Tous nos secrets

Chapiter 47

Adrien

Ce n'est pas poli de rentrer chez les gens comme ça, me dit Suzanne lorsque je cherche son étage.

-         Je sais, je sais mais je n'ai pas son numéro.

J'ai honte ça fais deux mois qu'on ne sait pas vu et j'arrive comme ça, chez elle, comme un touriste

Nous montons dans l'ascenseur et Suzanne me dit :

-         C'est Jenny qu'on va voir.

-         ...

Devant sa porte, je lève une main tremblante et frappe. Mon esprit est embrouillé, je me sens tellement lourd... Comment expliquer ce qu'il s'est passé ? Comment lui dire pourquoi on a dû fuir la maison, pourquoi on est là, devant sa porte, en plein milieu de la nuit ?

Jenny n'a aucune idée de ce qu'on traverse, et pourtant, c'est ici que j'ai choisi de venir, parce que je n'ai plus d'autre endroit où aller.

Quand je frappe à la porte, c'est à peine un coup, juste assez fort pour que Jenny l'entende. Quand elle ouvre, je suis déjà à bout.

Suzanne s'accroche à moi, ses petits yeux cernés de fatigue.  Jenny nous regarde sidérée :

-         Adrien ? Suzanne ? Mais ... Qu'est-ce que vous faites ici ?

Elle est sous le choc.

Je veux lui expliquer, lui dire pourquoi on est là, pourquoi on a fui, mais aucun son ne sort. Tout se mélange dans ma tête. La peur, la fatigue, tout. Je me sens complètement vide. Tout ce que je parviens à murmurer, c'est un faible :

-         Pardon ..., avant que mes jambes ne me lâchent.

Jenny comprend tout de suite qu'il se passe quelque chose de grave. Elle m'aide à entrer dans son appartement et Suzanne nous suit en silence, sa peluche serrée contre sa poitrine.

-         Viens t'assoir, dit Jenny doucement en me guidant vers le canapé.

Je m'effondre sur celui-ci, incapable de tenir debout une minute de plus. Mes bras sont nus, laissant apparaitre mes dizaines de cicatrices ainsi que mes bleus.

Je craque ...

Mes larmes coulent sans que je puisse les retenir une nouvelle fois.

Je ne voulais pas m'effondrer comme ça devant Jenny, ni devant Suzanne.

Mais c'est trop.

Je ne contrôle plus rien.

Même si Will m'a aidé, un cœur mort ne peut pas revivre.

-         Je suis désolé ... Pardon Jenny ... je suis tellement désolé, murmuré-je entre deux sanglots, la gorge nouée. Je n'aurais pas dû venir comme ça, je ne savais pas où aller ...

Je n'ose même pas la regarder dans les yeux.

Suzanne ne dit rien, mais je sais qu'elle me regarde. Je devrais être celui qui la protège, celui qui tient bon, mais là ... Je ne suis rien de tout cela.

Je suis juste un frère brisé.

-         Adrien, tu n'as pas à t'excuser, dit Jenny d'une voix douce mais ferme. Tu es ici maintenant. C'est tout ce qui compte. Je suis là maintenant.

Je secoue la tête, incapable d'accepter ses mots.

-         Je n'arrive plus à gérer ... j'ai essayé de tout faire pour que ça aille, mais là ... je ne peux plus. Je n'y arrive plus ... Je n'en peux plus.