Chapitre 3 : La Mine Hantée

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La journée était froide et grise, le ciel couvert de nuages bas qui semblaient étouffer la lumière du soleil. Luc, Chloé, Marc, Léa et Jay se retrouvèrent, silencieux et concentrés, devant l'entrée de la vieille mine abandonnée. Ses parois étaient rongées par la rouille et le temps, et des planches de bois en travers de l'entrée semblaient vouloir en interdire l'accès. Malgré les avertissements gravés dans la pierre, les enfants ressentaient une curieuse fascination pour ce lieu, comme si la mine elle-même les appelait.

Ils se tenaient là, immobiles, hésitant entre avancer ou rebrousser chemin. Finalement, Luc s'avança et brisa le silence.

— C'est ici qu'on a vu la silhouette, souffla-t-il, fixant l'obscurité qui semblait engloutir l'entrée de la mine. On est tous d'accord pour dire que c'était pas une hallucination, hein ?

Léa hocha la tête, frissonnant malgré elle.

— Je n'ai jamais rien vu d'aussi... oppressant. Et pourtant, on n'a rien vu clairement.

Jay, qui essayait de faire bonne figure, passa une main nerveuse dans ses cheveux.

— Ça nous a sûrement fait peur parce que c'est l'inconnu, lança-t-il, mais ses yeux trahissaient son manque de conviction.

Chloé jeta un coup d'œil aux planches de bois, puis aux regards de ses amis.

— On n'est pas obligés d'y entrer, vous savez, dit-elle, la voix tremblante. On pourrait juste observer de loin, ça devrait être suffisant, non ?

Mais Luc ne l'écoutait déjà plus. Poussé par le besoin de percer le mystère qui les enveloppait depuis qu'ils avaient découvert la légende des Rôdeurs, il posa sa main sur l'une des vieilles planches. Elle était froide, dure, et semblait vibrer sous ses doigts. Il prit une grande inspiration avant de regarder le groupe.

— Si on veut comprendre ce qui se passe vraiment ici, il faut qu'on entre, murmura-t-il. Pas forcément loin, juste... pour voir.

Les autres échangèrent des regards inquiets mais décidés. Un à un, ils acquiescèrent, et Luc se mit à tirer doucement sur les planches. Elles cédèrent dans un grincement sinistre, ouvrant un passage étroit vers l'obscurité de la mine.

Ils pénétrèrent prudemment dans la mine, une torche pour seule source de lumière, projetant des ombres étranges sur les parois de pierre. L'air était glacial, et une odeur d'humidité et de terre leur saisit les narines. Les murs de la mine, encore marqués des anciennes galeries creusées dans la roche, semblaient vibrer d'une vie propre, comme si les lieux respiraient en silence.

Au bout de quelques minutes de marche dans le tunnel étroit, un murmure parvint à leurs oreilles, à peine audible, comme un vent léger traversant la galerie. Chloé s'arrêta, tendant l'oreille.

— Vous entendez ? demanda-t-elle d'une voix tendue.

Luc se figea, écoutant attentivement. Le murmure était faible, mais réel. Il ressemblait à un chuchotement, des voix lointaines semblant émerger des profondeurs de la mine. La terreur leur serra la poitrine.

— C'est peut-être le vent... ou quelque chose qui résonne, essaya de rassurer Jay.

Mais, au fond de lui, il savait que ce n'était pas le vent. Le murmure semblait les entourer, se faufilant dans le tunnel avec eux, comme une ombre les suivant à distance.

Marc, toujours pragmatique, se tourna vers les autres avec un regard de défi.

— Si quelque chose de sinistre nous attend, autant le découvrir maintenant. On n'a pas fait tout ce chemin pour reculer, non ?

Ils hochèrent la tête, même si la peur grandissait en eux. S'approchant un peu plus, leurs pas résonnaient étrangement, étouffés par les parois irrégulières de la mine.

Alors qu'ils avançaient, les murmures se firent plus intenses. Parfois, ils semblaient presque former des mots, comme un appel. Léa serra la main de Chloé, sentant le froid se glisser dans ses os.

Soudain, au détour d'un couloir, la lumière de la torche de Luc révéla une silhouette dans l'ombre, à une dizaine de mètres devant eux. La forme semblait humaine, mais son contour était flou, comme si elle se fondait dans les ténèbres environnantes. Elle se tenait là, immobile, les observant de ses yeux invisibles.

Luc avala difficilement sa salive, ses mains tremblant légèrement alors qu'il tentait de garder la torche levée.

— C'est quoi... ça ? murmura-t-il.

La silhouette, silencieuse et sinistre, se mit soudain à avancer vers eux, glissant plus qu'elle ne marchait, les bras pendants et son visage toujours dissimulé. Un froid intense se répandit dans le couloir, les empêchant presque de respirer.

Chloé, prise de panique, tira Léa en arrière.

— On doit partir ! Maintenant ! cria-t-elle, brisant le silence.

L'instinct de survie prit le dessus. Les cinq amis se retournèrent et se mirent à courir, leurs pas résonnant dans la galerie. Les murmures les poursuivaient, se transformant en cris déformés par l'écho, et le froid semblait les suivre, s'accrochant à eux comme une ombre glaciale.

Ils coururent sans s'arrêter jusqu'à apercevoir la lumière de l'entrée de la mine. Une fois dehors, ils s'effondrèrent, haletants, le cœur battant à tout rompre. Chacun prit un moment pour reprendre son souffle, les yeux agrandis par l'horreur de ce qu'ils venaient de voir.

Luc se redressa, tremblant encore, et regarda la mine, toujours aussi sombre et silencieuse. La silhouette avait disparu, mais la peur restait gravée en lui.

— C'était quoi... ce truc ? demanda-t-il, la voix étranglée.

Jay, le visage pâle, secoua la tête.

— Peu importe ce que c'était, il vaut mieux qu'on n'y retourne jamais. On a vu assez.

Léa, encore sous le choc, jeta un dernier regard à l'entrée de la mine.

— On devrait prévenir quelqu'un, murmura-t-elle. Dire à nos parents ou aux autorités...

Mais Marc l'interrompit en secouant la tête.

— Personne ne nous croira, dit-il d'une voix tremblante. Ils penseront qu'on a imaginé tout ça... ou qu'on a trop d'imagination.

Le groupe acquiesça, conscient qu'ils étaient seuls dans cette histoire, seuls avec leur peur et leur pacte.

Les Rôdeurs de Minuit _ Partie 1 : Les Peurs EnfantinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant