appuyé contre l'encadrement de la porte.

Il est pâle, encore affaibli. Ses cheveux en bataille lui donne un air plus vulnérable mais ce sont surtout ses yeux qui me perturbent.

Ils sont braqués sur moi, perçant, inquisiteurs.

- Tu vas où ?

Sa voix est rauque, comme s'il venait de se réveiller d'une sieste. Mon cœur rate un battement.

- Juste... dehors. Je vais prendre un peu l'air.

Je déteste toujours autant mentir, mais je déteste encore plus la façon dont il me fixe, comme s'il lisait en moi avec une facilité déconcertante.

- A cette heure-là ?

- Oui...

Il fronce légèrement les sourcils, puis s'appuie contre le mur, visiblement fatigué.

- Tu mens.

Je détourne le regard mal à l'aise.

- Pourquoi ça t'intéresse ? murmuré-je en attrapant mon sac.

Il me reste silencieux une seconde, puis pousse un léger soupir.

- Parce que je m'inquiète pour toi.

Mon cœur rate un nouveau battement, je relève les yeux vers lui assez surprise. 

- Tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi Adrien.

Il sourit faussement et dit :

- Bien sûr. Parce que toi, tu ne t'inquiète jamais pour les autres ?