La liste des baisers

Chapitre 54

Peg de Peyton 

*Des semaines plus tard 

Quelques semaines s'étaient écoulées depuis ma réconciliation avec Tyler. Tout semblait à nouveau à sa place, comme si les blessures du passé avaient été effacées, ou du moins recouvertes d'un léger voile de poussière. Mais aujourd'hui, ce n'était pas le moment de penser à ça. Aujourd'hui, je devais aller chercher ma robe pour le bal de promo avec Lina et Hannah, mes deux meilleures amies, les filles qui avaient toujours été là pour moi, même dans les moments les plus chaotiques.

Les boutiques s'enchaînaient, les robes défilaient, mais rien ne semblait me convaincre. Lina et Hannah avaient déjà trouvé leur bonheur. . Quant à moi, je me sentais un peu perdue, indécise, ne trouvant rien qui me fasse sentir aussi bien que mes amies semblaient être dans leurs tenues.

C'est alors que nous sommes arrivées dans une petite boutique, l'éclairage tamisé et l'atmosphère feutrée créant une ambiance intime. Je me suis dirigée vers une étagère au fond, un peu à l'écart, et là, je l'ai vue . Je l'ai enfilée et je suis sortie des cabines d'essayage, mes pieds effleurant à peine le sol. Le regard des filles s'est illuminé.

"Waouh, Peyton, tu es magnifique ! C'est *la* robe !" s'est exclamée Lina, les yeux écarquillés. 

Hannah a hoché la tête, les larmes déjà prêtes à perler au coin de ses yeux. "C'est exactement toi."

Je les ai regardées, un sourire timide aux lèvres. Finalement, après plusieurs heures de recherches et de doutes, je me sentais prête. La robe, toute simple mais pourtant parfaite, semblait incarner tout ce que j'avais traversé, tout ce que j'avais appris à être. 

Une fois les robes choisies, nous avons pris le chemin du retour, les bras chargés de sacs et de sourires. Mais en entrant dans ma chambre, une atmosphère plus lourde est soudainement tombée sur nous. Comme une ombre qui s'était immiscée sans qu'on l'ait vue arriver.

Hannah, après quelques instants de silence, a brisé la tranquillité en lâchant, sans prévenir : "Donc, comme personne n'a gagné le défi... ça veut dire que tu vas devoir partir dans l'autre école."

Un frisson m'a traversé. C'était un sujet dont nous n'avions pas encore vraiment parlé. Le défi... Le fameux défi qui avait tout changé, et surtout, qui m'avait menée à cette décision. J'avais promis à Trish  de partir dans cette école, et il semblait que l'heure était venue d'y faire face.

Avec une pointe d'ironie, je lâchai : "Au moins, le orange me va bien...", en référence à la couleur de l'uniforme de l'école où j'étais censée aller. Le ton léger était une tentative de masquer la douleur qui montait en moi. Mais à l'instant même où les mots quittèrent mes lèvres, une lourde vague de tristesse nous envahit toutes.

Les larmes ont coulé, doucement, silencieusement, comme un dernier adieu qu'on ne savait pas dire autrement. Nous nous sommes serrées les unes contre les autres, nos bras enlacés comme si nous voulions nous imprimer dans la peau de l'autre, nous promettre de ne jamais oublier. 

"Merci... merci de m'avoir accueillie, de m'avoir suivie dans mes plans les plus fous, de m'avoir montrée ce que c'était que d'être vraiment amie." Je sanglotais, mais chaque mot était sincère, chaque phrase un petit hommage à ce que nous étions ensemble.

La pièce était embaumée de tristesse, mais aussi de reconnaissance, de l'amour que l'on ne pouvait exprimer autrement qu'en pleurant ensemble. Il y avait quelque chose de pur et de puissant dans ce moment, quelque chose qui allait au-delà des mots et des promesses. 

Finalement, c'est dans les bras des autres que nous nous sommes endormies, épuisées de pleurer, mais apaisées, comme si cet instant suspendu dans le temps allait nous relier à jamais, au-delà des adieux à venir.

Le bal de promo n'était plus qu'à deux jours. Mais pour nous, ce moment, cette soirée passée dans la chaleur de notre amitié, c'était le vrai cadeau. Et peut-être que l'école, la distance, tout cela n'était finalement qu'un détail insignifiant.