Les Rôdeurs de Minuit _ Partie 1 : Les Peurs Enfantines

Chapitre 6 : Les Jeux Interdits - 2eme Défi : Les Rumeurs de la Mine

Pour le deuxième défi, Chloé choisit de les emmener près de la vieille mine abandonnée, là où tout avait commencé.

Ce défi exigeait de s'approcher de l'entrée, de poser la main sur la grille rouillée, et de murmurer un secret.

Le défi de la mine abandonnée représentait une épreuve psychologique. Les souvenirs lugubres de cet endroit, associés aux récits de disparitions et d'accidents mystérieux qui entouraient l'histoire, avaient transformé la mine en un lieu mythique de peur et de fascination pour les jeunes du village. La mine n'était plus qu'un vestige de bois et de métal rouillé, avec une grille en fer forgé qui bloquait son entrée. Cette grille émanait quelque chose de sombre, une présence presque tangible qui semblait surveiller les alentours.

Les cinq amis étaient rassemblés près de l'entrée, frissonnant devant l'obscurité béante de la mine, qui semblaient se perdre dans les entrailles de la terre. Chloé leur expose les règles du défi d'une voix solennelle : chacun devait poser sa main sur la grille, murmurer un secret qu'ils n'avaient jamais confié à personne, puis se retirer sans se retourner, comme pour éviter de capter le regard d'une présence invisible qui les écouterait.

Marc fut le premier à accepter le défi, son visage impassible dissimulant un mélange d'angoisse et de résignation. Pourtant, une hésitation passa dans son regard lorsqu'il s'approche de la grille, mais il continue d'avancer, déterminé.

Le métal glacé contre sa paume le fit frissonner, et un malaise étrange s'installa en lui, comme si la mine elle-même cherchait à sonder ses pensées. Une vague d'émotions refoulées le submergea, et il ferme les yeux un instant, pris d'une peur inattendue. Pourtant, il murmura son secret d'une voix à peine audible, presque étouffée par l'atmosphère lourde et oppressante de l'endroit :

— Parfois, j'ai l'impression... de ne pas être à ma place, chuchota-t-il.

À cet instant, une étrange vibration parcourut la grille sous sa main. Un bourdonnement sourd, qui semblait provenir des profondeurs de la mine, envahit l'air. Marc retira sa main d'un geste brusque, reculant d'un pas, et son visage s'était légèrement pâli.

— Je... j'ai l'impression qu'elle m'a entendu, murmura-t-il, jetant un regard craintif vers l'entrée sombre.

Les autres l'observèrent en silence, ressentant eux aussi cette atmosphère étrange, comme si les pierres de la mine avaient en effet capturé son secret et qu'elles le gardaient précieusement, prêtes à en dévoiler l'essence si nécessaire.

Chloé, qui avait lancé le défi, se sentait obligée de montrer l'exemple après Marc. Elle s'avança avec assurance, bien qu'un léger frémissement dans ses mains trahissait une appréhension qu'elle tentait de masquer.

Elle pose la main sur la grille, inspirant profondément pour calmer ses nerfs. La sensation du métal froid s'infiltra en elle comme une vague glaciale, éveillant des souvenirs d'enfance, des peurs qu'elle n'avait jamais osé partager.

Elle murmura à la mine un secret qu'elle avait longtemps gardé enfoui au plus profond d'elle-même :

— J'ai peur... de finir seule, avoua-t-elle dans un souffle.

À ce moment, un étrange brise s'engouffra dans le tunnel de la mine, venant jouer avec ses cheveux, comme si la mine répondait à son secret. Une bouffée d'air glacé ressemblant à la repousser, l'incitant à lâcher la grille. Elle recula, troublée, comme si la mine venait de l'entendre et de la comprendre d'une manière presque dérangeante.

Vint ensuite le tour de Léa, dont les yeux s'étaient associés sous l'effet des confidences de ses amis. Elle hésite longuement, regardant tour à tour la mine et ses compagnons, avant de se décider. Elle posa une main tremblante sur la grille, et une sensation de froid intense parcourut sa colonne vertébrale, l'obligeant à serrer les dents pour ne pas reculer.

Elle hésite, puis laissa échapper son secret dans un murmure presque inaudible, précisant aux ombres silencieuses de la mine :

— Je regrette... d'avoir blessé quelqu'un, chuchota-t-elle.

L'aveu flottait dans l'air, comme une confession lourde et douloureuse. Léa sentit une pression invisible, comme si la mine elle-même cherchait à fouiller dans son esprit, à lui arracher des détails. Elle retira brusquement sa main, comme si elle avait été brûlée, et recula en silence, ses yeux légèrement humides.

Les autres la regardèrent sans un mot, devinant que son secret était plus profond et plus sombre qu'elle ne l'avait laissé entendre.

Jay, qui, malgré son air bravache, hésite longuement avant de poser sa main sur la grille rouillée. La sensation de froid intense qui émanait de la mine semblait s'infiltrer dans ses os, éveillant en lui des souvenirs confus, des peurs refoulées.

Il ferma les yeux et murmura son secret avec une voix empreinte de regret :

— J'aurais aimé être quelqu'un d'autre... parfois, souffla-t-il.

Dès qu'il eut prononcé ces mots, une étrange résonance sembla s'emparer de la mine, amplifiant son aveu comme un écho lointain et distordu.

Jay recula précipitamment, sentant un poids invisible se poser sur ses épaules, comme si la mine avait absorbé ses regrets et les conservait en mémoire.

Luc fut le dernier à s'approcher de la grille, observant chacun de ses amis en silence. Il sentait le poids des confessions précédentes et une pression croissante en lui. Tout au long du défi, il avait été d'un calme étrange, presque absent. Mais maintenant qu'il s'avançait, son visage trahissait une certaine tension.

Il posa sa main sur le métal froid, frémissant sous l'effet d'un courant glacé qui semblait émaner directement des entrailles de la mine. Contrairement aux autres, Luc sentit un poids écrasant dès qu'il toucha la grille, comme si la mine le reconnaissait d'une manière particulière et qu'elle attendait quelque chose de lui.

Lentement, Luc ferma les yeux, se laissant envahir par un souvenir qu'il avait longtemps enfoui. Lorsqu'il parla, sa voix était à peine un murmure, mais elle résonnait dans le silence, chaque mot s'imprégnant dans l'air épais autour d'eux.

— Parfois, j'ai peur de devenir comme lui... comme mon père, avoua-t-il, la voix tremblante.

Ce secret, pourtant simple, semblait porteur d'un poids que les autres ne comprenaient pas tout à fait. La mine semblait vibrer en réponse, comme si elle absorbait cette peur, la rendant tangible et plus oppressante encore. À cet instant, un souffle glacial passé autour de Luc, serrant les feuilles mortes et faisant frissonner ses amis. Il retira sa main d'un geste brusque, comme si le métal l'avait brûlé, et recula.

Le groupe le regardait avec une attention troublée, remarquant l'expression tendue sur son visage. Bien que Luc ne partagea rien de plus, tous comprenaient que son secret n'était pas qu'une simple crainte enfantine, mais quelque chose de plus profond, enraciné dans son histoire familiale.

Ils échangèrent un regard, conscients que chacun d'eux avait confié une part intime de soi à cet endroit maudit. Un silence s'installa alors que tous se tenaient là, unis dans le partage de leurs peurs, comme si, à cet instant, ils avaient scellé quelque chose de plus fort qu'une simple amitié : un pacte silencieux, fait de secrets et de terreurs.

Les cinq amis s'éloignèrent de la mine, chacun marqué par son expérience. L'atmosphère était lourde et tendue, et aucun d'eux ne contenait les mots pour briser le silence oppressant. Ils savaient, au fond d'eux-mêmes, que quelque chose d'invisible et d'ancestral les avait écoutés, conservant leurs secrets au cœur de la mine comme autant de reliques sacrées.

Au loin, les ombres de la forêt et de la mine semblaient se mouvoir, enveloppant leurs confessions dans un silence pesant, comme si elles s'étaient elles aussi nourries de leurs peurs et de leurs secrets.

Ce défi n'était pas simplement un jeu d'enfants : il avait réveillé des émotions profondes, des parties d'eux-mêmes qu'ils avaient longtemps tenté de dissimuler, même à eux-mêmes. Et désormais, ces pièces étaient gravées dans la pierre et le métal de la mine, imprégnées de l'essence de leurs confessions.