Chapitre 10 : Les Cauchemars

2 1 0
                                    

Après leur pacte nocturne, les enfants rentrèrent chez eux, épuisés mais étrangement rassurés par la force du lien qui les unissait désormais.

Malgré leurs craintes et les défis qu'ils avaient affrontés, chacun se sentait plus fort, entouré de la promesse que rien ne pourrait les séparer.

En partant de la clairière, une lueur d'espoir brillait encore en eux, une lumière fragile mais persistante au cœur de la nuit. Cependant, dès que l'obscurité s'épaissit autour de leurs maisons, une force inconnue semblait les suivre, se glissant dans leurs chambres et envahissant leurs pensées.

Ce qui avait commencé comme un sentiment de réconfort se transforma en quelque chose de plus lourd, de menaçant, comme si un œil invisible les observait depuis les ombres, attendant le moment de s'introduire dans leurs rêves.

Luc fut le premier à succomber.

Il ouvrit les yeux et se trouva dans un endroit familier, sa maison, mais quelque chose clocha. Les murs semblaient étirés, comme si la pièce s'était soudainement allongée, déformée, ses dimensions faussées. Le silence est absolu, lourd, et chaque pas qu'il fit résonnait, amplifié de manière anormale, un écho profond et froid qui lui donna des frissons. Il appella doucement.

— Papa ? Maman ?

Rien. Pas de réponse, juste un vide angoissant. Il réitèra, un peu plus fort cette fois, et sa voix sembla dévorée par l'épaisseur des murs. Un sentiment d'urgence monta en lui, poussant son cœur à battre plus vite. Il se mit à marcher d'une pièce à l'autre, ouvrant des portes qui grincent dans l'obscurité. La lumière de la lune perçait à peine, créant des ombres sinistres qui rampaient, bougeant à la limite de sa vision, immobiles dès qu'il les fixa du regard.

Il monta l'escalier, chaque marche craquant sous son poids. À chaque nouvelle pièce, son angoisse grandissait.

— Maman ? dit-il d'une voix de plus en plus tremblante. Chloé ? Jay ?

Son esprit effrayé essaya de saisir un raisonnement rationnel, mais une peur aigre le prit de cours. Il entra dans le salon, où il aperçu enfin des silhouettes humaines dans l'obscurité. Soulagé, il poussa un soupir et avança vers elles.

— Les gars ! Où étiez-vous ? s'exclame-t-il, sa voix trahissant son soulagement.

Les figures immobiles dans le pénombre ne réagissaient pas.

Il s'approcha encore, réalisant qu'il s'agissait de ses amis, Chloé, Marc, Léa, et Jay, tous là, immobiles, debout en cercle. Mais leurs visages... quelque chose de louche et d'étrange l'inquiétait.

Il tenta de les appeler à nouveau, de capter leur attention, mais leurs visages restaient figés, sans expression, comme des masques blancs, sans yeux, sans bouche.

— Qu'est-ce que... murmura-t-il, incapable de détacher son regard de leurs visages vides.

Il tendit la main vers eux, espérant que l'illusion se dissipe, mais plus il s'approcha, plus ils semblaient s'éloigner, comme repoussés par une force invisible. Chaque tentative de les toucher était repoussée par ce vide, cet espace insondable et froid.

La maison s'étira, et les silhouettes de ses amis reculèrent encore, leurs visages s'effaçant dans l'obscurité, leur corps se fondant dans le néant.

Les ombres rampantes autour de lui s'épaississaient et s'approchaient lentement, comme attirées par son angoisse. Il entrevit leur présence, pesante et oppressante, comme si elles avaient une conscience, une intention. Une voix intérieure, froide et implacable, murmura alors à son esprit.

— Ils ne sont pas réels, Luc... Ils t'ont abandonnés.

— Non, c'est impossible, chuchota-t-il, refusant de croire ce que cette voix lui dit.

Les Rôdeurs de Minuit _ Partie 1 : Les Peurs EnfantinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant